La carte du Roi

Dans la tradition française, on se servait d’une carte de jeu pour inscrire une adresse ou un message. Sous le règne de Louis XIV, la carte de visite proprement dite a commencé à se répandre, avec l’essor de l’imprimerie. Dans la cour du Roi Soleil, le porteur était annoncé solennellement. La carte du Roi est un peu le lien qui symbolise le passage du ludique au cérémonial dans la prestation sociale.

Fonction professionnelle

Richement décorée, elle cesse d’être monochrome en 1780, passant au bistre et brun orangé. Hors des milieux de l’aristocratie et de la haute bourgeoisie, la carte de visite est en usage chez les artisans et les marchands. Un des plus anciens modèles connus, appartenant au chapelier parisien George Marceau, date de 1622.

A la même époque, la Trade Card anglaise était plutôt destinée à pallier la lenteur de la presse comme outil de communication, avant l’apparition des annonces de journaux. En somme, c’est un peu l’ancêtre du prospectus publicitaire, le flyer d’aujourd’hui.

Téléphone et étiquette

A partir du milieu du XVIII° siècle, la carte de visite devient un outil de codification des rapports sociaux dans les grandes familles. Par exemple, lorsqu’ils délivraient eux-mêmes le précieux carton, les hommes en cornaient le bord.

Avec l’apparition du téléphone, l’étiquette ne fera qu’accentuer cette fonction d’introduction de la carte de visite. Honneur oblige, il était d’usage qu’un homme entre en possession des cartes de toutes les dames de la maison avant de recourir au téléphone. Mais que de protocoles étriqués et de chemin parcouru depuis cette époque !

De nos jours rien de plus simple que de parcourir Internet pour personnaliser ses cartes de visite : Flyeralarm, Vistaprint ou encore Moo, ce ne sont pas les fournisseurs qui manquent.

Rationalisation et Business card

Au fur et à mesure qu’elle se répand, la carte de visite se simplifie et gagne en lisibilité. Cette rationalisation croissante conduira à distinguer les cartes privées de celles destinées à un usage professionnel. Aux Etats Unis, la Visit card est d’abord confinée aux milieux bourgeois tandis que la Business card se répand dans les corps de métiers, chez les commerçants et même les créanciers.

Comme moyen de communication professionnel, la carte de visite identifie le statut ou la fonction de son porteur, mais aussi l’institution ou l’entreprise qu’il représente. La charte graphique, constituée du logo, évoque la tradition des armoiries dont elle s’inspire, comme une préfiguration du rôle que l’image va jouer de plus en plus.

Soignée, créative, personnalisée et redoutablement performante, la carte de visite doit renseigner au maximum tout en étant efficace. Elle représente en somme l’image de son détenteur et elle peut même constituer une astuce inédite pour trouver un job !