Le prix du livre RH 2014

Le Prix du livre RH récompense depuis 2000 un ouvrage qui traite des ressources humaines et du monde de l’entreprise. Syntec conseil en recrutement, Sciences-Po et le journal Le Monde, en partenariat avec cadreo, l’organisent. La cérémonie du prix du livre RH s’est déroulée dans les locaux du Monde le 30 septembre dernier. Les trois compétiteurs finalistes parmi les 78 sélectionnés étaient : “Global Burn-out” de Pascal Chabot, “L’adieu au chômage” par le collectif Regards croisés sur l’économie, et “Le travail invisible” de Pierre-Yves-Gomez.

La disparition du travail

Cette année, le jury a choisi “Le travail invisible” de Pierre-Yves Gomez, professeur à l’EM Lyon Business School, et spécialiste des questions de gouvernance d’entreprise. Une enquête traitée comme un thriller sur la disparition du travail. L’auteur analyse et démontre le phénomène contemporain selon lequel la finance, a priori un outil au service du travail, devient une fin en soi, et s’accompagne peu à peu de la disparition progressive du travail sous sa forme réelle. Analysant les origines de la financiarisation de l’entreprise et avançant des pistes pour en sortir, l’auteur propose aux acteurs de l’entreprise de se rapprocher du travail réel de plus en plus occulté derrière derrière les écrans et les chiffres.

 Le travail visible de Pierre-Yves Gomez

54 ans, économiste et docteur en gestion, professeur à l’École de Management de Lyon (EM Lyon) enseigne la stratégie et la gouvernance d’entreprise. Professeur invité puis chercheur associé à la London Business School, il dirige l’Institut Français de Gouvernement des Entreprises (IFGE), centre de recherche et laboratoire social – think-tank – sur la gouvernance d’entreprise et préside la Société Française de Management. Ses productions académiques s’articulent autour 4 pôles :  les fondements idéologiques et théoriques du management, la gouvernance d’entreprise, la théorie des croyances en économie dite théorie des conventions, et les liens entre travail, gouvernance et politique.

Enquête sur une disparition

Pierre-Yves Gomez analyse la financiarisation de l’économie qui engendre une économique et morale du travail et une société de rente généralisée. Cette financiarisation repose sur le travail de millions de personnes qui devient “invisible” occulté par l’abstraction des ratios financiers. Les épargnants-prolétaires trouvent un intérêt dans les marchés financiers qui les financent et les rendent dépendants du système, phénomène qualifié par l’auteur de “Cauchemar de Marx”. A l’origine de la financiarisation : deux lois votées aux États-Unis, sous Gerald Ford, entre 1974 et 1976. L’une décrète l’indépendance des fonds de pension, l’autre libéralise les marchés financiers avec la suppression des commissions fixes.

Le danger de la financiarisation

Ce nouveau modèle engendre une manne financière pour les grandes entreprises de plus en plus gérées par des fonds de pension. L’auteur analyse la course aux innovations n’ont même plus le temps d’être rentabilisées. Les logiques d’abstraction et de vitesse de la finance s’imposent. Le pouvoir financier dicte sa loi. Pour l’auteur la finance ne s’oppose pas à l’économie réelle, mais la dirige. Si elle est nécessaire, la financiarisation est dangereuse. Depuis 1975, la valeur ajoutée se tourne vers la rémunération du capital, créant une fracture sociale entre les puissants de la finance et les autres. Le profit, mesure de tout, considéré comme la “réalité” cache le travail réel…
“Le travail invisible, enquête sur une disparition” de Pierre-Yves Gomez, Editions François Bourin, 264 pages, 22 euros. Pour approfondir découvrez son blog  http://pierre-yves-gomez.blog.em-lyon.com/