6 dimensions managériales
analysées pour un modèle

Antoine Colboc, partner en charge de la practice digital et innovation chez Boyden France, a analysé une cinquantaine de profils de ces CEO selon six dimensions managériales : la pédagogie, le jeu collectif, l’agilité, l’intuition, la communication et l’ambition. Il en a tiré un modèle, à suivre, que vous soyez dirigeant d’une PME, d’un grand groupe ou d’une start-up ! Le voici.

Des leaders nés « récidivistes »

Pas besoin d’être fils d’entrepreneur pour créer son affaire. Les fondateurs de start-ups sont d’origines sociales très diverses. En revanche, Antoine Colboc est catégorique : « Ce sont des leaders nés. Déjà à l’école, ils prenaient les choses en main, ils étaient à la tête d’associations, etc. ». De sexe masculin en général (seulement 6 femmes parmi les 58 personnes interrogées), leur moyenne d’âge est de 43 ans. Enfin, un startuper qui réussit a, dans la majorité des cas, déjà entrepris. C’est ce que M. Colboc a appelé un « récidiviste ».

Eric de la Bonnardiere crédit hec.fr
Eric de la Bonnardiere crédit hec.fr

Ils fonctionnent
à l’intuition avant tout 

80 % des fondateurs de start-ups interrogés ont pris des décisions en écoutant leur seule intuition. Et c’est encore elle qui les porte, après plusieurs années de croissance. « C’est le critère numéro 1 lorsque l’on recrute », confirme Eric La Bonnardière, CEO d’Evaneos, agence de voyage sur mesure, qui a levé un peu plus de 23 millions d’euros depuis 2011.
Mais c’est aussi l’ambition qui les guide. L’auteur de l’étude est formel : « Ils en ont tous énormément. Ils veulent être numéro 1 ». Trois types d’ambition se distinguent : l’ambition personnelle qui équivaut à se faire plaisir en créant une aventure collective, l’ambition d’entreprise : devenir le leader mondial dans son secteur et l’ambition pécuniaire : rendre aux investisseurs un juste retour de la confiance qui leur a été accordée au départ pour avoir ensuite la liberté de s’exprimer.

Ils agissent
avec une extrême agilité

Néanmoins, l’intuition et l’ambition ne suffisent pas à caractériser l’entrepreneur de start-ups à succès. Les hommes et femmes à la tête de La Fourchette, Digischool ou encore Leetchi font aussi preuve d’une extrême agilité. « Il faut savoir changer de métier tous les ans, témoigne le co-fondateur d’Evaneos. La première année, j’étais un créatif, ensuite j’ai joué les couteaux suisses et aujourd’hui j’apprends à manager ». La croissance des start-ups est telle qu’elle nécessite une grande flexibilité. « Dans les start-ups, on regarde droit devant soi, on a droit à l’erreur et aussi de changer d’avis. Il faut se décider rapidement », résume Colboc.

Marion Carrette, CEO de Ouicar, crédit grazia.fr
Marion Carrette, CEO de Ouicar, crédit grazia.fr

Ils jouent collectif

Et face à l’augmentation rapide de la demande et du chiffre d’affaires, il est nécessaire de mettre son ego de côté pour recruter des profils complémentaires, voire plus qualifiés que soi. En somme, il faut la jouer « collectif ». C’est ce qu’a fait Marion Carrette, CEO de Ouicar, site de location de voiture entre particuliers, qui a levé 28 millions d’euros auprès de la SNCF en 2015. Elle se satisfait d’avoir embauché un Directeur Général, bien plus compétent qu’elle (selon ses propres mots) pour se déployer à l’international. « Il faut accepter de rompre avec la famille intime du début et recruter des managers pros », constate l’auteur de l’étude.

Ils communiquent en permanence

De même, quand l’entreprise connaît une forte croissance, il est nécessaire de soigner sa communication pour rassembler et embarquer les équipes (parfois dans des turbulences), construire la confiance et créer une bonne ambiance ; enfin, convaincre, mobiliser et innover ensemble. La capacité à trouver les mots justes, à simplifier son discours est alors primordiale. Et c’est encore une qualité des startupers à succès. Ces derniers ont tous en commun d’avoir su convaincre des investisseurs en se montrant pédagogues. « Cette forte capacité à faire preuve de pédagogie leur a permis d’emmener leurs interlocuteurs dans un monde qui n’existait pas toujours », explique Colboc.
Selon lui, la formule gagnante se résume ainsi : « avoir le sens de l’urgence permanent, l’instinct de survie, l’énergie et la résistance, avancer sans se retourner et faire appel à l’intelligence collective ».  On ne saurait trop vous conseiller de vous en inspirer.