Après avoir été DRH au sein du groupe pétrolier américain Schlumberger, puis de l’équipementier automobile français Faurecia, Yann-Etienne Le Gall est devenu en 2005, à l’âge de 38 ans, DRH du groupe Yves Rocher, un poste qu’il occupe toujours. Ayant reçu le prix DRH 2014 organisé par le cabinet de recrutement Hudson, le Figaro, BFM et Cadremploi, il explique, dans cette interview exclusive, sa fierté d’avoir accompagné le groupe de cosmétique familial dans ses transformations (internationalisation, digitalisation, etc.) et défend la fonction du DRH, qui doit être, selon lui, un véritable acteur de la vision stratégique de l’entreprise.

De quoi êtes-vous le plus fier d’avoir accompli en tant que DRH du groupe Yves Rocher ?

Ma plus grande fierté est d’avoir accompagné toutes les transformations de l’entreprise au cours de ces dernières années. Il y a eu tout d’abord une internationalisation du groupe Yves Rocher. Celui-ci compte aujourd’hui 16 000 personnes dans le monde, dont 7 000 en France avec un signe qui ne trompe pas : auparavant toutes les réunions majeures se faisaient en français, maintenant tout est en anglais. Le profil des cadres recrutés n’est plus le même : nous avons de plus en plus de binationaux et d’étrangers et nous voulons multiplier la mobilité. Il reste encore à faire pour développer notre internationalisation vers l’Amérique latine et l’Asie où nous ne sommes pas assez présents car encore trop centrés sur l’Europe de l’Ouest.

La digitalisation avec la mise en place d’une organisation dédiée a aussi été une transformation importante du groupe : celui est passé dans les huit dernières années d’un groupe majoritairement vpciste (vente par correspondance) à l’e-commerce par internet et au retail. Enfin, au niveau du business model, le groupe Yves Rocher a su se réinventer en puisant dans ses racines avec de nouvelles gammes de produits cosmétiques et en développant le côté intégré récoltant-fabricant-distributeur. La cosmétique reste notre cœur de métier même si nous continuons à développer d’autres marques phares de notre groupe comme Petit Bateau, acquise en 1988.

Quelles sont vos convictions de DRH ?

Je crois profondément à la fonction RH, qui soit une force de persuasion au plus niveau auprès du PDG et/ou au sein d’un Comex pour éviter les décisions à court terme en matière d’effectifs, de rémunérations, ou encore concernant les problématiques sociales. Il faut savoir mettre en avant le respect de l’écosystème de l’entreprise et ses valeurs. J’ai pu apporter à Yves Rocher mon expérience des process RH à l’international. De plus, il n’existe pas de gap générationnel trop important avec mon PDG, Bris Rocher, petit-fils du fondateur âgé de 35 ans, qui a pris les rênes du groupe en 2010 après le décès de son grand-père.

Est-il important que Yves Rocher soit un groupe familial ?

C’est une valeur essentielle de notre groupe qui, je tiens à le souligner, est vraiment familial : son capital est détenu à 97% par la famille Rocher, ce qui permet de mettre en place des stratégies à long terme. Bris Rocher n’hésite pas à affirmer qu’il sera toujours là dans 50 ans et cela donne à nos salariés une grande confiance dans l’avenir.

(Propos recueillis par Sophie Lhameen)