Architecture en réseau et transfert par bloc

De manière synthétique, une blockchain peut être représentée par une immense base de données dont l’architecture est en réseau décentralisé et non hébergé sur un serveur unique. Dans cette base, les transactions entre utilisateurs sont regroupées par blocs, validés les uns après les autres, bloc par bloc, par ce que l’on appelle des « nœuds de réseau », dont la technologie, complexe, varie selon la blockchain. Chaque bloc est conservé dans un historique infalsifiable qui constitue la blockchain.
En bref, avec la blockchain, les informations sont distribuées entre les utilisateurs, chacun possédant un exemplaire de la base de données, mis à jour en temps réel sur son propre ordinateur. C’est à l’étape de la validation par nœud de réseau que le bloc d’informations devient « gravé dans le marbre » sur tous les exemplaires de chaque utilisateur de la blockchain. En parallèle, comme l’information n’est pas hébergée sur un serveur unique, mais distribuée à l’ensemble de la communauté, elle devient impossible à pirater.

La confiance provient de la collaboration à grande échelle

Pour aider à la compréhension, le mathématicien Jean-Paul Delahaye décrit une blockchain comme « un grand cahier (un peu comme un livre de comptes) que tout le monde peut lire librement et gratuitement, sur lequel tout le monde peut écrire, mais qui est impossible à effacer et indestructible. »
De son côté, Donald Tapscott, coauteur de l’ouvrage « Blockchain – How the technology behind bitcoin is changing money, business and the world » explique : « il s’agit d’une immense base de données, hébergée sur des millions d’appareils à la fois et ouverte à n’importe qui. (…) La confiance est établie non par des intermédiaires puissants, comme les banques, les gouvernements ou les entreprises des nouvelles technologies, mais par la collaboration à grande échelle et l’usage d’un code intelligent. (…) La Blockchain établit intégrité et confiance entre étrangers. Elle rend la triche très difficile. » Il existe ainsi des blockchains publiques, c’est-à-dire ouvertes à tous, comme la fameuse blockchain bitcoin, mais aussi des blockchain privées, réduites à un nombre limité d’utilisateurs.

De la blockchain à l’exécution de « smart contrats »

Dans ce contexte, un système de blockchain intégré à un programme informatique crée un environnement idyllique pour le transfert numérique d’informations, mais surtout d’argent ou, de manière plus générale, de valeurs. Une blockchain permet le stockage sécurisé d’œuvres numérisées, par exemple, mais aussi de contrats, de titres… Des votes pourraient être collectés et stockés sur une base de données en blockchain. En entreprise, vous vous en doutez, ce type de système a toute sa place et ouvre des perspectives nouvelles, notamment concernant ce que l’on appelle les « smart contrats » (des « contrats intelligents », en anglais). Les smart contrats désignent des contrats dont l’exécution est automatique. D’après l’informaticien Nick Szabo, ces programmes visent à « satisfaire les conditions contractuelles [ente un client et un prestataire de service] : paiement, liens, confidentialité, fourniture du service demandé, à minimiser les écarts, intentionnels ou accidentels, ainsi que le besoin d’intermédiaires de confiance. » Avec un smart contrat, le client paye directement son prestataire, en un seul clic ou automatiquement après la contractualisation de leur rapport, de manière totalement sécurisée, sans passer par une plateforme bancaire ni aucun autre intermédiaire.

Axa et le Crédit Agricole misent sur la blockchain

Par exemple, Axa propose un smart contrat, un système d’indemnisation en cas de retard de vol pour les avions, un programme créé en partenariat avec la startup Fizzy,  entièrement automatisé et basé sur la blockchain. Il analyse les retards de manière autonome et déclenche automatiquement le processus de remboursement aux bénéficiaires concernés. Le transfert des informations et des fonds est entièrement sécurisé et crypté par la blockchain, aucun contrôle humain ou bancaire n’étant nécessaire à un moment ou à un autre de la chaîne d’analyse puis de remboursement.
Dans le même esprit, le Crédit Agricole a annoncé le développement d’un programme destiné à faciliter le transfert des fonds pour les transfrontaliers, notamment pour le versement des salaires (la banque mentionne le transfert en francs suisses sur un compte bancaire en euro), des transactions qui mettent actuellement 3 jours. Avec la nouvelle technologie basée sur la blockchain, baptisée Ripple, les transferts entièrement cryptées et automatisées d’un pays à l’autre prendront seulement quelques minutes.

La blockchain pour authentifier diplômes… et CV 

Si vous comptez enjoliver votre CV d’expériences et de formations fantasmées, dépêchez-vous d’en profiter ! Le Wall Street Journal a récemment publié un article affirmant que la technologie blockchain devrait être utilisée dans les services des ressources humaines pour authentifier les diplômes et même les CV ! Dans le même contexte, le MIT (Massachussetts Institute of Technology) a récemment édité ses premiers diplômes digitaux via la blockchain.

Une reconnaissance légale de la blockchain depuis 2017

En France, une ordonnance d’d’avril 2017 a pour la première fois mentionné la blockchain comme processus légal de transfert de fonds, transcrite dans l’article L223-12 du Code monétaire et financier avec sa définition de la blockchain comme : « un dispositif d’enregistrement électronique partagé, permettant l’authentification d’opérations sur titres spécifiques, destinées à être échangés sur les plateformes de financement participatif : les minibons. » Cette reconnaissance légale ouvre la porte aux startups de la finance (les FinTech), qui ont désormais carte blanche pour proposer de nouvelles solutions, toujours plus sécurisées et plus rapide en matière de transfert, de paiement et de nantissement numérique. De son côté l’Union européenne a créé un observatoire de la blockchain pour uniformiser les solutions basées sur la blockchain auprès de tous les citoyens de l’UE.