Le festival Lumière du 10 au 18 octobre célèbre le centenaire de Michel Audiard en 20 longs-métrages, une manifestation en l’honneur du dialoguiste avec la participation de Jacques et Stéphane Audiard, son fils et son petit fils. L’occasion de rappeler ce qu’est Michel Audiard, un monument, une cathédrale, la gouaille du peuple parisien, des mots qui percutent, irrévérents, toujours truculents et profondément vrais. Ces dialogues provoquent le rire, chatouillent le bonheur et provoquent une tempête de neurones. L’homme avait du bagout, un style, de la culture. Celui qui déclarait en riant « Vivant, je veux bien être modeste, mais mort, il me parait naturel qu’on reconnaisse mon génie… » devient un coach post mortem. Le management selon Michel Audiard, le dialoguiste n°1 du cinéma français.

Guillaume Déderen, un administrateur du rire et de l’humour

Guillaume Déderen, énarque, sous-préfet, maître des requêtes en service extraordinaire au Conseil d’Etat, est très loin de Michel Audiard. Pourtant derrière l’image cliché du serviteur de l’Etat sommeille un homme tel qu’Audiard les aimait, nature, spontané, un administrateur en service extraordinaire de l’humour et du rire.

Il est tombé dans Audiard très tôt. Né en 1969, juste entre « Faut pas prendre les enfants du bon Dieu pour des canards sauvages » et « Elle boit pas, elle fume pas, elle drague pas, mais… elle cause », il se passionne pour l’œuvre dialoguée de Michel Audiard, pour lui « une mine inépuisable d’aphorismes sur les replis excentriques de la nature humaine ».

Nous l’avons rencontré dans un bar parisien où ont fusé comme dans tant d’autres les dialogues de comptoir, aussi truculents que « Quand on mettra les cons sur orbite, t’as pas fini de tourner.»
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La pertinence des répliques audiardiennes

Dans sa vie professionnelle, dans le privé comme dans le public, Guillaume Déderen a vérifié la pertinence des répliques audiardiennes, et leur effet déflagrateur et cathartique, qui l’aident à mieux vivre des situations de crise, des réunions tendues, des rites d’entreprise, où à chaque fois il a l’impression de se retrouver face à des personnages d’Audiard.

Guillaume Déderen aime échanger, donner et aider, il aurait passé des nuits entières avec le dialoguiste à savourer les perles des « Tontons Flingueurs» ou de « Mélodie en Sous-sol ». Il tutoie la verve d’Audiard, débusque les répliques ciselées, et les vérités de sa grande filmographie, pour en faire un « petit livre » qu’il qualifie de « boussole » pour tous les managers qui doivent faire face à des situations de crise.

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Ce petit livre est un grand moment de management

Son message est simple et édifiant : dans une situation délicate, les solutions techniques importent autant que le recul et la hauteur que tout manager doit prendre sur les événements et les comportements humains. Ce petit livre est un grand moment de management et de sagesse, écrit par un homme qui loin de la pensée unique qui formate les énarques, sait prendre de la distance, dialoguant avec les répliques d’Audiard pour les traduire en termes de managers.

Après tout dans le mot dialoguiste, il y a dialogue, donc échange et recherche d’un consensus ou d’une solution, le propre du management. Pour le plaisir, une dernière avant le départ : « Mais moi les dingues, j’les soigne, j’m’en vais lui faire une ordonnance, et une sévère, j’vais lui montrer qui c’est Raoul. Aux quatre coins d’Paris qu’on va l’retrouver, éparpillé par petits bouts façon puzzle… Moi, quand on m’en fait trop j’correctionne plus, j’dynamite, j’disperse, et j’ventile. »

“Gérer une crise avec Michel Audiard” le petit guide pour manager dans la mouise, de Guillaume Déderen, aux Editions du Net.