La contrainte et l’apprentissage

Avec les enfants, le parent pose un cadre pour limiter, donc rassurer. Un cadre au départ très étroit : quelques interdits clairs garantissent sa sécurité et son apprentissage. Au fur et à mesure de son apprentissage et de sa « montée en compétence », le cadre s’assouplit et s’élargit. L’enfant devient plus autonome… Au départ, le bébé fait peu de choses seul mais petit à petit l’enfant a seulement besoin de savoir quoi faire, pas comment le faire : « peux-tu mettre la table, s’il te plaît ? » plutôt que « d’abord, tu mets le couvert à droite puis… », déléguer efficacement pour rendre autonome ? Le parent est là comme un tuteur pour une plante en mouvement permanent : il interrompt l’activité de l’enfant, oriente, guide, etc. Il apprend à dire « non ». Le concept vous semble familier ? L’enfant peut se tromper : le parent lui délègue le droit à l’erreur. Au bout d’un moment il sait faire et on l’espère, se trompe moins. L’enfant peut ne plus avoir envie : ce matin mon petit dernier ne voulait pas aller à la voiture, sur son siège, s’habiller, mettre le T shirt vert anis que j’avais choisi : comment le motiver ? Avouons-le : il n’y a pas que les enfants qui demandent notre attention et qui luttent pour l’avoir… Choisir le bon cadeau pour Noël pour votre petite fille peut s’avérer aussi compliqué que de déterminer ce qu’attend une personne de votre équipe : est-ce une promotion, un statut, plus d’autonomie… ? L’enfant ne sait pas toujours bien ce qu’il veut, comment l’écouter, le coacher ?
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L’enfant et les autres

Quand votre autorité lui semble pénible, l’enfant court voir mamy en renfort. PapyMamy, c’est l’autorité bienveillante, un peu lointaine qui dit toujours oui en face et on ne sait pas trop quoi derrière, le n+2 ? Dans une tribu d’autres enfants, frères et sœurs, cousins, demi-frères et sœurs, l’enfant évolue et crée sa place. Chacun d’entre eux est différent et a sa propre manière d’aborder la conquête de son espace : « maman, elle m’a tapé », « mamy, il triche », « papa, il a pris mon jouet ». Pour le parent, le défi c’est de donner des règles claires à tout le monde sachant qu’ils n’ont pas forcément ni le même âge, ni les mêmes envies ou besoins. Manager une équipe ? L’enfant regarde le parent, enfin jusqu’à un certain temps et un certain point, avec admiration. Le parent est sa référence, son point d’appui jusqu’à ce qu’il puisse « tenir debout » tout seul et quitter le foyer des parents.
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Quelques différences fondamentales

Malgré ces grandes similitudes et ce clin d’œil, certaines différences sont à observer entre le management et la parentalité. Ces différences sont fondamentales et à prendre en compte. Le temps est la première des différences. Avec les enfants, le CDI est à vie. Un enfant apprend plus vite qu’un adulte mais il est attendu de lui un apprentissage global (émotionnel, social, intellectuel, etc.) et sur une durée d’au moins 18 ans. L’enfant n’est pas payé pour atteindre des objectifs. Il est « coincé » avec vous et ne peut pas demander sa mutation, à moins que vous ne soyez vraiment mauvais… L’investissement émotionnel n’est pas du tout le même. Il devrait être beaucoup plus fort avec l’enfant. Parfois, l’entreprise, c’est la famille, pour semblant ou pour de vrai. Quid des entreprises familiales ?

Manager ses enfants, pour quoi faire ?

L’intérêt de l’observation de ces similitudes permet de comprendre que le cadre peut se perfectionner dans d’autres terrains de jeu que celui de l’entreprise, en quelque sorte « s’entraîner » dans un cadre plus bienveillant. Enfin, il apparaît parfois qu’un manager extraordinaire ne sache pas comment faire avec ses enfants ou bien qu’un parent inspirant soit amener à manager et en ait peur. Cette réflexion est un début de piste : comment s’améliorer ? A l’heure également de la crise de l’autorité, il paraît, selon les spécialistes, que les enfants gâtés ne feront pas de bons leaders… A méditer donc.