Le cadre au travail

« Un cadre d’entreprise est un salarié dont le niveau de salaire est situé parmi les plus élevés de son entreprise en raison des fonctions et des responsabilités d’encadrement et de management qu’il exerce au sein de celle-ci. » selon droit-finance.net. Le cadre prend donc des responsabilités, des décisions. Il permet ainsi aux employés « non-cadres » de se concentrer sur leurs tâches, en tout cas, en théorie. Certes.

Pour approfondir le sujet:  Cadre, qui es-tu ? Un statut et une fonction

Cadre et tableau

Faisons ensemble un détour par l’art pictural pour chercher d’autres éléments de définition de ce cadre. Le cadre habille le tableau, carré, ovale, rectangulaire, il est traditionnellement rigide, mais nous pouvons envisager un cadre souple. Je n’ai jamais cependant rencontré de cadre vraiment mou. Il semble que le cadre fasse également le tour de l’œuvre dans la plupart des cas, et elle ne peut pas s’échapper par une fente oubliée. Certains cadres prennent parfois plus de place que le tableau et sont même plus beaux que lui : quid de le souligner et lui permettre d’exister ? Dans la vision classique, il est obligatoire, pas de tableau sans cadre. Comment sortir nu ? Les œuvres modernes n’en ont pas toujours : le cadre, est-il amené à disparaître ? 

Le cadre à poser dans les relations

Le cadre a aussi un autre sens qui éclaire le rôle des cadres : celui de gérer des relations. Le cadre est l’ensemble des règles du jeu de notre échange. Nous partageons ces règles ensemble. Il nous permet de construire sur « des bases saines », éloigner le « flou » inquiétant, déjouer les jeux psychologiques qui se régalent de l’implicite des situations. Le cadre est, en clair, le socle de la confiance « qui inclut le contrôle ». Souvent, les conflits en entreprise naissent d’un cadre mal posé, d’une partie implicite dans les échanges, d’un processus mal défini.

Pour conclure, avec le temps, il m’est venu de lui trouver quelques vertus à ce cadre relationnel. Par exemple, le cadre est la première chose que nous partageons dans un échange, il inscrit d’entrée une direction commune à notre histoire. Le cadre protège mes intérêts, personne ne sait ce que la vie réserve, et dans le contexte d’un échange, le cadre permet une reformulation miroir, et nous parlons de la même situation. Les attentes réciproques sont plus claires pour nous deux. Je sais ce qui est dans le cadre, et permis, hors du cadre, et interdit,  négociable et non négociable, et l’impact si je sors du cadre. Je connais les règles du jeu, moins de mauvaises surprises. Le cadre grandit avec le tableau, en principe. Petit au début, il a tendance à s’élargir ou s’assouplir, il est la contrainte nécessaire à la créativité, « L’art est toujours issu d’une contrainte » selon Gide, et cette contrainte canalise la motivation créatrice vers un but.
Il est étonnant de constater à quel point le cadre au final est intimement lié à la notion de confiance et de responsabilité… De quoi faire réfléchir nos directions et nos relations en entreprise.