Comment concilier performance économique et humanité ? C’est à cette question que répond l’Institut catholique de Paris (ICP) en organisant une formation permettant aux dirigeants d’entreprise et aux managers de haut niveau d’aborder ces questions sous le double prisme de l’anthropologie chrétienne et de l’entreprise. Détails sur ce parcours de 7 séances intitulé “Humanité et Performance”* et conçu par Henri-Jérôme Gagey, directeur pédagogique de l’ICP et docteur en théologie, Michel Fender, professeur à l’Ecole des Ponts Paritech et consultant expert en Supply Chain, et Elena Lasida, maître de conférences à l’ICP et docteur en sciences économiques et sociales.

Un regard croisé et une dynamique d’échange

“Chaque participant “acteur-contributeur” se trouve questionné sur la place de l’Homme dans l’organisation, sur sa responsabilité pour lui-même et pour l’autre, mais aussi sur son implication dans la fabrication d’un collectif porteur de règles et de valeurs partagées”, explique Philippe Bordeyne, recteur de l’Institut catholique de Paris. Ce dernier a créé avec Mathieu Rousseau, président de l’école Management Adancement, une structure indépendante de formation continue qui faisait partie auparavant de l’Essec, cette formation “Humanité et performance” qui se veut un “laboratoire d’innovation managériale”. Le principe est simple : participants et référents produisent collectivement des solutions créatives à des problèmes de management.

Originalité de cette formation : chaque séance est co-animée par un binôme dont l’un appartient au monde de la science managériale (conseiller, coach, accompagnateur de dirigeants) et l’autre conduit des recherches en anthropologie et études bibliques. On compte ainsi parmi les référents managériaux Hubert de La Villéon, secrétaire général du groupe Terreall (matériaux de construction en terre cuite) et ancien DRH du groupe Lapeyre après en avoir été le directeur international.

Retrouver le sens perdu

La première session a eu lieu de septembre 2013 à janvier 2014 avec neuf participants aux profils variés : directeur d’un cabinet d’avocat, directeur d’un groupe de transport, directrice d’un CHU… Ceux-ci ont beaucoup échangé pendant la formation et continuent à vouloir poursuivre ces échanges. Avec pour certains des résultats concrets dans leur mode de management pour retrouver le sens perdu. Ainsi, un manager d’un grand groupe confronté à une délocalisation de la comptabilité aux Philippines a réussi à négocier auprès de sa hiérarchie l’abandon du projet en expliquant l’importance de la congruence entre le discours du groupe (Nous sommes une grande famille) et la politique menée (l’externalisation de la comptabilité devait entraîner le licenciement de 300 personnes).

9 thèmes pour 7 séances

Une prochaine formation débute en septembre avec un groupe limité à 15 personnes. Celle-ci sera sur le même schéma que la précédente formation avec 7 séances orientées autour de 9 thèmes :
Séance 1 : Quelle responsabilité pour le manager d’aujourd’hui ? Il est question de situer sa propre action managériale dans un référentiel plus large, celui des pratiques managériales ayant cours dans les organisations. Regard sur les modèles managériaux historiques.
Séance 2 : Travailler a t-il du sens ? Se questionner sur le sens de mon action professionnelle, condition essentielle d’appréhension de mon existence. Envisager comment se constituer un horizon de sens et réfléchir sur sa capacité à le mobiliser dans un contexte managérial.
Séance 3 : La liberté individuelle à l’épreuve de l’organisation. Découvrir la liberté qui est mienne, cette capacité à choisir les contraintes nécessaires à un accomplissement.
Séance 4 : Singularité et management de la complexité. Accepter que la complexité soit un enjeu clé du management d’aujourd’hui dans des cadres de travail jamais totalement maîtrisés.
Séance 5 : Humaniser les relations interpersonnelles. Faire face à la complexité des relations humaines et s’intéresser aux besoins des personnes dans leur singularité.
Séance 6 : L’exercice du pouvoir. Nommer les difficultés liées à l’exercice du pouvoir dans les organisations hiérarchiques.
Séance 7 : Du sens de l’homme à la responsabilité sociale de l’entreprise. Interroger la question de la responsabilité sociale de l’entreprise et la notion de performance. Enfin, le parcours se termine par une réflexion sur la célébration de la performance : comment la satisfaction et l’expression de la reconnaissance peuvent prolonger et encourager d’autres succès.

* Plus de précisions sur le parcours “Humanité et Performance”