Vous envisagez de devenir consultant, de vendre votre expertise aux entreprises qui recourent de plus en plus à l’outsourcing pour mieux maîtriser leurs charges. Le métier de consultant si critiqué est pourtant efficace, et plus paradoxal qu’il n’y paraît. Luc de Brabandere, mathématicien et philosophe de l’université de Louvain, spécialisé dans le conseil en stratégie, l’analyse pour vous aider à bien choisir.

L’avenir est aux vendeurs d’idées

Quel étrange métier que celui de consultant ! Si vous le choisissez, vous optez pour un métier dans lequel vous conseillez l’entreprise alors que le plus souvent vous ne connaissez ni ne pratiquez son métier, vous proposez des solutions dans des domaines qui ne sont pas les vôtres, et vous demandez parfois plus de temps pour faire des rapports plus courts.

Alors que vendez-vous en tant que consultant ? Probablement une autre forme de connaissance. Plus qu’une expertise, vous vendez une méthodologie, plus qu’un objet, vous vendez des outils, plus qu’un voyage, une carte, des renseignements, des instruments d’orientation et de connaissance. Paradoxal ! Mais le paradoxe est le propre de l’homme, il caractérise une réalité humaine qui évolue, les difficultés d’un monde qui change. Dans un monde où la grandes entreprise semble faire l’actualité, pour les manœuvres délicates, le grand bateau ne peut pas se passer du petit remorqueur.

Alors toujours décidé à devenir consultant ? Pour vous aider dans votre réflexion, regardons d’un peu plus près ce métier qui vous attend, car que ce soit de l’intérieur ou de l’extérieur des entreprises, l’avenir est aux vendeurs d’idées.

Médecin et consultant exigent une relation de confiance

Tiré du participe présent du verbe « consulter », l’adjectif consultant a été substantivé dès le XVIème siècle, au sens de personne demandant une consultation, puis de celle qui consulte un médecin. En même temps le mot a servi à désigner le médecin qui donne une consultation. Au siècle suivant le sens du mot s’est élargi à celui de conseiller ou « personne qui assiste une autre dans la direction de ses affaires ». Appliqué à l’activité de conseil aux entreprises, il conserve quelque peu sa connotation médicale et suggère d’explorer plus avant l‘analogie avec l’art de guérir.

Qu’est-ce qu’un audit sinon un diagnostic ? Qu’est qu’une analyse sinon une anamnèse ? Qu’est-ce qu’une solution, un plan, sinon un traitement ? Comme le médecin, votre intervention de consultant est soit préventive, soit curative. Le parallélisme fait ressortir la dimension humaine du métier : la réussite d’un traitement médical dépend des connaissances et de l’expérience du médecin mais aussi de la qualité du contact avec le patient.

Le succès de votre mission conduite comme consultant dans une entreprise dépend de votre capacité à personnaliser votre intervention, à établir avec votre client une relation de qualité, basée sur la confiance, l’écoute l’ouverture.
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Au croisement des expériences, vous générez le changement

Comme consultant vous vous trouvez au croisement de différentes temporalités : la vôtre et celle de l’entreprise cliente, celle de la société et celle du marché. Tout oscille entre temps réel et temps différé, et l’art du consultant est de les coordonner et les harmoniser. Le temps de l’entreprise est celui de l’action, de la production et du service à court terme, c’est un temps opérationnel, soumis à des impératifs d’efficacité et de rendement immédiats, un temps calculé “just in time”, productivité et compétitivité obligent.

Concentrée sur le court terme, l’entreprise a souvent tendance à exiger du consultant des délais plus courts que ceux qu’elle pratique dans son activité quotidienne. Elle attend à juste titre un conseil rapide et de qualité.
Comme consultant vous devez prendre le temps de vous imprégner, écouter, comprendre le fonctionnement de l’entreprise, analyser, étudier et faire une synthèse. Une stratégie s’élabore dans la durée, une vision se construit avec du recul, un projet s’inscrit dans l’horizon du temps.
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Consultant, vous êtes capable d’ubiquité

Tout en étant chez le client, vous restez dans votre cabinet ou votre  société, dont les locaux relèvent du porte-avions. Vos missions se succèdent et ne se ressemblent pas. Les secteurs d’intervention, les profils des entreprises et des hommes changent, votre espace de consultant se diversifie et se multiplie. Vous pouvez faire des rapprochements, transposer des idées, d’un monde dans une autre, éprouver une méthodologie dans des environnements différents.

Les exigences du métier de consultant passent par l’obligation de trouver le mot juste grâce à votre rigueur de vocabulaire, l’argumentation correcte doit répondre à la complexité de l’entreprise et de son environnement, avec une approche systémique de votre mission. Mieux penser, fonder votre réflexion, comme consultant, vous vous découvrez aussi philosophe.
Livre de référence  « Le management des idées »  aux Editions Dunod.
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