Découvrez le carré d’as des golfeurs pour améliorer votre capacité de concentration dans l’action. Toute ma vie, on m’a asséné, en toutes circonstances sois concentré sur ce que tu fais pour obtenir les meilleurs résultats. Une évidence absolue, une vérité intangible dans mon esprit, pourtant grâce au golf, j’ai découvert que c’est parfois faux ! Explications.

1 – L’excès de concentration nuit parfois à la performance

Concentration : « Action de faire porter toute son attention sur un même objet: son manque de concentration lui a fait faire plusieurs erreurs » (Larousse). La définition du dictionnaire est claire, l’exemple limpide et parlant: c’est le manque de concentration qui empêche d’obtenir des résultats. Mais au golf, comme dans la vraie vie, c’est souvent l’inverse qui se produit : l’excès de concentration, par exemple la tentative illusoire de maintenir un niveau élevé de concentration pendant trop longtemps, compromet beaucoup plus sûrement l’atteinte de l’objectif que la désinvolture. Il peut provoquer un épuisement prématuré, de la crispation, détourner du but véritable en créant de véritables œillères… et le pire est que vous êtes tellement concentré sur l’objet que vous ne vous en rendez pas compte!

Et pourtant, vous voulez tellement bien faire… Bobby Jones (1902-1971), qui fut le premier golfeur de l’histoire à réussir le Grand Chelem en gagnant les quatre tournois majeurs en 1930 (le Tiger Wood de l’entre-deux guerres!) déclarait déjà à l’époque : « Certains pensent qu’ils se concentrent alors qu’ils se contentent de se faire du souci ».

2 – Comment identifier l’excès de concentration

Le plus difficile à faire. Quelques signes peuvent toutefois vous alerter.
Sur le plan physique, la sur-concentration peut se traduire au golf par une crispation musculaire. Vos mains serrent le club exagérément et votre swing est plus précipité, voire saccadé.
Au bureau, vous risquez de serrer fortement votre stylo, de souffrir d’une raideur imperceptible de vos épaules, d’adopter insensiblement une posture fermée…

Sur le plan cognitif
, vous êtes submergé de pensées. L’encyclopédie des directives techniques défile dans votre esprit. Au golf, vérification du grip, de la position des mains, du corps, du plan de swing… la liste est infinie.
Derrière votre ordinateur, ne vous êtes-vous jamais surpris à errer de site en site pour collecter un maximum d’informations en perdant de vue l’objectif de votre surf ? En réunion, de tellement vous sur-contrôler que vous ne pouvez plus parler librement et ni même d’écouter ?
En bref, comme un canard qui continue de marcher après qu’on lui a coupé la tête, vous êtes tellement concentré sur ce que vous faites que vous oubliez votre objectif principal et votre environnement pour être focalisé sur l’exécution.

Sur le plan émotionnel
, vous envisagez l’enjeu comme écrasant, et pouvez être assailli de doutes ou imaginer une multitude de scénarios improbables. Face à un coup délicat, le golfeur se rêve capable de réaliser un coup que même Tiger Woods aurait du mal à maîtriser, ou alternativement imagine sa déconfiture si le coup est raté.
Vous est-il arrivé de vous sentir écrasé face à un manager irascible, ou qui tout simplement vous impressionne, ou vous sentir paralysé par l’enjeu face à un client stratégique ?
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3 – Choisir LE bon moment pour se concentrer

Se concentrer exige un effort violent, très consommateur de ressources, d’influx. Il est prouvé que cet effort peut être soutenu en continu juste une dizaine de minutes, voire une vingtaine tout au plus pour les personnes très entraînées. Au-delà, on « lâche » sans même le réaliser.
Le golfeur débutant a souvent tendance à trop s’appliquer, il repasse en boucle dans sa tête les directives techniques à mettre en œuvre au prochain coup… pour finalement manquer de « jus » et perdre ses moyens en arrivant devant sa balle. Au bout de quelques trous, il est « rincé ».

Le golfeur averti va au contraire mettre à profit les quelques minutes de marche entre deux coups pour penser à autre chose, se libérer, se régénérer. Sa re-concentration attendra qu’il soit à quelques mètres de sa balle. Il se met ainsi en situation de tirer le meilleur de son potentiel avec le maximum d’atouts, un maximum de concentration… au bon moment.

En entreprise, le jeune professionnel va tenter de ne pas relâcher son attention pendant les deux heures que dure la réunion, et il « décroche » au bout d’une quinzaine de minutes sans forcément s’en rendre compte, et risque ainsi de passer à côté de l’essentiel. Comme au golf, pour être efficace en entreprise, il faut se ménager des espaces de respiration. Les « vraies » pauses (celles pendant lesquelles vous pensez à autre chose, par opposition à celles pendant lesquelles vous ressassez le problème en cours) sont essentielles.

Dans toute réunion interminable, il y a toujours un participant qui se met à s’épancher sur un sujet sans intérêt. Au lieu de pester contre cette perte de temps, profitez de l’aubaine pour « décrocher » discrètement et revenir plus fort ensuite, pendant le « money time »!

4 – Concentrez vous sur le bon objectif, pas sur les moyens

Se concentrer, c’est parfois bien. Mais sur quoi ? Quelquefois, dans la préparation de son coup, le golfeur se concentre sur la mécanique de son swing. En faisant cela, il a tendance à oublier que son principal objectif est d’envoyer la balle le plus près possible de sa cible, non de réussir un coup techniquement parfait. Il peut même négliger d’analyser des éléments aussi importants que les conditions météorologiques, le « lie » de la balle (c’est-à-dire la manière dont elle est positionnée sur le parcours). Ces éléments doivent être pris en compte pour bâtir une stratégie de jeu adaptée et éventuellement conduire à la réévaluation de l’objectif.

Des comportements similaires se retrouvent en entreprise. Combien de projets ou de processus se retrouvent en échec car des managers redéfinissent insensiblement leur objectif propre pour mieux « coller » à ce qu’ils savent faire ou à ce qu’ils considèrent l’état de l’art dans leur métier… et s’éloigner ainsi de l’objectif global du projet/processus.
Le succès des techniques de management de type LEAN (qui visent à contrôler ce genre de dérive en éliminant les tâches inutiles) démontre s’il en était besoin l’ampleur du phénomène.

Le caddy, un modèle de manager opérationnel ?

En conclusion, j’espère vous avoir alerté sur l’importance d’une bonne gestion de votre concentration pour améliorer votre niveau de performance propre et celui de vos équipes. La difficulté principale vient du fait qu’il est quasiment impossible de gérer sa concentration seul, en mode introspectif, quand on est dans le feu de l’action et concentré sur l’objectif. Pour éviter d’être « embarqué », un regard extérieur est indispensable pour recadrer les choses si nécessaire.

Au golf, c’est au caddy qu’incombe ce rôle difficile et souvent ingrat. Loin se limiter à porter le sac de son joueur, son rôle est essentiel pour apporter au joueur la lucidité et la confiance en lui qui peut lui manquer dans le feu de l’action. Le caddy, un modèle de manager opérationnel ?
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