Un des plus grands obstacles à la valorisation des données, coeur des projets digitaux, est l’organisation de l’entreprise par silo ou par département. Une étude sur l’exploitation des données en France montre que 39% des organisations avancées dans la transformation digitale considèrent que cette méthode de management constitue un frein à l’exploitation de leurs données. L’organisation rigide est donc l’obstacle le plus important et le plus difficile à surmonter. L’air du digital amène les organisations à changer leurs méthodes de travail. Aujourd’hui les méthodologies organiques ont un meilleur taux de réussite dans leurs projets digitaux. Le pilier de cette réussite, c’est la communication entre les différentes fonctions de ces réseaux. Le management organique en somme, c’est l’organisation d’une entreprise par projet et par équipe.

Le modèle organique

Le management organique fait opposition aux modèles fordiens par silo, considérés comme trop rigides. Face à l’instabilité croissante des marchés, les organisations ont mis en place des structures plus légères et moins centralisées. Ces structures plus légères permettent une agilité accrue répondant mieux aux évolutions imprévisibles. Concrètement, chaque équipe est configurée en fonction des besoins d’un projet. À la place d’un département de marketing et d’un département IT, vous trouverez une équipe en charge d’une mission spécifique. Pour une mission SEO par exemple, l’équipe comprend des développeurs, des profils marketing et des designers. Cette mixité permet de gérer un projet de A à Z rapidement. La friction et la lenteur habituelle des organisations par département n’existent plus et les enjeux politiques ou de communication disparaissent. Tout le monde est dans le même bateau.
Elle se traduit par un centrage sur le coeur de métier, une réduction des niveaux hiérarchique et une coordination plus souple et rapide. Cette centricité est un atout lors de projets digitaux. En effet les métiers utilisent les mêmes systèmes d’informations, les mêmes méthodologies d’extraction de données, la même stratégie d’acquisition data. Créer un projet data sur un socle solide c’est assurer le succès des projets digitaux.
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Le frein de l’organisation par fonction

Les silos sont le résultat d’une organisation par fonctions. Les départements communiquent et interagissent principalement en interne et  travaillent très rarement avec d’autres divisions. Le marketing, par exemple, développe ainsi sa propre culture et éprouve des difficultés à entrer en contact avec les commerciaux ou la production. Ce manque de transversalité est un obstacle important, car il complique l’accès aux données et la collaboration. Chaque fonction organise et met en valeur ses données pour servir ses propres objectifs, ce qui explique une absence de vision unifiée.  Le défi pour les entreprises aujourd’hui est donc de mettre en commun des sources de données situées dans des fonctions différentes et ainsi libérer la donnée des silos organisationnels. Au niveau des départements marketing et commerciaux par exemple, le potentiel inexploité est énorme : le croisement et la corrélation de leurs diverses sources permettront de donner une vision 360° du client.  L’étude qualifie la transversalité des projets data, comme le premier facteur de succès des entreprises qui souhaitent se lancer dans la valorisation de leurs données. Une unité horizontale chargée des projets data a le pouvoir de garantir cette transversalité.
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Une méthodologie issue du théâtre classique

Réussir des projets numériques c’est réussir à faire interagir des individus aux compétences très différentes sur des échelles de temps très courtes. L’objectif est que développeurs, designer et commerciaux  travaillent de manière étroite.
L’atteinte de ce but prend racine dans une des règles du théâtre classique, appelée la règle des trois unités.
L’unité de lieu : contrairement à l’organisation des départements par étage, les équipes sont réparties sur le même plateau. Le dialogue est facilité et la coopération améliorée. Le partage d’un même lieu physique crée un sentiment d’appartenance et renforce la cohésion de l’équipe.
L’unité de temps : le découpage par semaine des objectifs à atteindre permet de prioriser les besoins de l’utilisateur final.
L’unité d’action : ce sont les fameuses stories des méthodes agiles, toute action réalisée par l’équipe doit servir l’utilisateur. Cela permet de toujours se concentrer sur ce qui apporte de la valeur.
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Spotify un exemple de management organique

Les entreprises s’orientant vers la transformation digitale ne se confrontent pas qu’à des problématiques techniques. Elles doivent s’orienter vers une nouvelle manière de manager approprié aux nouvelles technologies. Bien que l’effectif de Spotify soit de 1500 salariés, la gestion organique mise en oeuvre leur a permis de garder la même capacité d’adaptation face au changement. Le système est très ingénieux. Les 1500 salariés sont groupés dans des centaines d’équipes totalement autonomes et agissants comme des startups.
Chacune utilise donc un système d’information et des outils centralisés, mais agit en complète autonomie. Le but est de casser la rigidité des départements pour la remplacer par des équipes de compétences transverses qui utilisent des ressources communes en pleine autonomie.
Les projets digitaux sont fondamentalement impactés par la gestion des données et la communication des différents départements. Un projet digital nécessite la collaboration unifiée de la DSI, des métiers, du département légal/sécurité. Une organisation organique possède ces différents départements au sein d’une même équipe. C’est l’assurance d’un dialogue rapide et d’une politique data homogène. Pour en savoir plus sur le management organique, voici un article sur l’organisation de Spotify.