L’utilisation massive des nouvelles technologies bouleverse l’organisation traditionnelle du travail, les collaborateurs sombrent dans une overdose informationnelle. Le stress technologique doit être pris en compte et traité sous peine de rendre malades les collaborateurs et déstabiliser l’entreprise.

Le syndrome de saturation cognitive

Il y a deux ans, Jérémy, conducteur de travaux dans une grande entreprise de construction, s’est rendu dans une abbaye en Belgique pour y séjourner deux mois. Objectif : se déconnecter du monde qui l’entoure, famille, amis et surtout travail. Là-bas, pas de téléphone qui sonne, pas de mails à consulter, pas de sollicitations constantes. Jérémy a mis son cerveau au repos, pour reprendre pied. « Il a vécu un COS (Cognitive Overflow Syndome : syndrome de saturation cognitive). Il n’avait plus de temps de cerveau disponible pour réfléchir, pour être intelligent », témoigne Raphael Nabet, directeur d’Aptis, un cabinet de conseil en formation, qui intervient dans les entreprises pour prévenir ce genre de trouble.
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87 mails reçus par jour

Déjà occupé à des tâches qu’on pourrait appeler « traditionnelles » inscrites dans son contrat, le collaborateur a vu arriver une multitude de petites tâches supplémentaires avec les nouveaux outils numériques (smartphones, tablettes, ordinateurs portables), si bien qu’il s’est retrouvé submergé, ne réussissant pas à combler le retard pris dans son travail et ressentant un ras-le-bol général. « 90% des cadres possèdent un ordinateur sur leur lieu de travail et ils reçoivent en moyenne 87 mails par jour », constate le directeur d’Aptis. Des messages auxquels ils se sentent obligés de répondre, de même qu’aux appels téléphoniques, y compris lorsqu’ils sont rentrés chez eux. « On les place dans une situation où ils vivent en permanence des cas de conscience. En les sollicitant continuellement via les nouvelles technologies, on les place en état de travail empêché », poursuit Raphael Nabet.
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L’entreprise doit anticiper le changement

Dans le rapport Mettling sur la transformation numérique et la vie au travail rendu à la Ministre du Travail, de l’Emploi, de la Formation Professionnelle et du Dialogue Social, l’auteur note que : « Pour la première fois depuis la révolution industrielle, la diffusion de la technologie et de ses usages impacte au moins autant la personne dans sa sphère privée que le travailleur dans sa sphère professionnelle (…) L’enjeu pour les entreprises est donc d’anticiper les changements à l’œuvre pour parer les risques qu’ils comportent (…) afin que la performance économique s’accompagne d’une amélioration de la qualité de vie au travail. »
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Des conséquences juridiques et économiques

Car lorsque les collaborateurs perçoivent une surcharge à la fois informationnelle et communicationnelle, ils ne sont plus aptes et c’est toute l’entreprise qui en pâtit. Les conséquences fois juridiques, organisationnelles, sociales et économiques, hypothèquent les résultats à venir – et organisationnelles. Le manager, quant à lui, est perçu comme un mauvais chef. Heureusement, des solutions existent pour réguler les usages des nouvelles technologies et prévenir et/ou guérir ces troubles. Dès la signature du contrat de travail, il peut être stipulé par exemple qu’il est interdit de répondre aux mails en dehors de ses heures de travail.
Certaines entreprises, comme Nespresso, ont même « adapté l’outil à l’humain » en paramétrant l’ordinateur afin d’empêcher les salariés de consulter leurs mails autre part qu’au bureau. Les collaborateurs doivent aussi apprendre à éteindre leur téléphone professionnel pendant le week-end sous la bienveillance des managers, qui doivent remettre en question leur façon de manager en programmant par exemple des tâches réalisables pendant les heures ouvrables. Autant d’exemples pour re-donner du bien-être aux collaborateurs et éviter des drames humains.
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