Pascal Papé et Sergio Parisse

A la veille du match de rugby France-Italie de février 2014, le Midi Olympique, bihebdomadaire exclusivement dédié à ce sport, consacrait une double page aux capitaines des deux formations. Coïncidence, le français Pascal Papé et l’italien Sergio Parisse jouent depuis 2007 dans le même club, le Stade français Paris. Le journal s’était donc intéressé à la perception que six de leurs coéquipiers avaient des qualités de leurs deux partenaires. Ces qualités décrites sont également de véritables atouts pour un manager, un dirigeant en charge de conduire une équipe vers le succès ou la réussite.
Pour les non-initiés, Pascal Papé, 34 ans, rugbyman professionnel depuis 16 ans, compte 59 sélections en équipe de France. Âgé de 31 ans, Sergio Parisse, onze années de rugby professionnel derrière lui, sélectionné pour la première fois à l’âge 18 ans, compte déjà 112 sélections au sein de la Squadra Azzura dont il est le capitaine emblématique depuis sept ans.

Des qualités communes aux deux joueurs…

Un même discours: l’expérience (et le feeling) permet de comprendre les attentes et les besoins de l‘équipe puis de lui délivrer le bon message. Le fond du discours est identique chez les deux hommes, même si la forme est différente.
Droiture, exemplarité et influence : la crédibilité vient d’abord d’une attitude professionnelle et personnelle irréprochable. Le vrai leader ne prête pas flanc à la critique. L’influence qu’il peut avoir sur ses pairs ou ses collaborateurs dépend en grande partie de l’idée que ces derniers se font de leur chef. Imaginer l’impact catastrophique d’un « faites ce que je dis, pas ce que je fais ».
Tenir un langage de vérité, mais à son niveau : avoir la capacité à remettre les choses en place mais sans jamais outrepasser son rôle, par rapport à d’autres responsables, comme le président du club ou l’entraîneur. Songeons de même à l’attitude à adopter par un directeur de business unit par rapport au chef d’entreprise, un responsable de filiale par rapport au PDG du groupe.

…mais des caractères très différents…

L’échange à travers des modes d’expression différents : l’un, discret et peu loquace, va privilégier le contact en tête en tête, en privé pour faire passer son message. L’autre, plus expansif, plus latin, aura tendance à réunir souvent le groupe pour partager ses sentiments.
Des comportements au travail différents : l’un jouera plutôt sur la vertu de l’exemple pour entraîner les siens. L’autre, exigeant vis-à-vis de lui-même, sera tout autant exigeant vis-à-vis de ses coéquipiers.
L’attitude face à la difficulté : là où l’un, par son calme naturel, tendra à apaiser pour diminuer la pression, l’autre jouera sur l’émotion pour transcender l’équipe.
Ainsi, pour atteindre le même objectif (rendre l’équipe la plus performante possible) en s’appuyant sur un socle partagé de valeurs (la motivation, l’exemplarité du comportement, la franchise, le respect des responsabilités de chacun), le capitaine, le leader, au cœur de l’équipe, n’est pas tenu de forcer son caractère, de jouer à contre-emploi pour tenir son rôle. Il doit utiliser ses qualités comme ses imperfections ou ses faiblesses pour donner à la fois sens à l’action, l’objectif à atteindre et le chemin qui y conduit.