L’euphorie et le frisson de la crise peuvent faire de vous un héros

« Le pire demi-sel, le plus tocard des traîne-lattes se prend pour Scarface. Rouler des mécaniques, c’est la maladie des hommes. » Extraits du film Les Barbouzes réalisé par Georges Lautner en 1964 sur un scénario d’Albert Simonin et Michel Audiard, et des dialogues de Michel Audiard, avec Lino Ventura, Bernard Blier, Francis Blanche, Mireille Darc, Noël Roquevert… Décryptage par Guillaume Déderen.

L’euphorie de la crise peut faire de vous le héros

C’est aussi couramment celle de nombreux managers de crise. Il y a une explication toute simple à ce phénomène : quand le « trottoir roulant » de la vie quotidienne est brusquement interrompu par les secousses de la crise, rien de plus naturel (ni de moins critiquable, d’ailleurs) que de sentir la soudaine émulation, le frisson, voire l’euphorie de la crise, qui peut faire de vous le héros qui va guider tout le monde dans la tempête et triompher de tous les Charybdes et Scyllas.
Oui, mais bon… Encore faut-il connaître vos propres forces… et celles de votre équipe.

Echapper à la condition de traîne-lattes ou de demi-sel

Faut-il une énième fois rappeler cette règle gravée au fronton du temple d’Apollon à Delphes « Connais-toi toi-même » *, qui selon Platon dans son Charmide signifie : « Sois tempéré », et qu’une autre tradition philosophique (IIIe siècle après J.-C. !) complète par ces mots : « … et tu connaîtras l’univers et les dieux ».
Je ne vous garantis pas d’aboutir à ce type de connaissance supérieure en gestion de crise, mais je peux vous garantir que « savoir où on en est », aussi bien en matière de connaissances théoriques et pratiques que de planification et d’organigramme ou de capacités physiques et mentales, reste un prérequis essentiel pour échapper à la condition peu enviable de traîne-lattes ou de demi-sel.
Laissez tomber le héros, et soyez ce que tout le monde attend que vous soyez : un manager.


*Lisez le très beau commentaire qu’en fait Lucien Jerphagnon dans son livre L’Homme qui riait avec les dieux, Albin Michel, 2013.

Michel Audiard, 1920-1985, dialoguiste, scénariste et réalisateur de cinéma

Ses dialogues témoignent de l’irrévérence des années 1960 et de la gouaille du parisien. Il est le père du scénariste et réalisateur Jacques Audiard, récompensé aux César du cinéma et par la Palme d’or du Festival de Cannes 2015.

Scénariste et dialoguiste : Les Trois Mousquetaires, L’Ennemi public numéro un, Le rouge est mis, Retour de manivelle,  Maigret tend un piège, Les Misérables, Les Grandes Familles, Archimède le clochard, Maigret et l’affaire Saint-Fiacre, Les Vieux de la vieille, Un taxi pour Tobrouk,  Le Président, Le cave se rebiffe, Un singe en hiver, Mélodie en sous-sol, Les Tontons flingueurs, Cent mille dollars au soleil, Les Barbouzes, La Métamorphose des cloportes, Ne nous fâchons pas, Tendre Voyou, la Grande Sauterelle et Le Pacha, Mort d’un pourri et Flic ou voyou, Les Égouts du paradis, Le Professionnel, Garde à vue, On ne meurt que deux fois, La Cage aux folles.

Réalisateur : Faut pas prendre les enfants du bon Dieu pour des canards sauvages, Elle boit pas, elle fume pas, elle drague pas, mais… elle cause !, Le Cri du cormoran le soir au-dessus des jonques, Elle cause plus… elle flingue, Comment réussir quand on est con et pleurnichard, Bons baisers à lundi.
Vous aimerez aussi  Le management selon Michel Audiard, le dialoguiste n°1 du cinéma français 

A lire ou à relire dans la même série
Nietszche, Clausewitz et les bastos… #managementalaaudiard
BlaBlateurs & Co ! #managementalaaudiard
On n’a jamais empêché les gens de dire des c……..! #managementalaaudiard
La retraite, faut la prendre jeune… #managementalaaudiard
“Gérer une crise avec Michel Audiard” le petit guide pour manager dans la mouise, de Guillaume Déderen, publié aux Editions du Net. Pour en lire plus cliquez sur  Le management selon Audiard