L’expérience réalisée est limpide et le résultat sans appel, malheureusement pratiqué sur un nombre insuffisant de personnes pour le rendre probant. Ici, Kaspersky Lab (société de sécurité informatique) demande à 95 participants de réaliser un test de concentration dans 4 circonstances distinctes avec leur Smartphone :  dans la poche, posé sur le bureau, enfermé dans un tiroir et enfin sans appareil avec impossibilité d’y accéder. Conclusion, moins le Smartphone est accessible, plus le participant se montre concentré et productif, jusqu’à 26 % plus productif pour la dernière situation, lorsque le téléphone se trouve hors de portée.

Un cadre travaille maximum 3 minutes sans interruption digitale

Une autre étude, réalisée cette fois par la chercheuse Gloria Mark (université de Californie), révèle qu’au travail, un cadre américain a l’esprit disponible seulement durant 3 minutes d’affilée avant de subir les affres de la digitalisation : sonnerie, vibration, mail et notification en tout genre., via son ordinateur ou son téléphone mobile, pour son travail ou sa vie privée. Il lui faudrait ensuite 20 minutes pour reprendre le cours de sa réflexion antérieure de manière pleine et entière –  pendant 3 minutes – avant de subir de nouveau une interruption numérique quelconque.
La durée d’une concentration ininterrompue serait même en baisse, selon la chercheuse Gloria Mark, pour passer de 3 minutes à 1 minute 15, en moyenne. Le phénomène concerne tant les ingénieurs que les cadres, managers, agents ou techniciens, à partir du moment où leur quotidien de travail implique le Web.

Travailler moins, mais travailler mieux en initiant des journées sans Smartphone

Alors, faut-il tout simplement interdire le Smartphone au travail ? Déconnecter votre système de messagerie ? Certaines entreprises se lancent timidement dans ce type d’initiative, en proposant des plages horaires sans Smartphone, sans connexion aux réseaux sociaux et aux mails (même professionnels) pendant 3 à 4 heures par jour, en contrepartie de journées plus courtes à salaire équivalent. L’alternative séduit des employeurs convaincus qu’un salarié peut être plus productif sans son téléphone, alors même que son temps de travail quotidien est réduit.  Mais attention, interdire purement et simplement le Smartphone en entreprise est aujourd’hui illégal. Seules quelques situations autorisent la démarche : lorsque son utilisation sur le lieu de travail engendre un risque pour le salarié (dans les chaînes d’usine, par exemple), lorsqu’il renvoie une mauvaise image de marque pour l’entreprise (un commercial qui l’utilise à titre personnel pendant un déjeuner client, par exemple), ou dans les services dits « sensibles », pour se prémunir de tout espionnage industriel (prises de photographies, enregistrements vocaux pendant les réunions, dans les services de prototypage, de recherche et développement…).
Hormis ces exceptions, l’employeur ne peut jamais interdire, il peut proposer un mode alternatif de travail, loin du flux incessant des téléphones… Au chacun d’accepter de jouer le jeu ou non.

Des chiffres qui donnent envie d’abandonner le Smartphone

– nous consultons en moyenne 221 fois par jour notre Smartphone, selon une enquête réalisée sur 2 000 personnes par la société de marketing digital Tecmark
– 44 % du temps passé sur Internet au travail concerne notre vie personnelle, d’après une enquête réalisée par la société Olfeo sur 150 000 actifs européens (spécialiste des logiciels de sécurité). Ce temps représente 4 heures par semaine et 1 mois par an.
– nos sites Internet favoris pour surfer à titre personnel au travail sont Facebook, LinkedIn, YouTube, Yahoo Actualités, mais aussi LeBonCoin et Amazon
– les Français âgés de 16 à 30 ans – les « millennials – passent environ 2 heures par jour sur leur Smartphone (contre 3.2 heures pour la moyenne mondiale). Cette statistique représente l’équivalent d’une journée par semaine, selon une étude TNS Sofres réalisée sur 60 500 Internautes à travers le monde dans la tranche d’âge concernée

Une enquête de la CNIL réalisée en 2011 auprès de 2 315 utilisateurs de smartphone a démontré que
– 9 sur 10 stockent des données de contact ou des coordonnées,
– 8.6 sur 10 des données multimédias comme des photos/vidéos, un agenda ou encore des notes 4 sur 10 gardent des éléments à caractère secret comme leurs coordonnées bancaires, des  codes secrets, ou des informations médicales
– 6,4 sur 10 ne voient pas l’intérêt d’un antivirus
– 5 sur 10 estiment les données de leur téléphone mobile ne sont pas enregistrées ni transmises sans leur accord
– 1 sur 2 vérifie avant de télécharger une application les données auxquelles elle a accès… mais seulement 3 sur 10 lisent les conditions d’utilisation.

Ventes de smartphones en France et dans le monde

Plus de 20 millions de smartphones ont été vendus en France selon GFK, en diminution de 6%, démontrant un début de saturation du marché, qui devient de plus en plus un marché renouvellement. Le trio de tête reste le même, Samsung, Apple et Huawei continuent de développer leur part dans le 1.472 milliards d’unités vendues en 2017 dans le monde. En France Apple et Samsung s’approprient plus de 37% du marché,  15 % pour Apple et 22 % pour Samsung.  Le nombre total d’utilisateurs de smartphone dans le monde de 2,08 milliards en 2016 devrait dépasser les 5 milliards d’ici 2019.