Amendements, retombées dans la presse, likes, followers et retweets

Si ces derniers sont souvent jugés sur leur taux de présence ou le nombre d’amendements déposés, ce classement montre que tout ne se joue pas sur les bancs de l’Assemblée, et évalue leur capacité à faire vraiment entendre leurs positions, aussi bien de façon directe à l’Assemblée qu’indirecte dans la presse et sur les réseaux sociaux. « Penser l’influence en silos indépendants n’a plus de sens dans un monde où chacun sait qu’un passage au 20h de TF1 peut influer sur les débats à l’Assemblée et enflammer Twitter » explique Fabiola Flex, Directrice du pôle Affaires publiques chez Rumeur Publique. « Ce classement est inédit car il n’est pas fondé sur le nombre de prises de parole des députés mais sur les résultats obtenus, comme le nombre d’amendements qu’ils ont fait adopter, le nombre de retombées dans la presse ou le taux de retweet sur Twitter”, précise Marie Meyruey, Consultante Affaires publiques chez Rumeur Publique.

Christian Paul crédit lapsus Politicus

Les pros de l’influence

En tête du classement général, ils ont réussi à faire entendre leurs positions aussi bien au sein de l’Assemblée qu’auprès des médias et sur les réseaux :
Christian Paul, n°1 du classement général, chef de file des Frondeurs, a fait adopter de nombreux amendements contre l’avis du gouvernement et l’a critiqué ouvertement dans la presse… ce qui a probablement contribué aux difficultés de la gauche à parler d’une seule voix durant le quinquennat.
Laurent Grandguillaume (n°2) surnommé « le Démineur » par la presse en raison de sa capacité à traiter des dossiers difficiles (oppositions entre artisans et auto-entrepreneurs, entre les taxis et Uber…). A chaque fois, ses négociations – qu’il médiatisait et menait parfois en direct sur les réseaux sociaux – ont débouché sur l’adoption de propositions de loi ou d’amendements en ligne avec ses préconisations.
Eric Ciotti arrive en n°3, bien que siégeant dans l’opposition, a par exemple gagné la bataille médiatique qu’il mène depuis 2012 sur la légitime défense des policiers en faisant reprendre et adopter ses propositions de loi par la gauche début 2017.

Les piliers du Parlement

Ce sont ceux qui contribuent le plus efficacement au travail parlementaire, en faisant par exemple adopter des amendements, mais ils sont peu connus du grand public.
Ainsi, Valérie Rabault, n°1 de la catégorie Assemblée Nationale, en tant que Rapporteure générale du Budget, est la députée la plus écoutée de l’Assemblée sur toutes les questions liées aux Finances publiques, c’est-à-dire un grand nombre de sujets.
Gérard Bapt (n°2) exerce la même fonction sur le Budget de la Sécurité sociale. Et comme la plupart de ses collègues bien placés dans notre classement, Razzy Hammadi (n°3) a été Rapporteur de deux projets de loi importants (” Egalité et Citoyenneté ” et ” Consommation “).
Dans l’opposition, s’il est plus difficile de faire voter ses propositions par l’Assemblée, on peut par exemple noter le nom de Lionel Tardy, député d’opposition qui a fait adopter le plus d’amendements.

François Fillon crédit www.riposte-catholique.fr

Les stars des médias

Ils ne sont pas ceux qui contribuent le plus au travail parlementaire, mais utilisent au mieux la presse pour faire passer leurs positions. Tous les noms bien connus du grand public se retrouvent dans le top 10 : François Fillon arrive en tête – ainsi que plusieurs candidats  à la primaire de la Droite, en partie parce que le classement a été réalisé sur des données de janvier à décembre 2016, les Primaires de la Droite s’étant tenues en novembre.
Jean-Christophe Cambadélis, premier député de gauche de la catégorie presse, Benoît Hamon ou Cécile Duflot figurent également en tête de ce classement.

Marion Maréchal Le Pen Crédit marionlepen.fr

Les as du clavier

Les meilleurs pour toucher efficacement une cible spécifique qu’ils ne peuvent pas forcément atteindre via la presse traditionnelle notamment.
Nathalie Kosciusko-Morizet, n°1 sur Twitter,  utiliserait ce réseau pour tisser des liens avec le monde de la tech tandis que Marion Maréchal-Le Pen, n°1 sur Facebook, s’adresserait ainsi à des personnes moins consommatrices de presse traditionnelle.
D’autres personnalités peu visibles dans la presse traditionnelle émergent également sur les réseaux sociaux : Valérie Fourneyron et Lionel Tardy sur Twitter ou Thierry Robert et Annick Le Loch sur Facebook. Fabiola Flex conclut : « On ne peut plus circonscrire le champ de l’action politique au seul Parlement, les débats se passent aussi ailleurs et il est important d’activer tous les leviers pour être entendu et amplifier son influence. »

Méthodologie suivie : 572 députés sur 577 ayant siégé l’intégralité de l’année 2016 ont été testés à partir des critères suivants :
– à l’Assemblée Nationale, sur l’ensemble de la législature 2012 – 2017 :  le nombre d’amendements adoptés et de rapports signés
– dans la presse : le nombre de mentions dans la presse nationale et locale en 2016
– sur les réseaux sociaux en janvier 2017 : le nombre de followers sur Twitter, le nombre moyen de retweets obtenus pour chaque tweet, rapporté au nombre de followers, le nombre de likes sur la page Facebook, le nombre de personnes ayant mentionné la page Facebook dans les sept derniers jours. Par ailleurs des données ont été collectées auprès de Regards Citoyens qui édite le site NosDeputes.fr, open data en licence Creative commons, Data Observer, Twitter, Facebook et Traacker.

* Rumeur Publique, agence indépendante de communication d’influence créée en 1988, forte de 45 collaborateurs, accompagne des clients issus des nouvelles technologies et de l’Internet, ainsi que du conseil, de la santé, de l’énergie et du développement durable, des institutions et collectivités, et du transport.  Elle a reçu en 2015 et 2016 le prix de l’Agence de Communication d’influence de l’année.