Facebook est le réseau social le plus fréquenté de la planète avec plus de 3 milliards d’utilisateurs actifs chaque mois dans le monde et 40 millions en France. Facebook recrute de plus en plus chez les plus âgés et compte de plus en plus d’inscrits qui sont morts. Des fantômes numériques qui augmentent chaque année et qui seraient selon une étude de l’Oxford Internet Institute, plus nombreux que les utilisateurs vivants de Facebook. « Facebook vous permet de rester en contact avec les personnes qui comptent dans votre vie. » Telle est sa promesse, mais au moment où les morts sont honorés, Facebook devient pour des millions de personnes un lieu pour se souvenir de l’e-défunt. Facebook, le plus grand e-cimetière du monde

Un cimetière de 110 millions d’e-tombes dans 10 ans

La plus grande plate-forme de médias sociaux du monde devient au fil des années le premier regroupement d’e-tombes. C’est complètement fou, mais les chiffres parlent, plutôt crient une morbide réalité. Facebook compte actuellement environ 3 milliards d’inscrits. Avec un taux de mortalité du monde à environ 7/8  personnes pour 1000 chaque année, cela signifie que chaque année plus 11 millions d’utilisateurs de Facebook meurent !
Une estimation imparfaite dans la mesure où Facebook ne reflète pas fidèlement la population mondiale, notamment avec la Chine qui bloque l’accès à 1,3 milliard de personnes. Si Facebook est toujours là dans 10 ans, ce sera le cimetière numérique le plus grand du monde avec 110 millions de défunts.
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Comment  transformer un profil en compte de commémoration

Facebook a organisé la vie post mortem de l’internaute avec la création d’un compte de commémoration destiné aux amis et à la famille qui forme une mini communauté qui partage le souvenir du défunt. D’ailleurs tout inscrit peut avertir Facebook de son souhait de transformer à son décès son inscription en compte de commémoration ou de le supprimer. L’expression « En souvenir de… »  s’affiche à côté du nom sur le profil et selon les paramètres de confidentialité, les amis partagent le souvenir sur le journal de commémoration.
Le contenu partagé avant son décès reste sur Facebook visible par ceux avec lesquels il a été partagé. Celui qui préfère supprimer définitivement son compte peut le faire en quelques clics en haut à droite de chaque page, en sélectionnant « Paramètres », puis « Sécurité », « Légataire » et « suppression définitive de votre compte ».

Une e-Toussaint beaucoup plus émotionnelle

Les membres de la famille peuvent transformer une page en monument, pour tous les autres, à savoir la majorité des utilisateurs de Facebook, ils disparaissent dans l’anonymat de l’internaute inconnu de la plateforme planétaire.
Aujourd’hui le jeune ne se recueillent plus sur une tombe, il va sur Facebook pleurer la perte d’un ami et se « connecter »  post mortem. Il pleure en ligne plutôt que sous les cyprès, ce qui désengorge les routes de la Toussaint au profit des autoroutes du Net.
Le plus grand cimetière du monde possède des e-tombes devenues des « sites majeurs » où pleureuses et fidèles déposent des messages. La représentation numérique formée des conversations avec ses amis et de photographies devient une e-tombe chargée de plus d’émotion que la pierre tombale du cimetière.
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Faire mourir l’internaute une deuxième fois

Selon le Dr Kasket, psychologue de la Regent’s University de Londres, qui a étudié le phénomène, Facebook reste connecté avec la communauté de personnes en deuil, et si une famille enlève le profil, cela peut engendrer un traumatisme psychologique et émotionnel chez celui qui souhaite maintenir une liaison avec le défunt.
Pour certains, la famille ne devrait pas avoir le dernier mot en la matière, en effet l’e-défunt a coconstruit sa présence avec une communauté d’amis, et supprimer son e-profil, outre l’atteinte aux droits des personnes en deuil, reviendrait à le faire mourir une deuxième fois.
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