La plupart des managers savent la puissance des mots. Mintzberg, chercheur de niveau mondial sur le management est formel : 70% du temps du manager est communication. Trouver le mot juste est un art, un travail d’affinage permanent pour toucher votre cible. Comment maîtriser de l’art de manager par les mots.

Un exemple de la puissance des mots : un manager délègue un objectif

Les mots guident le collaborateur et lui indiquent la direction à suivre. Exemple de la puissance des mots : un manager délègue un objectif.  Mettez-vous dans la peau du collaborateur à qui un manager transmet le message suivant : « Bon, je te propose de développer ton chiffre d’affaires. Le marché est trop petit et je ne sais pas comment tu vas t’y prendre. Tu t’es planté la dernière fois, alors cette fois-ci, je compte sur toi ! Ne me déçois pas ! »
Comment vous sentez-vous ? Humilié, en colère, motivé ?
Proposons maintenant à ce manager d’appliquer quelques principes que la science reconnaît comme efficaces :

Principe n°1 : l’esprit va où vos mots l’emmènent

L’autre qui écoute va penser à ce que vous dites, aux mots que vous employez. Si vous dites « génial », « super », il se sent bien. Si je vous dites « nul », « trop petit », « tu t’es planté », il se sent jugé et réduit.
Pour approfondir le sujet, Conte de faits : le collaborateur et le roi
Note : j’évoque simplement ici les mots et le verbal. Vos mots parlent aussi de vous, de ce que vous avez dans la tête. Si vos pensées sont grandes ou petites par exemple… 

Principe n°2 : le collaborateur entend le positif

La recherche a prouvé que le cerveau n’entend pas le négatif avant l’âge de 8 ans… La pratique dit que nous entendons le négatif à partir de… 88 ans ou plus. « Y a pas de problème » « ne t’inquiète pas » ou en l’occurrence « ne me déçois pas » fait entendre au collaborateur : « problème », « inquiète » et « déçois »
Essayez : « nous trouverons des solutions » ou « sois rassuré » ou « j’ai confiance » Le petit rien qui change tout…

Principe n°3 : l’autre a besoin de précision

« Développer ton chiffre d’affaires », c’est un peu flou. Comment le collaborateur saura-t-il qu’il y est arrivé ? Imaginez que vous dites, dans un autre contexte : « Peux-tu me chercher mes clés ? » Quelles sont votre première réaction ? Oui ! Cette réaction-là : Quelles clés ! Où sont-elles ? Pour quoi faire ? Ouvrir la voiture, le garage ?
Pour le chiffre d’affaires, c’est : quel est le CA actuel, vers quoi vous voulez aller, sur quel territoire, avec quelle intention ?

Principe n°4 : partagez aussi les hypothèses et les croyances

En lien avec le problématique de chiffre d’affaires à développer, vous avez fait l’hypothèse que le développement était possible : sur quelles bases ? Vous avez confiance dans sa capacité/motivation pour réaliser son objectif : sur quoi repose cette confiance ?
Note : Cela vous évitera ainsi de poser la question fatale : « pourquoi tu n’y es pas arrivé ? ». Fatale parce que totalement inefficace. Le collaborateur va stresser, se défendre et vous n’aurez que peu d’informations fiables.

Principe n°5 : si c’est nécessaire, pensez aux étapes. Sinon proposez-lui de revenir avec un plan d’action

Si votre collaborateur a besoin de plus de cadre, n’hésitez pas à partager les étapes intermédiaires. Si au contraire, il semble autonome, proposez-lui de revenir avec son plan d’action ou même de préciser cet objectif.
Pour approfondir : Comment exceller en management… et en beaucoup d’autres choses

Ces 5 principes, appliqués à notre proposition du début – le manager qui délègue un objectif de chiffre d’affaires à son collaborateur préféré – donnent par exemple : « J’ai pensé à toi pour développer le chiffre d’affaires sur tel produit de x% sur le premier semestre 2021. En effet, tu as proposé à la réunion hebdomadaire quelques pistes qui me semblent intéressantes et à creuser, et la direction a envie de développer cette ligne de produit. Qu’en penses-tu ? »
Comment vous sentez-vous ?
Bien entendu, ajuster ses mots est un art toujours perfectible. Ce travail ressemble à celui de l’archer qui doit ajuster sa flèche : un travail de terrain, de répétition, d’affinage. La cible – qui représente la précision – peut être impitoyable. Ce travail peut sembler tatillon parfois, c’est juste mais
« couper les cheveux en quatre » peut être un passage obligé vers l’aisance, la maîtrise de votre art de manager.