Le monde change. L’aube d’une époque où le visage de la plupart des industries sera complètement métamorphosé par la technologie et l’automatisation. Pour la plupart des gens, cela veut dire que, oui, les robots seront bientôt là et oui ! Cette nouvelle main-d’œuvre aura une incidence sur les emplois. Ce n’est pas quelque chose qui pourrait peut-être arriver… Non, c’est déjà enclenché. Tout ça peut sembler effrayant, mais nous n’avons pas à être terrifiés. L’atout le plus important pour créer son gagne-pain : vous-même. Et c’est pourquoi, beaucoup devront devenir entrepreneur.

Voici juste une statistique parmi tant d’autres qui pourraient vous convaincre : une étude récente effectuée par le Brookfield Institute a conclu que 42 % des emplois canadiens ont une forte chance d’être automatisés. Nombre d’autres rapports ont affirmé que jusqu’à 50 % de tous les emplois pourraient être occupés par des robots d’ici 2030. Si les cols bleus sont le plus à risque de voir leur poste automatisé, particulièrement ceux qui occupent des emplois très répétitifs comme le travail sur les chaînes de production, aucun poste n’est vraiment entièrement hors de danger. Les chercheurs de McKinsey disent que près de la moitié des tâches faites par les hommes pourraient être faites par des machines au cours des 20 à 50 prochaines années. Le Bookefield Institute suggère que ce changement radical dont nous sommes témoins sera similaire à celui qui est survenu lorsque notre économie agricole s’est transformée, au début du 20e siècle.

50 % de tous les emplois pourraient être occupés par des robots d’ici 2030

Des entreprises comme le fabricant de vêtements Zara ont d’ailleurs suivi ces tendances inévitables. Au cours des quelques dernières années, Zara a ouvert une douzaine d’usines hautement automatisées en Espagne où des robots travaillent constamment à tailler et à teindre les tissus et à créer les bases de ce qui deviendra par la suite le produit final de l’entreprise. De même, commander votre nourriture ou une boisson d’un écran tactile dans les restaurants et les cafés devient de plus en plus une pratique courante partout sur la planète, si bien que même les restaurants McDonald ont commencé à utiliser des kiosques libre-service plutôt que d’offrir le service au comptoir. Et Amazon, bien avant de lancer son système de livraison par drone, avait remplacé tous ses opérateurs de chariots élévateurs par des robots programmés pour aller chercher les objets après les avoir mis à l’essai durant la crise économique, il y a près de dix ans.

Même un domaine aussi nuancé que les arts n’est pas entièrement à l’abri des avancées de l’automatisation. L’Orchestre symphonique de Londres a récemment joué une symphonie composée par programme informatique appelé Iamus. Si le résultat n’était pas particulièrement agréable à l’oreille, la technologie ne peut qu’évoluer. Les ordinateurs savent déjà reproduire les toiles des grands maîtres. S’ils ne peuvent pas encore créer leurs propres toiles, ils peuvent facilement reproduire un Picasso à la touche impeccable. Plusieurs tâches des autres types de peintres, comme ceux qui peinturent les bâtiments et l’intérieur des maisons, sont déjà attribuées à des drones. Et on affirme que les ordinateurs font d’excellents éditeurs littéraires. Les algorithmes peuvent prédire avec une précision de 80 % si un roman sera un meilleur vendeur, simplement à partir de données tirées du texte.

Si vous n’avez pas encore entendu parler des véhicules autonomes, vous devez vivre au fond d’une forêt reculée : ils s’en viennent, et plus tôt que tard. Ce genre de technologie réduira la nécessité de trouver des conducteurs de camions longue distance et modifiera l’industrie du transport. Plus de 700 000 camions canadiens parcourent les routes : il va sans dire que camionneur est un des emplois les plus communs au monde et, dans un avenir pas si lointain, toute cette catégorie d’emploi pourrait disparaître.

Les machines peuvent évidemment lire des tonnes de données beaucoup plus vite que les humains, alors le courtage sera probablement automatisé également. Watson, le super ordinateur d’IBM, peut traiter 200 millions de pages d’information et offrir un diagnostic pour le problème qui vous embête en moins de trois secondes. The Economist va même jusqu’à dire que, au fur et à mesure que les machines auront accès à plus de données et que les logiciels deviendront plus efficaces, la profession de comptable pourrait appartenir au passé.

Vous pourriez être enclin à croire que le toucher et la compagnie nécessitent un être humain, mais voilà qui pourrait changer également : les robots seront bientôt si semblables aux êtres humains qu’il sera difficile de les différencier de nous – ou cela n’aura simplement pas d’importance, puisqu’ils pourront vous toucher, vous écouter, parler et répondre, et être un véritable ami. Si le journalisme est semble-t-il un des emplois qui se prêtent le moins à l’automatisation, il y a encore une chance que 90 % des articles soient écrits par des machines d’ici à peine 15 ans.

Il y a encore une chance que 90 % des articles soient écrits par des machines d’ici à peine 15 ans

Les experts avertissaient d’ailleurs les agents fédéraux pas plus tard que l’été dernier que l’automatisation risque de faire disparaître des millions d’emplois au Canada, et que ce n’est pas une lointaine possibilité. Un rapport de Sunil Johal et Jordann Thirgood du Centre Mowat de l’École de politiques publiques et de gouvernance de l’Université de Toronto affirme que les politiques et les programmes sociaux du pays ne sont pas prêts à encaisser un changement aussi radical que celui que l’automatisation risque de provoquer. Des 18 millions d’emplois existants au Canada aujourd’hui, de 1,5 à 7,5 millions risquent de disparaître, ce qui constitue un nombre plutôt effarant. Bien que l’automatisation entraînera la création de nouveaux types d’emplois – lorsque la technologie rend certaines professions désuètes, elle en crée toutefois de nouvelles – personne ne peut prédire avec exactitude combien d’emplois seraient ainsi créés, leur traitement ou encore le moment où ces nouveaux postes se concrétiseraient. Essayer de prédire l’avenir est une perte de temps, au mieux, et une catastrophe imprévisible dans le pire des cas, alors placer nos espoirs dans l’idée que l’arrivée des robots provoquera une vague d’emplois proportionnelle pour les Canadiens est loin d’être un pari gagnant.

Tout cela change non seulement la façon dont les entreprises définissent le concept d’« employé », mais également la valeur accordée à ces employés. La relation entre l’employé et l’employeur a toujours été tendue en raison des questions du salaire, des avantages sociaux et des conditions de travail. En cette ère d’automatisation, les employeurs pourraient éviter ces querelles en remplaçant leurs travailleurs par des machines. Foxconn, par exemple, un des plus grands fabricants de produits Apple au monde, a éliminé 60 000 emplois réservés aux humains l’an dernier, réduisant du coup sa main-d’œuvre de 110 000 à 50 000 employés. Alors que la plupart des entreprises clament haut et fort à quel point leurs employés sont importants et précieux, leur désir de toujours améliorer leur marge de profit pourrait les pousser à faire des choix difficiles entre épargner de l’argent et continuer à offrir des emplois à leurs travailleurs.

Alors, que nous réserve l’avenir? Est-ce que ce sera comme une scène tirée des films Terminator, où les machines se soulèvent contre l’humanité qui les a traitées en esclave durant tout ce temps et se révoltent contre un oppresseur mortel – donc inférieur? (Oui, ce serait notre position…) Est-ce que nous vivrons plutôt un avenir à la Retour vers le futur II, où les chaussures se lacent d’elles-mêmes et où nous nous baladons sur une planche flottante? Peut-être pensez-vous que ce sera plutôt comme Blade Runner, ce monde dans lequel les androïdes sont devenus des créations si sophistiquées que nous sommes pratiquement incapables de les distinguer des vrais êtres humains. Il est probable que notre avenir soit en fait un mélange de ces scénarios – sans la guerre contre l’humanité, avec un peu de chance. Toutefois, ces univers cinématographiques qui nous semblaient autrefois si futuristes font maintenant partie de notre avenir proche, et toutes ces histoires ont un point commun : la perte d’emplois.

Et combien de temps avant que ces fictions ne deviennent réalité? Ray Kurzweil, directeur de l’ingénierie à Google et un des futurologues les plus renommés au monde (un futurologue est un scientifique qui tente d’explorer les prédictions et les possibilités au sujet du futur de façon systématique) peut se vanter d’avoir un taux d’exactitude d’environ 86 % pour les prédictions qu’il a faites durant sa carrière. Or, il a récemment prédit que la « singularité » se produirait d’ici l’an 2045. Et qu’est-ce que la singularité? C’est le moment où la technologie devient plus intelligente que l’homme. Il s’attend à ce que, d’ici 2029, une machine puisse passer avec succès le test de Turing – un test qui vérifie la capacité d’une machine à démontrer un comportement intelligent équivalent à celui d’un humain, ou à tout le moins impossible à distinguer de celui d’un humain. Alors, on ne parle plus d’une grosse boîte dotée de petites cases à cocher qui remplacerait le serveur de votre restaurant préféré. Bientôt, nous pourrions être en concurrence avec les machines sur le plan intellectuel.

Toutefois, cette constatation n’a pas à être terrifiante… Tout ce que vous devez faire pour être prêt à vivre dans un monde où l’automatisation est de plus en plus présente est de bien vous préparer. Et pour bien vous préparer, vous devrez être entrepreneur. Et vous auriez dû commencer hier.
Pourquoi si tôt ? En fait, les pigistes composent déjà 35 % de la main-d’œuvre aux États-Unis – soit 55 millions de personnes. Environ 1,9 million de Canadiens revendiquent le statut de travailleur autonome sans employés relevant d’eux, selon Statistique Canada, tandis que 2,3 millions sont considérés employés temporaires. Ensemble, ces deux groupes constituent environ 21,5 % de la main-d’œuvre canadienne. Depuis longtemps, les gens se sont habitués à des rôles plus traditionnels sur le marché du travail : on se lève, on va travailler pour une autre personne à un endroit en dehors de la maison, on reste sur place pour la durée requise, on reçoit un chèque toutes les deux semaines et on répète cette routine tous les jours pendant des années, jusqu’à la retraite. Cependant, ce 21,5 % indique que le paradigme de l’emploi traditionnel est déjà en train de changer. Plusieurs, sinon la majorité des emplois pourraient simplement disparaître en raison de cette « levée des machines » que nous avons abordée plus tôt.

En tant qu’entrepreneur, vous ne serez pas ligoté aux idées reçues ou condamné à être victime des tendances présentes et futures; vous pourrez contrôler votre propre destin. Les jeunes ont déjà adopté ces principes : près d’un tiers des milléniaux se tournent déjà vers l’entrepreneuriat. Ce concept englobe tout, de la rédaction à la pige au lancement d’une crèmerie indépendante. Et les deux ne sont pas si différents. Dans les deux cas, vous êtes un travailleur autonome et, dans les deux cas, vous êtes seul responsable de votre propre succès et de vos propres échecs. Toutefois, le saut de l’emploi traditionnel à l’entrepreneuriat peut être difficile à faire pour certains, et nous remarquons que les « intrapreneurs » sont de plus en plus monnaie courante. Un intrapreneur est une personne qui décide de trouver une nouvelle idée au sein d’une entreprise et qui entreprend de la transformer en produit fini pouvant générer un profit. Ainsi, si la perspective de vider votre bureau et de vous lancer dans l’aventure de la pige vous semble un peu trop terrifiante pour l’instant, vous pouvez prendre l’initiative à l’endroit où vous travaillez et mettre en pratique les compétences dont vous aurez besoin pour subvenir vous-même à vos besoins.

Près d’un tiers des milléniaux se tournent déjà vers l’entrepreneuriat

Une étude menée par Paychex menée entre 2000 et 2014 à partir de 400 000 CV a conclu que les postes de pigistes inclus sur les CV avaient augmenté de 500 %. D’ici 2020, on estime que près de la moitié de la main-d’œuvre sera composée de travailleurs autonomes – des gens qui font de la pige à temps plein ou qui en font en parallèle à leur emploi régulier. C’est dans moins de trois ans! Les gens qui ont commencé la pige tôt auront plus de contacts et de liens, ce qui leur permettra d’être vraiment autonomes et d’être à l’aise lorsque la main-d’œuvre se transformera pour suivre cette économie à la demande de plus en plus forte. AirBnb, Uber et TaskRabbit ont déjà trouvé des façons d’intégrer le travail à la pige dans leurs champs respectifs.