Arianna Huffington  milite pour une vie moins stressante

Parce que le niveau de stress en entreprise et dans la vie quotidienne a augmenté de 18 % ces trente dernières années*, mais aussi parce qu’elle-même a vécu le burn out allant jusqu’à l’hospitalisation, Arianna Huffington a décidé de prendre un nouveau chemin professionnel. Avec « Thrive Global », elle redéfinit les critères de la réussite. Si aujourd’hui, son parcours prend tout son sens, la femme d’affaires n’a pas toujours été le modèle de zen attitude que l’on connaît.
« Si nous avons de la chance, nous avons 30 000 jours à vivre. Essayons d’en faire le meilleur usage », déclare Arianna Huffington dans son livre Thrive, publié en 2014, dans lequel elle milite pour une vie moins stressante, tournée vers l’autre, l’émerveillement et le bien-être.  Tout a commencé le 6 avril 2007 lorsque la femme d’affaires se réveille chez elle couverte de sang, après s’être effondrée d’épuisement et fracturé la pommette en s’évanouissant. L’accident survient en plein essor de son Web média, le réputé Huffington Post, fondé deux ans plus tôt. « Je travaillais dix-huit heures par jour, sept jours sur sept, m’efforçant de bâtir une entreprise, d’élargir notre audience et de trouver des investisseurs », explique-t-elle. La prise de conscience est instantanée ; Arianna décide de changer de vie, de ralentir, et surtout de dormir ! D’ailleurs, son livre « la Révolution du sommeil », directement inspiré de son expérience, prône de transformer sa vie en transformant ses nuits. Dans le même esprit, elle installe des cellules de repos dans les bureaux du Huffington Post et propose à ses salariés des cours de yoga gratuits.
*Selon une étude de l’American Psychological Association
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Elle quitte carrément la direction du Huffington

Cette année 2016 et dans la lignée de sa nouvelle philosophie de vie, elle quitte carrément la direction du Huffington pour se consacrer pleinement à sa nouvelle startup « Thrive Global », spécialisée dans le coaching bien-être. Elle ambitionne de « changer la manière dont on travaille et dont on vit, en mettant fin à l’illusion collective selon laquelle le burn out est une rançon nécessaire au succès. » Elle explique que les critères actuels de la réussite – pouvoir et argent – ne sont plus adaptés,  un peu comme si l’humain se tenait assis sur un tabouret à deux piliers qui finira forcément par tomber, car il manque le troisième fondamental pour tenir debout, à savoir le bien-être ; the « Third Metric » (« troisième pilier », en anglais), comme elle l’appelle.

De la femme d’affaires ambitieuse à la coach en zénitude

Elle n’a pas toujours porté ce type de valeurs, comme le révéle le magazine Vanity Fair en 1994 dans une enquête approfondie. Née à Athènes en 1950, Arianna Stassinopoulos est ambitieuse. A 16 ans elle décroche une bourse d’études, déménage à Cambridge (Angleterre) pour étudier l’économie, et devient la première femme étrangère à y présider le célèbre « club des débats ». 3 ouvrages et 20 années plus tard, elle épouse Michael Huffington, riche héritier d’une fortune pétrolière.  Selon Vanity Fair, c’est elle qui coache son mari et donne les consignes de vote pour le faire accéder au siège de sénateur de Californie. Toujours selon Vanity Fair, d’anciens assistants parlementaires mentionnent avoir été menacés, des employés de maison se plaignent du caractère exécrable du couple expliquant avoir été traités « comme des esclaves ». L’affaire fait du bruit, mais n’arrête pas la femme ambitieuse.
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200 millions de lecteurs à travers le monde

Arianna divorce en 1997 après avoir mis au monde deux enfants, et se présente pour devenir gouverneur de Californie en 2003 contre Arnold Schwarzenegger, mais la presse s’acharne sur ses finances (une maison à plusieurs millions de dollars) et le montant de ses impôts (à peine 700 dollars en deux ans). Las, elle abandonne sa carrière politique et se réinvente entrepreneure. C’est là qu’elle fonde le Huffington Post dont une partie du modèle économique repose sur la contribution gratuite de journalistes et blogueurs en l’échange de notoriété. Le site mise tout sur le référencement Google et fait carton plein. Avec 200 millions de lecteurs à travers le monde, des déclinaisons nationales du journal (la version française est dirigée par Anne Sinclair), le « Huff’ » devient l’un des Web médias les plus consultés aux États-Unis.

L’ex-workaholic fait son mea culpa et continue son chemin

En 2011, le journal est racheté par le géant AOL pour 315 millions de dollars, dont 20 millions sont empochés directement par Arianna. De nombreux blogueurs du site montent au créneau et se revendiquent « victime d’une trahison », réclamant une part des bénéfices. Jonathan Tasini, l’un des auteurs historiques du site et à l’initiative du procès – qu’il a par ailleurs perdu – a comparé les contributeurs du Huffington Post à « des esclaves modernes sur la plantation d’Arianna Huffington. » Les tensions sont-elles  apaisées depuis ? Rien n’est moins sûr, mais Arianna Huffington fait son mea culpa et continue son chemin. C’est aujourd’hui en femme expérimentée qu’elle tente sa nouvelle aventure « Thrive Global ». L’ambition peut-être rime avec le bien-être ? Certainement ! Et Arianna, en tant qu’impitoyable ex-workaholic, compte bien nous le prouver.