Le job strain : une définition au-delà du stress

Selon le ministère du Travail, le job strain exprime plus exactement la situation dans laquelle un salarié « ne dispose plus de marge de manœuvre individuelle suffisante pour faire face aux exigences ressenties dans son travail » entraînant tension et mal-être pouvant conduire à une dégradation de la santé physique ou mentale. Cet indice psychologique se mesure sous forme de questionnaire appelé « questionnaire de Karasek ».

Une étude renouvelée depuis 1994

Pour en arriver à la conclusion qu’un tiers des salariés français souffrent de job strain, la Dares a analysé les conclusions de 1 200 médecins du travail réalisées sur 26 500 salariés français entre 2016 et 2017. Cette étude, récemment publiée, complète les résultats d’études identiques qui ont été accomplies en 1994, 2003 et 2010.

66 % des salariés pensent qu’on leur demande de travailler trop vite

Concrètement, la proportion de salariés déclarant subir une tension au travail s’élevait à 27 % en 2003, 32 % en 2010 et 32 % également dans l’étude publiée cette année. 2/3 des salariés ont précisé qu’on leur demandait de « travailler très vite » (+3 points entre 2003 et 2018), 35 % d’entre eux estimant « qu’on leur demandait une quantité excessive de travail » (+4 points entre 2003 et 2018) et 30 % « qu’ils n’ont pas le temps de faire correctement leur travail » (donnée stable). « Le plus haut de 2010 est sans doute à mettre en lien avec la crise de 2008 et les changements d’organisation importants dans les entreprises qui ont suivi », explique Sarah Memmi, sociologue à la Dares. Concernant la stabilité de la donnée entre 2010 et 2018, la Dares ne fournit pas d’explication. Au management d’en tenir compte pour fixer des objectifs plus cohérents avec les ressources humaines en présence et pour vérifier constamment les conditions de réalisation des missions.
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Collaborateurs toxiques et manque de reconnaissance

L’étude ne s’arrête pas à la mesure du ressenti face à la charge de travail. Elle suit également le nombre de salariés déclarant subir des comportements hostiles ou un manque de reconnaissance de leur hiérarchie : deux situations classées dans la catégorie des risques psycho-sociaux. En effet, qu’il s’agisse d’un collègue indélicat ou jaloux ou d’un supérieur hiérarchique profondément toxique, le comportement négatif d’un ou plusieurs collaborateurs joue sensiblement sur le bien-être et la santé, précise la Dares. De même, le manque de reconnaissance est reconnu comme un véritable facteur de tension au travail.  Or ces deux facteurs de job strain se révèlent en légère baisse par rapport aux résultats de l’étude 2010, après avoir largement augmenté entre 1994 et 2010.
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Les conclusions à tirer de cette étude 

Le job strain, ancré de manière stable dans le milieu professionnel (32 % en 2010 et en 2018), il n’est pas tant dû aux comportements hostiles (en baisse) ou à un manque de reconnaissance (aussi en dimuntion) qu’à une charge de travail jugée trop importante (en hausse).  « Les risques psychosociaux semblent diminuer, mais les médecins du travail font bel et bien état d’une dégradation du vécu des travailleurs », confirme la sociologue à la Dares Sarah Memmi, avant d’ajouter que le sujet sera approfondi lors des prochaines études. Charge aux managers de rester vigilant pour limiter le job strain dans leurs équipes.
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