Neurosciences et IA : le nouveau duo stratégique des leaders lucides

Neurosciences et Intelligence Artificielle : le nouveau duo stratégique des leaders lucides

Le cerveau, cet outil de leadership
sous-exploité

Commençons par une évidence trop souvent ignorée : la majorité des dirigeants n’ont jamais été formés à comprendre leur propre cerveau. Pourtant, c’est lui qui pilote chaque décision, chaque interaction, chaque prise de parole.

Les dernières recherches en neurosciences ont mis en lumière des réalités passionnantes -et parfois dérangeantes – sur notre fonctionnement :
Notre cerveau n’aime pas l’incertitude. Il préfère une mauvaise certitude à une bonne surprise. Ce biais de sécurité peut bloquer l’innovation ou nous faire persister dans des modèles obsolètes.
Le stress chronique altère le cortex préfrontal, zone de la décision stratégique, de l’empathie et de la créativité. En d’autres termes, un dirigeant stressé est un dirigeant aveugle.
Nos émotions ne sont pas des faiblesses, ce sont des données. Elles nous informent en temps réel sur l’état de notre environnement intérieur et extérieur. Encore faut-il apprendre à les lire.

Selon une étude de l’American Institute of Stress, 77 % des dirigeants américains déclarent ressentir régulièrement les effets du stress sur leur clarté mentale et leur qualité de décision. Et selon McKinsey, les leaders les plus performants sont 5 fois plus susceptibles de pratiquer des routines de régulation mentale.

Aux États-Unis, de plus en plus d’entrepreneurs et de fonds d’investissement intègrent les neurosciences dans leur stratégie de leadership : non pas pour mieux gérer leur stress, mais pour améliorer radicalement leur qualité de décision. Ce n’est plus un sujet de bien-être, c’est un levier de performance cognitive.

Enfin, comprendre son cerveau, c’est aussi comprendre ses deux grands systèmes de pensée, tels que décrits par le Prix Nobel Daniel Kahneman :
– le Système 1, rapide, intuitif, automatique, émotionnel ;
– et le Système 2, lent, réfléchi, rationnel, analytique.

Dans les environnements de stress ou de surcharge cognitive, c’est le Système 1 qui prend le dessus — au risque de décisions impulsives, biaisées, voire contre-productives. Le rôle du dirigeant lucide est de savoir quand ralentir pour réactiver le Système 2.

L’IA : amie ou ennemie du cerveau humain ?

Lors de mes conférences sur l’intelligence artificielle, je constate une réalité frappante : la plupart des décideurs n’ont aucune culture de base sur l’IA. Il est urgent de démocratiser son fonctionnement, ses logiques et ses limites.

Face à cette vulnérabilité biologique, l’intelligence artificielle arrive avec des promesses de puissance et de rationalité. En entreprise, elle s’invite partout : dans le recrutement, la stratégie, la relation client, la logistique, le marketing…

Mais à force d’être fascinés par ses capacités, certains dirigeants en oublient une règle de base : l’IA est un outil, pas un cerveau. Elle ne ressent pas. Elle n’anticipe pas l’inattendu. Elle ne juge pas de l’opportunité politique d’une décision. Elle ne remplace pas la lucidité humaine, elle la soutient – à condition que celle-ci soit opérationnelle.

Or, que constatons-nous sur le terrain ? De nombreux décideurs adoptent l’IA sans avoir pris le temps de se demander s’ils étaient en état de l’utiliser intelligemment. Un cerveau fatigué, stressé, sur-sollicité, ne peut pas dialoguer efficacement avec un outil aussi complexe. Il se contente d’en faire un gadget ou, pire, de s’en remettre à lui sans discernement.

Le vrai enjeu aujourd’hui n’est pas de rendre l’IA plus humaine. C’est de rendre les humains plus lucides au contact de l’IA.

Vers un nouveau modèle de leadership : le leader augmenté… en conscience

Ce que j’observe dans mes accompagnements de dirigeants, c’est un tournant silencieux mais décisif : ceux qui réussissent à naviguer dans ce nouveau monde ne sont pas les plus techniques. Ce sont ceux qui ont compris que la technologie, aussi brillante soit-elle, n’a de sens que si elle est pilotée par un esprit clair.

Voici ce que j’appelle le leadership augmenté en conscience :
Un leader qui connaît ses biais cognitifs et sait les repérer dans ses décisions.
Un leader qui pratique l’autorégulation mentale pour rester calme, focus et lucide même sous pression.
Un leader qui utilise l’IA comme un levier d’intelligence collective, et non comme un substitut à sa propre réflexion.
Un leader qui forme ses équipes non seulement aux outils, mais aussi à la maîtrise de soi.

Ce nouveau leadership ne s’improvise pas. Il s’apprend. Il se muscle. Il repose sur une connaissance fine des mécanismes neuronaux, émotionnels et attentionnels. Et sur une volonté claire de sortir du pilotage automatique.

L’erreur à éviter : croire qu’on n’a pas le temps

Face à ces enjeux, une réponse revient souvent : « Je n’ai pas le temps de
me former à ça. » C’est l’illusion classique du dirigeant débordé. Pourtant, les neurosciences sont formelles : un cerveau non entraîné consomme davantage d’énergie, commet plus d’erreurs et fatigue plus vite. Investir dans sa lucidité, ce n’est pas du confort. C’est de la stratégie.

De la même façon qu’un sportif de haut niveau travaille son mental pour performer, un dirigeant a tout à gagner à comprendre les ressorts de son attention, de sa mémoire, de son stress ou de ses prises de décision.
Les technologies nous poussent à aller toujours plus vite. Les neurosciences nous rappellent qu’aller plus vite avec un cerveau qui flanche, c’est aller droit dans le mur.

Comment allier IA et neurosciences dans les organisations ?

Voici quelques pistes concrètes que je mets en œuvre avec les codirs que j’accompagne :
Former les dirigeants aux biais cognitifs pour éviter les erreurs stratégiques face à des datas massives.
Développer des routines de régulation émotionnelle (cohérence cardiaque, attention dirigée, respiration) pour améliorer la clarté mentale.
Utiliser l’IA pour objectiver certaines décisions, tout en maintenant une gouvernance humaine fondée sur la nuance et l’intuition.
Créer des temps de pause stratégique, où le cerveau a le droit de ralentir pour mieux analyser.
Évaluer les impacts cognitifs des transformations numériques sur les collaborateurs avant de déployer les outils.

Car l’IA, sans cerveau lucide pour la piloter, devient un facteur d’accélération du stress. Mais bien utilisée, elle peut au contraire libérer du temps de cerveau disponible, au sens noble du terme.

Le vrai luxe de demain : la clarté

Nous entrons dans une ère où le savoir ne manque plus. Ce qui manque, c’est le discernement. L’attention. La capacité à faire silence au milieu du bruit.

Dans ce contexte, les dirigeants qui feront la différence ne seront pas ceux qui courent le plus vite. Mais ceux qui voient clair. Ceux qui savent quand accélérer, quand ralentir, quand décider et quand écouter.
Ceux qui ne délèguent pas leur pouvoir d’analyse à la machine, mais qui l’augmentent grâce à elle. Ceux qui ne subissent pas leur cerveau, mais qui en font un allié.

C’est cette voie que je propose d’explorer : une alliance féconde entre intelligence artificielle et intelligence neuronale. Non pas pour devenir des surhommes. Mais pour redevenir pleinement humains, lucides, alignés.
Car dans un monde saturé de données, le vrai luxe, c’est la clarté.

Maryline Perenet accompagne les dirigeants et leurs équipes à travers des bootcamps de lucidité et du coaching stratégique fondé sur les neurosciences. Ancienne dirigeante et formée au MIT, elle conjugue exigence business et puissance humaine pour révéler des leaders inspirants, autonomes et performants.
Neurosciences et IA duo stratégique/Neurosciences et IA : le nouveau duo stratégique

Maryline Perenet, Maryline Perenet, une entrepreneure engagée au croisement de la tech et de l’innovation: Son parcours atypique fait d’elle une experte aux multiples facettes. Férue de robotique et de technologie depuis son enfance, elle fonde sa première entreprise à 22 ans dans l'administration judiciaire, avant d’aller à la Silicon Valley pour renforcer sa vision entrepreneuriale. De retour en France, forte de sa connaissance des nouvelles technologies, elle fonde Digit’Owl et initie + de 50 000 enfants à la programmation et à l’IA. Cette initiative lui vaut le Trophée de l’Éducation d’Europe 1 en 2017. Elle co-fonde le podcast Followsophy, un espace où elle invite les jeunes à questionner leur rapport au digital. Avec Crescendo IA, elle accompagne les entreprises dans l’intégration de l’IA pour stimuler leur croissance. Récompensée par le prix « Entrepreneur de l’année catégorie Tech », reconnue pour son expertise et son engagement, elle participe ou implémente des initiatives en faveur des femmes dans l’entrepreneuriat et dans la tech. Engagement qui lui vaut une nomination parmi les 40 femmes Forbes de l2023. Auteure, conférencière reconnue et voix influente sur les enjeux du digital. En 2024, elle devient Directrice Générale de REACTIVE EXECUTIVE, où elle pilote les stratégies de marketing automation, de data et de développement commercial pour accélérer la transformation des entreprises.