5 ans après le Covid, pourquoi le travail hybride et à distance a-t-il si mauvaise presse ?

Travail hybride et mauvaise presse

5 ans après le Covid, pourquoi le travail hybride et à distance a-t-il si mauvaise presse ?
“Les dirigeants veulent ramener tout le monde au bureau”, ce type de phrases lues ces dernières semaines à l’occasion des 5 ans du Covid alimente la fracture entre employeurs et employés. Google, Amazon ou encore Ubisoft, les géants de la tech ont fait machine arrière au grand dam de leurs salariés.

Pourtant la lune de miel avait bien commencé. Entre 2017 et 2024, la pratique du télétravail est passée de 17% à 36% selon Statista avec une hausse logique pendant le premier confinement. Les entreprises se sont mises en ordre de
marche : équipements de leurs salariés, accords et chartes d’entreprises pour encadrer la pratique. Selon l’Insee, 55 % des accords d’entreprises autorisent le télétravail deux jours maximum par semaine contre 30 % en 2019.

Mais fin 2024, coup de massue ! Les entreprises françaises durcissent les règles sans pour autant renoncer à 100%. Désormais essentiellement hybrides, les jours de télétravail sont passés en moyenne à 1,9 jour hebdomadaire, contre 3,3 début 2021 toujours selon l’Insee. Décisions qui déplaisent fortement à une grande majorité des salariés qui se rebiffent. Selon une étude Apec, 82% des cadres, dont les deux tiers sont en télétravail au moins un jour par semaine, sont opposés à sa suppression.

Détricoté, conspué, le télétravail voit sa côte de popularité dégringoler. Or, et malgré les informations contraires, il y a peu à craindre – et beaucoup à gagner – avec cette nouvelle tendance : « Travaillez où que vous soyez ».

Créer une culture du travail à distance

Dans une ère numérique où la plupart des employés devraient être en mesure d’effectuer leurs missions à domicile, certaines entreprises sont encore préoccupées par le travail à distance. Malgré les études montrant que 86% des travailleurs sont plus productifs lorsqu’ils travaillent à distance, beaucoup pensent que cela a des conséquences négatives sur l’esprit et le travail d’équipe d’autant que les problèmes de confiance de la part des managers sont souvent pointés du doigt.

En réalité, les employés travaillant à distance sont généralement plus engagés et productifs. Cela permet également aux entreprises d’élargir les candidatures au-delà des frontières géographiques lors de la recherche de talents. La façon dont Sid Sijbrandij, cofondateur de GitLab, a bâti une entreprise aujourd’hui évaluée à 1 milliard de dollars, avec 700 employés travaillant à distance, devrait être largement suffisante pour convaincre les sceptiques des bénéfices du juste équilibre. Les cofondateurs de Basecamp, David Heinemeier Hansson et Jason Fried, sont également connus pour leur politique de travail à distance, et leurs livres à succès

L’équilibre est le mot clé. Les craintes liées à une mauvaise communication et à l’incapacité de suivre les performances des télétravailleurs sont largement infondées. Selon une étude de McKinsey, les entreprises qui intègrent des KPI numériques dans leur gestion quotidienne constatent une augmentation de 20 à 30 % de la productivité.

Façonner une collaboration intelligente, non de solitude

Entre les bavardages entre collègues ou les sonneries de téléphone, les bruits de bureau sont souvent un obstacle à la concentration. D’ailleurs de nombreux salariés préfèrent s’isoler pour être plus productifs et pour échapper aux distractions du bureau. Selon une étude Dropbox, le manque de concentration coûte aux entreprises américaines près d’un tiers de leur temps et de leurs salaires. En revanche, trop de travail à distance pourrait aussi faire naître un sentiment de solitude et d’isolement :  pour 37 % des salariés français, l’isolement lié au télétravail représente un risque psycho-social élevé, alors qu’ils n’étaient que 10 % à partager cet avis avant la pandémie selon une étude EY.

Dans la cadre de la transformation numérique, l’expérience des employés joue un rôle essentiel, car la sélection des bons outils de communication devient un précieux atout pour faciliter la collaboration, réduire l’isolement, attirer et retenir les talents. Alors qu’il existe désormais de nombreuses solutions de communication au travail, l’utilisation excessive de canaux de communication peut néanmoins être préjudiciable à la collaboration.

Lorsque la visioconférence est arrivée pour la première fois sur les lieux de travail, la gestion de la bande passante et les bugs de démarrage ont fait d’elle une ressource réservée aux cadres supérieurs et aux grandes entreprises. Les défis ont été parfaitement mis en évidence dans une publicité pour Zoom.

Les réunions en ligne sont désormais beaucoup plus efficaces, avec des solutions vidéo en constante évolution, la gestion de la bande passante et l’apparition de plateformes de collaboration vidéo déployées dans le cloud. L’utilisation croissante de la vidéo en tant que média, sur les réseaux sociaux et les plateformes comme WhatsApp et Facetime, ont contribué à sa popularisation et à son adoption dans les entreprises.

Préserver le contact humain

Malgré la richesse des outils pour garder tout le monde connecté, il est important de continuer à promouvoir les journées d’équipe, les réunions en personne et les ateliers en physique. Il faut développer et entretenir une culture du travail positive tournée vers l’humain. A ce titre, le Danemark est régulièrement cité comme un modèle d’une culture de travail flexible perfectionnée, construite autour de la communication, de la collaboration et de la responsabilité individuelle.

Si l’on s’intéresse maintenant au design des bureaux, ces derniers commencent enfin à être pensés pour le développement et l’épanouissement des salariés. Il ne faut cependant pas négliger le bureau “à la maison”, ni le considérer comme un lieu où les salariés seraient moins performants, au contraire. Plusieurs facteurs sont à prendre en compte pour améliorer le bien-être et la productivité des employés, mais il est grand temps d’arrêter de se soucier des limites géographiques et du lieu de travail.

L’intégration du travail à distance ne doit pas se limiter à une stratégie du « tout ou rien ». Il s’agit de proposer aux employés diverses options, et quel que soit le scénario retenu, il faut donner la priorité à l’humain.
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Jean-Baptiste Pain, Managing Director – Vice President South Europe & North West Africa chez Jabra: Diplômé d’école de commerce, il débute sa carrière chez Verizon avant de rejoindre Polycom, puis Jabra en 2009 comme directeur commercial France/Afrique. Fin connaisseur du marché audio-vidéo B2B, il défend une approche centrée sur l’innovation et l’expérience utilisateur. Engagé pour la diversité et le sport féminin, il est à l’origine du Jabra Ladies Open, devenu un tournoi international de référence.