Pourquoi nous ne recrutons plus avec un CV depuis 5 ans
La plupart des entreprises continuent à confier leurs recrutements à un bout de papier.
Un CV d’une page, parfois deux, censé résumer toute une vie. Des intitulés de postes, des années gravées en gras, quelques lignes pour résumer des missions. Mais rien, absolument rien, qui ne raconte vraiment ce qu’une personne a apporté à une entreprise, comment elle a surmonté des échecs, comment elle a réagi sous pression, comment elle a incarné des valeurs ou créé de la valeur.
Un CV ne dit jamais ce qu’il faudrait savoir pour prendre une bonne décision de recrutement
Il n’explique pas si la personne sait s’adapter dans un environnement en évolution permanente, si elle a l’esprit d’équipe, si elle est capable de résoudre des problèmes complexes, si elle est motivée par autre chose qu’un simple salaire, si elle est alignée avec les valeurs qui structurent l’entreprise.
Et pourtant, des milliers d’entreprises continuent à recruter sur CV, sans se rendre compte que c’est l’une des décisions les plus coûteuses qu’elles prennent chaque année.
Parce qu’un mauvais recrutement coûte cher. Très cher.
Non seulement en argent, entre le temps passé à former, intégrer, puis remplacer, mais aussi en énergie, en confiance, en dynamique d’équipe, en retards de projets et en opportunités manquées.
Pendant longtemps, moi aussi j’ai cru que l’expérience « affichée » sur un CV était une garantie de compétence. Jusqu’au jour où je me suis retrouvé face à des collaborateurs qui savaient écrire un CV, mais pas travailler en équipe. Qui savaient parler en entretien, mais pas résoudre des problèmes. Qui avaient coché toutes les cases sur le papier, mais n’étaient pas faits pour rejoindre notre aventure. Il fallait un autre modèle.
Depuis 5 ans, nous recrutons avec des scorecards
Qu’est-ce qu’une scorecard ? C’est une fiche qui définit ce que nous attendons réellement d’une personne sur un poste : ses missions prioritaires, ses objectifs précis, les compétences requises (hard skills), mais aussi les comportements attendus (soft skills), les valeurs qui comptent pour nous, la manière dont nous travaillons ensemble.
Plutôt que de nous demander ce que la personne a fait avant, nous nous demandons ce que nous voulons qu’elle accomplisse demain. Ensuite, nous testons. Par des mises en situation, des cas pratiques, des échanges multiples avec l’équipe, pour vérifier la capacité réelle à produire, réfléchir, collaborer. Nous observons la manière dont la personne se comporte, pas uniquement ce qu’elle affirme pouvoir faire.
Ce n’est pas parfait. Aucun système ne l’est. Mais cela nous a permis de réduire drastiquement nos erreurs de recrutement, de mieux aligner notre équipe autour de nos valeurs et de nos objectifs, de donner leur chance à des talents qui n’auraient jamais été « sélectionnés » par un filtre de CV.
On nous demande souvent pourquoi nous ne regardons pas le CV avant de rencontrer quelqu’un. La réponse est simple : ce n’est pas le CV qui va travailler avec nous chaque jour. C’est la personne, avec ses compétences réelles, son état d’esprit, sa capacité à apprendre, sa manière de résoudre les problèmes, sa volonté de faire grandir l’équipe et le projet.
Le marché du travail évolue. Les métiers changent, les outils aussi, les rythmes s’accélèrent. Nous avons besoin de collaborateurs qui apprennent vite, s’adaptent, prennent des initiatives, incarnent des valeurs. Pas uniquement de personnes qui savent bien remplir des lignes sur un document Word.
Le CV appartient au passé. Il est temps que le recrutement s’aligne avec le présent et le futur des entreprises.
Et si vous deviez recruter quelqu’un demain, poserez-vous vraiment la question : êtes-vous en train d’évaluer un papier ou une personne ?
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