Seconde partie de carrière : le secret le mieux gardé de la vie pro
La première partie de carrière, c’est souvent un parcours guidé.
Un couloir de nage sans grand suspense : on avance, entouré par la formation continue, les managers, et le jeu bien huilé du système corporate.
Les règles sont claires, les récompenses visibles, et tirer son épingle du jeu relève surtout de la discipline, du rayonnement interne, du bon alignement politique.
Bref, une bataille codifiée où les efforts sont lisibles et les résultats, mesurables.
Puis vient la seconde partie de carrière.
Et là, tout change – sans qu’on vous ait vraiment prévenu.
C’est le secret le mieux gardé de la vie professionnelle.
Le moment où tout devient moins lisible
Soudain, plus personne n’est protégé par son poste ni par son ancienneté.
La rémunération, autrefois fierté, devient facteur de visibilité… donc de vulnérabilité.
La formation continue n’est plus systématique.
Les promotions se raréfient, les “queues du Mickey” aussi.
Les mots “plafond de verre” et “légitimité” commencent à circuler.
Et le prétexte de la “stratégie d’entreprise” devient souvent un censeur silencieux.
Alors, loin de baisser la garde, beaucoup adoptent une position de “going” :
on fait le job, avec la même méthode, la même rigueur, mais moins de risque.
Car on sait, au fond, que toute fausse note pourrait contrarier une stratégie devenue illisible.
Moins d’excitation.
Plus de méfiance.
Moins d’innovation.
Plus de contrôle.
Et, inévitablement, moins d’impact.
Jusqu’au jour où le décrochage arrive.
Insidieux.
Non anticipé.
La fameuse transition tant redoutée.
Celle qui prive d’un rôle, d’une identité, d’un titre.
Celle qui laisse sur la table quelques cartes de visite non distribuées,
un réseau devenu muet,
et un champ des possibles qui se rétrécit.
Alors, parfois, on s’épanche sur les réseaux sociaux, comme pour conjurer le sort —
et, sans le vouloir, on alimente la caricature du cadre en fin de cycle.
Celui qu’on fuyait hier, de peur que son destin ne soit contagieux.
Horreur, malheur : ne pas avoir eu son coup d’avance.
Et si ce n’était pas une chute, mais un cycle ?
Et si tout cela n’était pas une fatalité,
mais simplement un cycle naturel de la vie professionnelle ?
Un passage que chacun, un jour, est amené à vivre ?
La vraie différence, ce n’est pas d’y échapper.
C’est la manière de le piloter.
Comme dans un long voyage, mieux vaut remplir le réservoir avant d’affronter la route.
Car la panne sèche, elle, n’épargne personne.
Remplir ce réservoir, c’est :
- connaître ses compétences, au-delà du poste ;
- élargir son portefeuille d’activités, même quand on n’en a pas (encore) besoin ;
- s’informer sur ses options, ses droits, ses leviers ;
- bâtir des matelas diversifiés : relationnels, économiques, émotionnels ;
- se préserver, pour que lorsque le vent tourne, les baleines du parapluie ne cassent pas.
Tout ne se prévoit pas.
Tout le monde est vulnérable.
Mais anticiper, c’est déjà gérer.
“Le meilleur moment pour planter un arbre, c’était il y a 20 ans.
Le deuxième meilleur moment, c’est maintenant.”
— Proverbe chinois
Seconde partie de carrière le secret le mieux gardé/Seconde partie de carrière le secret le mieux gardé
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