Si l’urgence climatique peut laisser penser que la mesure des émissions carbone arrive en tête des préoccupations des entreprises, il n’en est pourtant rien. Ainsi, 65 % des 4 970 organisations soumises à l’obligation de réaliser un Bilan Carbone ne l’ont pas fait1. Dans ce contexte, et afin de faire face aux évolutions réglementaires, notamment la CSRD (Corporate Sustainability Reporting Directive)*, comment les entreprises peuvent-elles entamer concrètement leur décarbonation ?

1 – Savoir d’où l’on part pour savoir où aller

Le pré-requis au lancement d’une stratégie de décarbonation est la réalisation d’un Bilan Carbone fiable. Faire son bilan carbone est une obligation légale en France depuis plus de 10 ans pour les entreprises de plus de 500 salariés. Cette demande vise à amener les organisations à identifier et quantifier les sources d’émission de gaz à effet de serre dans leurs activités sur l’ensemble de leur chaîne de valeurs (scopes 1, 2 et 3) et à définir un plan d’actions cohérent pour les réduire. En 2023, seules 18% des entreprises de 50 à 249 salariés ont réalisé leur Bilan Carbone. Or, plus de 70% des émissions carbone globales des entreprises est généré par le fameux scope 3, autrement dit toutes les émissions indirectes (hormis celles liées à l’utilisation d’énergies qui constituent le scope 2).

En sommes, TPE, PME et ETI, bien que non soumises à ce jour à cette obligation légale mais opérant en tant que fournisseurs des grandes entreprises, seront rapidement amenées à communiquer l’impact carbone de leurs activités pour alimenter le Bilan Carbone de leurs donneurs d’ordre

2 – De l’exercice difficile de la collecte de données

La collecte des données, leur analyse et leur consolidation peut parfois être ardu et chronophage. Chaque poste d’émission doit être clairement identifié et cartographié. Chaque contributeur doit être associé à la remontée de l’information. Nommer un pilote et plusieurs référents au sein des fonctions supports et opérationnelles peut être un bon moyen de créer une dynamique vertueuse et pérenne en interne. Mobiliser ses propres fournisseurs et sous-traitants est un élément essentiel pour mesurer ses émissions indirectes.

Si encore beaucoup d’entreprises utilisent des tableurs excel pour collecter et calculer leur empreinte carbone, de nombreux outils et logiciels, pour beaucoup très intuitifs dans leur utilisation et accessibles en termes de budget, sont arrivés sur le marché. Si une entreprise manque de temps et de ressources en interne, mieux vaut se faire aider pour réaliser son premier Bilan Carbone.

3 – Pas de décarbonation sans objectifs précis et atteignables

L’Organisation météorologique mondiale a alerté en 2022, sur la nécessité de multiplier par sept l’effort de réduction des émissions de GES d’ici à 2030 pour limiter l’augmentation de la température à 1,5 °C.

Les entreprises doivent parvenir à se fixer des objectifs mesurables, atteignables et définir des étapes de réalisation. Avoir une vision à long terme n’empêche pas de se fixer des objectifs à courts et moyens termes. C’est d’ailleurs la meilleure façon pour les équipes de ne pas s’essouffler et de mesurer les progrès réalisés au fil de l’eau. Créer une gouvernance autour de ces sujets, permettre aux collaborateurs d’explorer des pistes pour trouver de nouvelles alternatives plus vertueuses favorise la créativité et l’innovation et renforce également la motivation.

L’arrivée de la CSRD et ses exigences de transparence et de rigueur sont vécus comme un profond bouleversement. Il est nécessaire de la considérer comme un projet d’entreprise et une opportunité unique pour les dirigeants de pouvoir pérenniser leurs activités tout en intégrant de manière systémique tous les enjeux environnementaux (carbone, biodiversité, pollution, eau ..).

* Règlementation européenne (CSRD) relative à la publication d’un rapport de durabilité pour les entreprises, qui,encourage la prise de décision éclairée et promeut des pratiques plus durables au sein des entreprises
Bilan carbone credit Depositphotos ArthurVerkhovers