Il y a des cadres partout,
on est envahi de cadres

Les écoles  fabriquent les cadres de la nation, et pourtant plus rien ne cadre. Il y en a tant, vous dit on,  le cadre débutant aspire à devenir cadre moyen – en anglais cela fait mieux « je fais partie du middle management » – avant d’arriver au statut de cadre supérieur et summum des summums à celui de cadre dirigeant. A priori le cadre encadre, quel drôle de mot. Au départ un cadre est fait pour cerner un tableau, lui donner un périmètre, le mettre en valeur et pouvoir l’accrocher à un mur. Bordure est devenu “border line” dans l’encadrement d’aujourd’hui et la mise en valeur financière. Le cadre encadre une œuvre ou la main d’oeuvre, il  est rarement équilibré, il a ses penchants, et il faut prendre du recul pour l’avoir plein cadre. Pourtant le cadre exerce ses responsabilités dans le cadre de ses fonctions, l’armée possède ses cadres de réserve et l’administration ses préfets hors cadre.

Ne pas pouvoir encadrer
quelqu’un est un signe
d’incompétence en entreprise

…. et  d’antipathie dans le cadre de sa vie. L’employé  n’encadre pas le cadre qui le harcèle d’ordres et de contrordres, cela devient encore plus compliqué d’encadrer un subordonné assimilé cadre. “Assimilé” fait penser à digestion alors qu’il s’agit bien de gestion. Encadrer un non cadre devient normal même en cas d’antipathie.  Il y a plein de cadres.  En France le cadre a un statut qu’il acquiert  souvent en étant actif comme une statue. Un cadre qui n’encadre pas, il n’y a qu’en France que l’on voit cela, il existe aussi des non-cadres qui encadrent des cadres, si, si, cela existe, ou encore le cadre juriste indifférent à la loi-cadre votée par les députés, les cadres actifs ont leur syndicats, ils partent en vacances pour changer de cadre, et à la retraite suivent sans peine leur régime. Difficile de suivre !  Il y a aussi le Cadre Noir qui a abusé de Cheval Blanc ou de Saumur, le cadreur qui n’est pas cadre mais le fait au cinéma, le cadre au madère, portugais ou maghrébin, aimant sa bosse et son boss… Mais recadrons le propos !

Les cadres que l’on ne peut
pas encadrer sont ceux
qui nous font mal

Ceux de Wall Street qui comme son nom l’indique nous font aller droit dans le mur, les traders qui jouent des milliards et font sauter la planète. Des noms en voilà : Nick Leeson, 1,3 milliard de dollars perdus  et la Barings en faillite, plus près de nous Jérôme Kerviel et la SocGen, 7,1 milliards de dollars, Bruno Michel Iksil, «la baleine de Londres», encore des milliards engloutis pour JP Morgans, Fabrice Pierre Tourre idem avec Goldman Sachs… Des petits cadres en vérité qui font de petits larcins à côté des cadres dirigeants de banques. La chute de Lehman Brothers entraîne celle la bourse américaine, puis des bourses mondiales et la crise qui plombent nos économies. Le cadre dirigeant que l’on ne peut pas encadrer s’appelle Dick Fuld, antipathique dirigeant surnommé le Gorille, il ignore l’encadrement du crédit et le cadre de la loi. Heureusement le voilà rayé des cadres !

La vie du cadre est aussi importante que le cadre de sa vie. En France, et partout dans le monde quand vous entrez dans un Novotel ou dans un autre hôtel du Groupe Accor, vous apercevez prêt de la réception la photo des fondateurs entourée d’un cadre qui leur fait honneur. Voilà sûrement l’origine de l’expression accord cadre.