Non, la solitude du dirigeant n’est pas la contrepartie inévitable du pouvoir. Pour en sortir, il faut miser sur un accompagnement et une stratégie hautement collaborative. C’est la solution gagnante, humainement et économiquement.

La crise Covid-19, avec ses semaines de confinement à marche forcée, a mis en exergue un énorme paradoxe. Elle a amplifié le phénomène d’isolement, aux plus hauts sommets de l’entreprise comme au niveau des managers et des opérationnels. Dans le même temps, ou plutôt en réponse à ce phénomène, elle a développé des trésors de ressources pour développer du lien humain. Jamais nous n’aurons autant misé sur le collectif pour rompre le phénomène de solitude.
Les visioconférences collectives ont fleuri, pour recréer un tant soit peu la spontanéité des échanges au bureau. A l’heure du bilan et du repositionnement post-confinement, des entreprises envisagent le 100 % télétravail comme un nouvel axe stratégique pouvant contribuer à leur performance.

Si au global, les managers sont restés assez seuls dans leur prise de décision, force est de constater que seuls, à distance, il est tout de même possible de collaborer ensemble. L’entreprise, à différents niveaux, a su  trouver des solutions pour pallier la solitude psychologique et son lot d’anxiété, de stress et de perte de concentration dont on a plus particulièrement parlé en période de confinement. Elle a trouvé, ou tenté de trouver, des solutions afin de contribuer au bien-être, à la motivation des collaborateurs et à l’efficacité de toute l’organisation.

Rien n’est inéluctable, pas même la solitude du dirigeant lui-même

A chaque problème sa solution. Il est là aussi possible de dompter le sentiment de solitude intrinsèquement liée à cette fonction. Quand bien même le dirigeant est davantage touché que les autres par cette solitude. Il faut bien le constater en effet : la configuration de ce poste est unique dans l’entreprise. Il prend des décisions lourdes seul. Il est seul responsable légalement et financièrement de l’entreprise. Il déjoue la méfiance, jongle avec les informations confidentielles et les enjeux de pouvoir. Comment alors ne pas ressentir un sentiment d’enfermement et d’isolement, d’incompréhension même de la part de ses proches ? Plus de responsabilités que les autres et plus démuni face à l’injonction d’être plus fort. Il lui est difficile de se livrer à ses pairs et de travailler en transverse. Le dirigeant s’impose souvent une loi du silence. Dans un environnement incertain, les conséquences sont inévitables à long terme. Le danger alors est de doubler sa solitude psychologique à une solitude physique avec dans certains cas un risque de burn-out.

Les crises économiques tout particulièrement sont difficiles à gérer. Ce sont donc des moments importants d’isolement. Le dirigeant peut ainsi être fatigué, diminué et par conséquent avoir moins d’énergie pour se connecter à son réseau. Alors que c’est dans ces moments qu’il lui faudrait échanger avec des dirigeants confrontés à la même situation et solliciter son écosystème.

Savoir s’entourer et solliciter des conseils ou soutiens externes, la clé de la réussite

Plusieurs solutions existent pour combattre cette solitude du dirigeant. Elles résident principalement dans la collaboration et l’échange. Il est important de se confronter aux autres, par exemple en participant à des évènements ou des groupes de pairs permettant de faciliter son expérience de dirigeant, ou encore d’adhérer à des réseaux de dirigeants pour partager son quotidien et les carnets d’adresses.
Faute de savoir ou pouvoir exprimer ses faiblesses, le dirigeant se construit bien souvent lui-même sa solitude. La plus grosse difficulté est de ne pouvoir montrer ses doutes et ses limites, qui seraient anxiogènes pour les autres. Admettre sa vulnérabilité est en effet souvent taboue en haut lieu. Pourtant le dirigeant a ses limites et se doit une hygiène de vie intégrant des sas de décompressions. La solution se situe donc également à titre individuel : il s’agit de se mettre dans une posture humble et d’admettre que nul n’est infaillible. Il est primordial de se réserver des pauses professionnelles, sorte de mini-retraites, ou simplement de s’organiser des temps de loisirs combinant un maintien Physique – Psychologique pour évacuer les tensions et prendre du recul.

Ne plus être seul à la barre – donc le partage de la direction et des décisions – permet également de réduire le sentiment d’isolement et de « tout porter ». Nous le voyons à un niveau plus bas avec l’importance du management participatif pour décupler la performance des équipes et leur motivation. Cette stratégie collaborative diminue logiquement les silos et la solitude de chacun. Il en va de même au niveau des dirigeants lors de la mise en place d’une gouvernance ouverte. Il ressort de l’étude de BPI France sur l’isolement des dirigeants de PME et ETI datée de 2016 qu’un dirigeant s’appuyant sur un comité de direction efficace et un conseil d’administration avec des indépendants se sent rarement seul, souvent entouré, et presque jamais très isolé.
Un comité stratégique composé de personnes indépendantes lui permet de prendre de la hauteur et de bénéficier d’un regard extérieur sur sa stratégie. Recourir à un cabinet de coaching procède de la même logique : suivre un accompagnement personnalisé permet de discuter librement de ses difficultés et sans enjeux de pouvoir, de postures ou de stratégies. Bien souvent l’accompagnement démarrera par un travail en profondeur. Il  se poursuivra suivant les besoins par un RDV régulier de suivi.

A chaque problème sa solution et à chacun sa solution, selon sa stratégie et son tempérament. Mais pour tous, une seule maxime : la fatalité, c’est comme les promesses, elle n’engage que ceux qui y croient, et cela même en contexte de crise. Autrement dit, la solitude du dirigeant n’est pas une malédiction nécessaire à l’incarnation du pouvoir.
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