Il y a 6 ans, je créais le concept de management bienveillant dans mon livre « Mon boss est nul, mais je le soigne »… depuis, du temps et une pandémie sont passés. Forcément, quand on est le créateur d’un concept qui a tant fait parlé de lui, il est impossible, au bout d’un certain temps, de ne pas se demander si celui-ci est suranné.
Mais vous savez quoi ? Je suis un homme heureux grâce à la pandémie. OK, je fais un COVID long depuis mars 2020, OK, la COVID n’est pas encore derrière nous, OK l’organisation en entreprise n’est pas simple, MAIS la pandémie a agi comme un gigantesque accélérateur sur tous les items du management bienveillant, et bien plus encore… Quelle entreprise se revendiquerait malveillante envers ses salariés… par principe, en imaginant que cela l’aidera à recruter des talents, et à les fidéliser ?

Une fois que l’on a dit cela… nous voilà bien avancé. Le management bienveillant tel que je le définissais il y a bientôt 6 ans est-il vraiment le même aujourd’hui ? Et bien, chers amis, la réponse est « non » car l’entreprise d’aujourd’hui n’est plus la même qu’il y a 6 ans. Elle a radicalement changé et c’est pour cette raison qu’il faut désormais envisager un management bienveillant 2.0, sujet de mon dernier livre, « Le manager bienveillant 2.0 » sorti aux éditions FIRST en janvier 2022. Ce management bienveillant 2.0 se caractérise par 6 points précis :

1 – Un management humble

Cette crise nous a fait prendre conscience que l’humanité toute entière n’est pas grand-chose face à une pandémie. Mieux, pour la première fois depuis que l’économie moderne existe, l’humain a été mis en priorité devant l’économie. Oui, tout est question d’équilibre entre les deux, mais force est de constater que dans un pays qui est devenu le numéro 2 mondial du burnout derrière le Japon, c’est plutôt nouveau !
Au siècle dernier, l’image du manager qui était valorisée était celle du manager froid, distant, plus proche de Terminator que du Bisounours à l’image du Loup de Wall Street… pas d’état d’âme, jamais, l’économique légitimait tout.

La manager bienveillant 2.0 est humble, il assume ses doutes et ses faiblesses, ce qui l’aide grandement à accepter les doutes, les faiblesses et les erreurs de ses collaborateurs et collaboratrices.

2 – Un management empathique

Avant la pandémie, il était simple d’appliquer une méthode de management relativement globale puisque chaque membre de l’équipe travaillait exactement dans les mêmes conditions. Depuis le premier confinement, les différences entre chaque personne ont grandi en fonction :

  • Télétravail ou non
  • Bonne connexion internet ou pas
  • Taille de son logement
  • Capacité personnelle d’adaptation à la crise

Chaque collaborateur est un cas totalement particulier, c’était vrai avant la pandémie. Mais désormais, chacune de ses différences est amplifiée par la différence de sa situation personnelle, obligeant le manager à avoir une capacité d’empathie beaucoup plus grande, mais surtout, importante pour être capable de motiver ses équipes.

3 – Un management par objectif

La pandémie, et l’explosion du télétravail aura permis de prendre conscience que l’important chez un salarié, ce n’est pas qu’il ou elle fasse un certain nombre d’heure chaque jour, mais que le travail soit fait. Le présentéisme est un fléau depuis longtemps, mais le travail à distance impose une solution : le management par objectif.
Le télétravail se sera installé de façon définitive dans notre quotidien et le manager bienveillant 2.0 devra gérer une équipe hybride entre présentiel et distantiel. Il ne pourra pas de contenter de se rassurer en se disant que son équipe « a fait ses heures »

4 – Un management attentif aux émotions de son équipe

Et oui… nous avons des émotions. Positives et négatives. Rien de nouveau me direz-vous. Certes, mais pour la première fois depuis que je travaille, une attention toute particulière est portée à celles-ci. A la sortie du premier confinement, les media ont beaucoup parlé de détresse psychologique, de l’impact dévastateur que l’isolement a pu avoir sur certain.e.s.
Nous ne sommes pas des robots et il est de la responsabilité du manager de ne laisser personne de côté, d’être à l’écoute des émotions de son équipe afin de pouvoir mettre en place un environnement serein…. Et bienveillant.

5 – Un management qui donne du sens

Beaucoup de repères ont été perdus par les salariés pendant cette période. Plus que jamais, les salariés ont dû répondre à cette question « pourquoi travaillons nous ? ». Certes, la quête de sens existait avant la pandémie, mais nous sommes beaucoup à nous être remis en question, à prendre conscience qu’un nouvel équilibre vie privée / vie professionnelle était si ce n’est nécessaire, a minima possible.
Notre rapport à notre vie professionnelle aura été profondément changé du fait de cette pandémie, et imaginer que nous retrouverons nos vieux repères une fois la pandémie passée est une douce illusion. C’est dans la création de ces nouveaux repères que le manager bienveillant 2.0 jouera un rôle central pour accompagner son équipe.

6 – Un management protéiforme

Faut-il être un manager bienveillant ? Un manager leader ? Un manager coach ? Toutes ces théories qui semblaient s’opposer avant la pandémie n’ont tout simplement pas lieu d’être. Un manager est avant tout un être humain avec ce qu’il a de bon et de moins bon. La pandémie aura probablement baissé le niveau d’exigence de notre regard sur le management : personne n’est superman ou wonderwoman, nous faisons de notre mieux.
Non, tous les managers ne peuvent pas être des supers leaders, ou des supers coach ou supers bienveillants… par contre, le manager bienveillant 2.0 essayera d’être un peu des trois, au maximum de ce qu’il peut faire.

En conclusion, cette pandémie aura eu une vertu : remettre l’humain au centre de toutes choses, y compris du management. Et être un humain suppose une bonne dose d’imperfections dont nous prenons pleinement conscience actuellement. Le manager bienveillant 2.0 ne se satisfera pas de ces imperfections, les siennes comme celles de son équipe, mais, pour reprendre une bonne vieille expression, il n’en fera pas tout un plat.

Faire ce que l’on peut avec ce que l’on a et s’en satisfaire. Alors bien entendu, toutes les autres qualités qui définissaient le manager bienveillant avant la crise, comme l’écoute, la disponibilité, sa capacité à sourire etc. sont toujours valables, mais finalement, la seule chose que l’on exige d’un manager, quel que soit son niveau hiérarchique n’est il pas d’être humain…. Tout simplement humain ?