Présentiel, distanciel…depuis le 9 juin dernier, les entreprises sont en proie avec la délicate stratégie du retour au bureau. Un débat, désormais universel, qui ne fait que commencer et qui s’inscrit dans une logique plus globale, celle du futur du travail. Mais alors qu’en mars 2020, on palabrait sur ‘le monde d’après’, cette notion semble aujourd’hui être passée subrepticement à la trappe. En sera-t-il de même pour le “travail d’après” ?

Si le télétravail n’existait jusqu’alors que s’il ne pouvait absolument pas être évité, la pandémie a contraint les entreprises à se lancer dans la vaste odyssée du travail à domicile. Une expérience diversement appréciée qui est en train de prendre fin. Après quelques semaines de reprise en présentiel pour la plupart, certains salariés parlent déjà de déshumanisation du travail, quand d’autres louent l’autonomie conquise à la faveur des événements, et accessoirement de la technologie. La question dépasse dès lors le mode de travail et s’étend plus généralement à l’avenir du travail, qu’il s’agisse du type de management, de l’expérience collaborateur ou de la mise en place du travail hybride. Et alors qu’il est difficile de savoir ce que l’avenir nous réservera ces prochains mois, comment les entreprises vont-elles définir les contours du travail d’après ?

Le télétravail à 100%, une illusion qui a fait son temps

2 millions : c’est le nombre de salariés qui feraient l’objet d’un burn-out sévère selon un baromètre publié en mai dernier par le cabinet Empreinte Humaine, soit une multiplication par deux par rapport à l’année passée. Résultat de longs mois de télétravail, de confinements et d’un climat anxiogène, la sentence est sans appel. Parce que la période s’est révélée difficile et éprouvante psychologiquement, les salariés développent une forte attente concernant leur retour au bureau. Et le 100% télétravail semble pour le moment demeurer minoritaire ou réservé à certains types de populations.
En effet, quoi de mieux que la vie de bureau pour retrouver motivation, lien avec ses collègues et accueillir les nouveaux arrivants avec plus de facilité ? Des conclusions qui redonnent au bureau ses lettres de noblesse et à l’entreprise son rôle social, comme le prouve le retour en arrière de certaines startups qui avaient fermé leurs bureaux avec la crise et qui ont décidé de relouer des bureaux depuis ces dernières semaines.

Hybride, flexible, numérique : vers un nouveau modèle d’expérience collaborateur ?

Cependant, il serait périlleux de confondre retour au bureau avec retour au monde du travail d’avant. La crise sanitaire a changé le rapport au travail des salariés qui ressentent certes le besoin de retrouver leurs collègues mais qui souhaitent également continuer à télétravailler à raison d’un à trois jours par semaine. La proportion d’employés en France qui considère la possibilité de travailler à distance comme essentielle et non pas uniquement comme un privilège a d’ailleurs augmenté de 51% depuis le début de la pandémie. En effet, valorisés grâce à des outils numériques de travail à distance innovants, habitués désormais à jongler de façon flexible entre leur vie professionnelle et leur vie personnelle, les salariés se sont responsabilisés pendant la crise, organisant leur journée de travail en fonction de leurs contraintes.
Il serait donc irréfléchi pour les entreprises de tirer un trait sur ces avancées et d’exclure le télétravail du monde de demain. Les salariés, tout comme les directions demandent les deux, comme en témoigne une étude menée par Cadremploi en partenariat avec Boston Consulting group, où 78% des Français se disent partants pour le travail hybride. Et pour jongler entre présentiel et distanciel et accompagner cette révolution hybride, les nouveaux outils technologiques deviennent nos meilleurs alliés, ne cessant de proposer des expériences toujours plus innovantes.
Après les salles de réunion insolites et les retranscriptions en direct proposées sur Zoom, Teams ou Webex, de nouveaux acteurs misent sur des innovations encore plus avant-gardistes, tels que Didimo, qui permet de modéliser, à partir d’un simple selfie, des visages humains en 3D en moins de 90 secondes pour s’inscrire justement dans l’avenir du travail.

Un changement de culture managériale

Ainsi, la recrudescence des outils numériques et l’expérience du télétravail ont favorisé la montée en autonomie des collaborateurs et fait voler en éclats des pratiques managériales implantées depuis des décennies. Avec le retour au bureau, quelle trajectoire va prendre le management et comment les entreprises vont-elles s’adapter aux nouvelles attentes de leurs salariés ?
Selon l’ANDRH, une évolution double est à prévoir : tandis que le flex office et le télétravail vont continuer à responsabiliser davantage les salariés, l’arrivée de nouveaux managers, plus jeunes et davantage sensibilisés à ces sujets, va participer à la mise en place d’un nouveau monde du travail. Toutefois, si ce nouvel avenir se dessine, le seul changement des pratiques managériales ne suffira pas. Le télétravail a induit une décentralisation des niveaux de responsabilité où le nouvel enjeu pour le manager consiste à encourager l’initiative et l’engagement. Un management participatif basé sur l’écoute, l’accompagnement et la confiance et non plus sur le contrôle. C’est une véritable culture qui doit encadrer le télétravail. 

La question du retour au travail soulève un enjeu plus global, celui de la redéfinition du monde du travail tel que nous les connaissions. Force est de constater qu’il y a eu un avant et un après Covid : la crise et les étapes qui la jalonnent doivent conduire l’entreprise à s’interroger sur son modèle et sur ce qu’elle a à offrir à ses salariés. En redonnant du pouvoir aux collaborateurs, la période que nous traversons leur a montré qu’il n’existait pas qu’une seule organisation du travail mais qu’ils pouvaient choisir celle qui leur convenait le mieux. Dès lors, aux entreprises de dessiner les contours de la nouvelle normalité en répondant au mieux à ces nouveaux besoins, au service d’une performance non pas individuelle, mais collective.