Le déferlement de l’IA dans les entreprises oblige les managers à anticiper l’inéluctable : la transformation en profondeur des métiers et des pratiques de leurs équipes. L’IA est là. La question n’est plus de savoir où et quand elle modifiera en profondeur nos modèles de management, mais comment. A ce jour, personne n’a la réponse. Entre annonces anxiogènes des uns et assertions optimistes des autres, les dirigeants ne savent plus comment préparer leurs équipes pour relever les défis sans précédent de la révolution qui vient.

Tel groupe américain[1] fait la Une en annonçant qu’il se sépare de plus de la moitié de ses salariés en France : l’IA les remplacera. Goldman Sachs[2] prévoit la destruction de 300 millions d’emplois aux Etats-Unis et en Europe, calculant que dans le monde entier, 18% des emplois seront menacés. De quoi tétaniser tous les échelons de l’entreprise… 62% des salariés américains considèrent que l’IA générative aura un impact majeur sur leur
métier [3], une part majoritaire prévoyant que cet impact soit négatif.

Parallèlement, Goldman Sachs attend une hausse de 7% du PIB mondial et 1,5 point de pourcentage de productivité sur une période de dix ans. De grands cabinets de consulting considèrent que l’IA sera une chance pour leur collaborateurs : celle de se concentrer sur des missions à plus forte valeur ajoutée. Mieux, ils deviendront plus productifs, comme le suggère une étude [4] de la Harvard Business School conduite avec le Boston Consulting Group.

5 initiatives de bon sens pour aider les dirigeants et leurs équipes

1 – Eliminer la peur de leur logiciel de pensée

Pour la première fois dans l’histoire de l’humanité, l’automatisation ne s’adresse pas à des process physiques, mais à ce qui fait notre spécificité : l’intelligence. Cette situation jusqu’ici inconcevable est génératrice d’une interrogation métaphysique tétanisante. Le rôle du dirigeant est d’évacuer la peur qui en résulte en adoptant la posture de Marie Curie : “Rien n’est à craindre, tout doit être compris”.

2 – Comprendre les possibilités de l’IA
C’est la responsabilité individuelle de chacun. Cela passe par la prise en main proactive des outils existants afin de ne pas en devenir esclave ; c’est la clef pour prendre des décisions objectives sur les implications éthiques, légales et opérationnelles des machines.

3 – Identifier les opportunités et les menaces

Les managers doivent être en mesure d’identifier les domaines où l’IA pourrait remplacer des missions ou des emplois humains. Cela nécessite une analyse approfondie du fonctionnement des équipes.

4 – Investir intensivement dans la formation, qui doit être pensée en flux

Les dirigeants doivent organiser pour leurs équipes la possibilité d’apprendre, de désapprendre et de réapprendre tout au long de leur carrière.

5 – Communiquer en continu, en reconnaissant l’impossibilité de tout prévoir

Cela permet d’associer les collaborateurs aux changements qui les attendent et de déceler les talents qui comprennent les enjeux et accompagneront de manière active la transformation.
La conférencière et écrivaine Olivia de Funès rappelait [5] récemment la phrase du philosophe Alain : “Ne décidant jamais, nous dirigeons toujours”. L’enjeu est là : nous sommes responsables du sens que nous souhaitons donner aux événements. Soit les dirigeants et leurs équipes décident d’accompagner activement le déferlement de l’IA, soit, par défaut, ils choisiront de la laisser décider pour eux.

[1]www.lesechos.fr/pme-regions/ile-de-france/onclusive-remplace-la-moitie-de-ses-salaries-francais-par-un-logiciel-dia-1979639
[2] Goldman Sachs, The Potentially Large Effects of Artificial Intelligence on Economic Growth (Briggs/Kodnani), Mars 2023.
[3] Pew Research Center, AI in Hiring and Evaluating Workers: What Americans Think, Avril 2023.
[4] Harvard Business School, Working Paper: Navigating the Jagged Technological Frontier: Field Experimental Evidence of the Effects of AI on Knowledge Worker Productivity and Quality, Septembre 2023
[5] France 5, C ce soir, 21/09/2023
Intelligence artificielle credit Depositphotos_ monsit




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Pierre Trippitelli, managing partner de Perpetual
En charge de l’Europe, et membre du conseil d’administration du cabinet de conseil en RH Perpetual., son expertise couvre les secteurs du luxe, de la santé, de l’agroalimentaire et des biens de consommation durable. Grâce aux recrutements de cadres supérieurs pour des sociétés américaines et européennes, Pierre a développé une expérience considérable dans la création et le développement d'entreprises des deux côtés de l'Atlantique. Sa dextérité culturelle, entre États-Unis et Europe, lui a permis de collaborer avec de nombreuses entreprises, du CAC 40 et Fortune 500 au monde des start-ups. Pierre possède la double nationalité française et américaine et a obtenu un master en commerce et marketing de l’une des 10 meilleures écoles de commerce françaises, KEDGE. Après avoir obtenu son diplôme, Pierre a dirigé plusieurs business units à travers le globe et notamment en Afrique, en Europe de l’Est et en Europe de l’Ouest avant de rejoindre un cabinet de conseil RH à Paris.