Les crises successives sont venues profondément bouleverser les codes du monde du travail, qu’il s’agisse des besoins des entreprises ou des attentes des collaborateurs. Pour y répondre, les acteurs du portage salarial devront se réinventer et devenir plus agiles, explique Julien Couderc, dirigeant de Deel en France.

Une nouvelle ère : l’autonomisation des collaborateurs

Le monde du travail a fortement évolué ces dernières années. Avant la crise sanitaire, le changement de paradigme était en marche : déjà, les collaborateurs s’inscrivaient davantage dans une dynamique de travail dite “intrapreneuriale”, sur des projets et des missions, qu’ils soient seuls ou en équipe, menés de bout en bout. Nous actions – sans forcément le soupçonner – la fin de l’entreprise telle qu’on la connaissait. D’une structure rigide dans laquelle les salariés souhaitent faire carrière, l’entreprise est désormais pour les collaborateurs un espace d’échange sur un temps donné.

De plus en plus globalisé mais surtout synaptique, le monde du travail a fait tomber des barrières bien installées au profit de plus de liberté et d’autonomie pour chacun. Une dynamique que la crise sanitaire n’a fait que renforcer. Finis les horaires fixes, le travail enchaîné à son bureau dans les locaux de l’entreprise… On remet même en doute l’utilité d’un CDI. L’indépendance, le télétravail voire le full remote sont la nouvelle norme : plus d’un jeune sur deux serait prêt à quitter son emploi si celui-ci demandait d’être à plein temps au bureau (People At Work, 2022). Et avec l’avènement du digital et de la visioconférence, il importe peu de savoir où sont basés nos collaborateurs, nos clients ou nos partenaires.
Ces évolutions font que les entreprises peuvent désormais recruter n’importe où sur le globe : une opportunité à saisir en pleine pénurie des talents.

Réinventer le portage salarial pour délivrer une expérience collaborative de A à Z

Dans ce contexte, les entreprises hésitent de moins en moins à recruter hors de leurs frontières lorsque nécessaire, et même à faire appel à des freelances, français ou étrangers, pour rallier à un projet des compétences spécifiques. Si la gestion d’équipes internationales n’a rien de nouveau, le fait que l’entreprise gère le recrutement et l’on boarding à distance l’est davantage. Grâce au digital, elles n’ont plus besoin de s’implanter dans les pays dont les marchés sont clés pour recruter. Cependant, un frein demeure : celui de l’administratif, et tout particulièrement des contrats et de la paie, qui obéissent à des lois propres à chaque pays et dont il faut pouvoir maîtriser les petits caractères.

Pour répondre à cette problématique, des acteurs dans le portage salarial existent bel et bien. Toutefois, en France, les solutions se concentrent uniquement sur le territoire national et proposent le recrutement d’indépendants sans gestion de l’expérience collaborateur. Des organisations américaines se sont aussi fait leur place sur le marché, mais leur périmètre est mince, surtout en ce qui concerne le freelancing. Or si le freelance n’est par définition pas salarié d’une entreprise, l’inclure dans un projet commun passe aussi par une navigation et une intégration sereine.

Répondre aux besoins de chacun grâce au passeport salarial

Entre le détricotage des contrats fixes, la volonté d’une flexibilité dans le travail de plus en plus prégnante, la course à la meilleure marque employeur, les besoins des entreprises et la globalisation du monde du travail, la notion de passeport salarial semble naturellement s’imposer. C’est à dire que bientôt, les employés ne seront plus du tout rattachés à une entreprise, mais passeront de l’une à l’autre sur la base des besoins client, en fonction de leurs compétences.

Il est indispensable pour les acteurs du portage salarial de se réinventer en ce sens pour pouvoir répondre aux nouvelles attentes des entreprises comme des collaborateurs. Devenir le trait d’union entre les organisations à la recherche de perles rares, et les employables, autant en quête de liberté que de stabilité.
Pour ce faire, ils devront sans aucun doute s’appuyer sur le digital. Il est le seul outil qui leur permettra de rendre accessible l’intégralité des expériences des collaborateurs, de les référencer et de les mettre à jour automatiquement pour que, quelle que soit la localisation de ce dernier, il puisse être identifié par les donneurs d’ordres du monde entier.