Le Président Emmanuel Macron souhaite mettre en place un dividende salarié. Ce projet a pour ambition de convertir les entreprises à la participation et à l’intéressement. Mais que signifie exactement le dividende salarié ?

Le dividende salarié, un pas supplémentaire vers plus de démocratie sociale

En 2022, le montant des dividendes, au niveau européen, pourrait s’élever à 412 milliards d’euros. Ces chiffres records traduisent une augmentation de 9 % par rapport à 2021. Il s’agit d’une véritable prouesse, après deux ans secoués par une crise sanitaire. Mais paradoxalement, les salariés ne reçoivent que 8 milliards d’euros au titre de la participation, soit un tiers seulement des employés français.

Une répartition plus juste des richesses des entreprises se fait nécessaire pour garantir le maintien d’un niveau élevé de dividendes et permettre la réconciliation entre salariés et chefs d’entreprise. Pour y parvenir, Thibault Lanxade, Ambassadeur de la mission sur l’intéressement et la participation, propose une solution : le dividende salarié.

À première vue, les mots « dividende » et « salarié » peuvent paraître antagonistes. Le dividende est, en effet, la rémunération versée à un investisseur afin de récompenser le risque pris en capital. Le salaire, quant à lui, récompense les compétences acquises, la bonne tenue d’un poste, ainsi que l’expérience d’un employé. Il s’agit donc, a priori, de deux types de rémunérations fondamentalement différents.

Mais l’association de ces deux termes n’est pas due au hasard. Elle traduit la volonté assumée de réconcilier la société avec les pouvoirs publics, et de rassembler les salariés avec leurs patrons actionnaires. La mise en application du dividende salarié aurait ainsi vocation à balayer le thème de la lutte des classes. Comment une réglementation aussi ambitieuse peut-elle être mise en place ?

le dividende salarié au sein des PME : comment ça fonctionne ?

Les entreprises concernées par le projet du dividende salarié sont les PME de moins de 50 salariés. Dans la pratique, le versement de dividendes serait conditionné à la participation aux bénéfices de chaque salarié.

Outre les enjeux de démocratie sociale, le dividende salarié représente des avantages concrets pour l’employeur et le salarié. En effet, il permet aux chefs d’entreprise le versement de primes moins fiscalisées. Le dividende salarié ne serait soumis qu’au forfait social, a contrario des salaires qui impliquent des charges autrement plus conséquentes. Le forfait social pourrait d’ailleurs faire l’objet de négociation avec les syndicats patronaux qui envisageraient de demander une diminution substantielle.

Le salarié, lui, bénéficie de la flat tax de 30 %, comprenant le forfait social et l’impôtS’il fait le choix de laisser ce versement sur son plan d’épargne d’entreprise (PEE) pendant cinq ans, il profite alors d’une exonération totale d’impôt. Le dividende salarié représente donc un réel bénéfice pour les collaborateurs.

Qu’en est-il de la formule de calcul de la réserve spéciale de participation ? D’ores et déjà, Thibault Lanxade propose la suppression du coefficient de 0.5 de la formule. Cette évolution aurait un impact majeur sur le calcul de l’enveloppe versée aux salariés puisqu’elle pourrait permettre de la doubler. Il est probable que la généralisation de ce dispositif à l’ensemble des PME concernées aura, inévitablement, des conséquences sur l’évolution de la formule de calcul.

Une répartition plus juste des richesses pour une meilleure intégration en entreprise ?

Un autre objectif du dividende salarié est la fidélisation des talents au sein des PME et la lutte contre les difficultés de recrutement que rencontre un nombre non négligeable d’entreprises. Mais si le partage de la valeur peut contribuer à mieux intégrer les salariés, il ne peut, en aucun cas, être considéré comme suffisant.

Le principe selon lequel une entreprise qui fait des bénéfices doit, en conséquence, partager sa valeur avec ses employés est convaincant. En revanche, il ne faut pas oublier certaines des raisons de cette bonne santé financière. Car si l’argent gagné est en partie dû à la performance des salariés, autrement dit à leur sérieux, à leurs compétences et à leur implication, il l’est tout autant de la gestion globale de l’entreprise.

Un management cohérent, une politique RH pertinente, une stratégie commerciale efficace et une capacité à innover et à se renouveler sont autant d’éléments qui expliquent le succès financier et économique d’une entreprise. Ils sont complémentaires des résultats obtenus par les salariés et ne sauraient être minimisés. Aussi, il est évident que le dividende salarié ne peut être une réponse unique pour doper et favoriser le développement des sociétés.

Dans le même esprit, ce dispositif, aussi ambitieux soit-il, ne peut être considéré comme la panacée pour recruter et garder ses talents. Pour ce faire, l’entreprise doit travailler sa marque employeur, et s’atteler à motiver ses collaborateurs au quotidien. Cela passe inévitablement par la prise en compte des exigences des salariés concernant leur travail.

Repenser le package salarial : une stratégie globale

Fidéliser ses équipiers implique de repenser le package salarial. Il convient de répartir intelligemment l’ensemble de la rémunération des salariés entre salaire fixe, rémunération variable, avantages en nature, ainsi que participation et intéressement. La clé d’une rémunération satisfaisante se trouve dans la bonne répartition de ces types de rétribution. Dès lors que l’entreprise réussit à mettre en place un dispositif de rémunération pertinent pour le collaborateur, et efficace pour l’entreprise, le dividende salarié peut se révéler opportun.

Le dividende salarié est une réponse intéressante aux demandes de plus d’équité en entreprise. En tant que projet permettant de contribuer au pouvoir d’achat, il est difficile de ne pas y souscrire. Néanmoins, pour être pleinement efficace, le dividende salarié doit s’inscrire dans une politique RH plus globale, proposant diverses formes de rémunération complémentaires et adaptée à la situation économique des entreprises concernées