Le mentorat de qualité bénéfique pour le mentoré et le mentor

Ian Jones, Global SVP – Professional & Education Services, F5

Quand on parle des avantages du mentorat, on se concentre souvent sur la personne qui est mentorée. En effet, nous reconnaissons à juste titre que la personne encadrée peut bénéficier d’un soutien expérimenté, qui se présente comme une source de conseils, de renforcement positif, et un modèle à suivre pour réussir dans une entreprise ou un secteur d’activité donné.

L’effet de ruissellement de l’expérience d’un acteur confirmé vers celui qui débute

C’est la partie de l’histoire que l’on connaît et que l’on comprend bien : l’effet de ruissellement de l’expérience des personnes à un niveau avancé de leur carrière vers celles qui débutent, et le retour d’information entre les différents niveaux de l’entreprise. Cependant, je crois fermement que le mentorat ne trouve pas sa pleine valeur si nous le limitons à un simple échange d’informations entre les experts et les novices, ou à une simple forme de coaching. Être mentor présente également d’énormes avantages, bien au-delà de la satisfaction d’aider les autres à s’épanouir dans leur vie professionnelle et de ressentir l’accomplissement d’une relation d’accompagnement réussie. Le mentorat peut être perçu comme une responsabilité importante liée à l’ancienneté, une façon de rendre l’ascenseur et de contribuer au bien-être à long terme de l’entreprise. Cependant, le mentorat peut aussi être une expérience gratifiante pour l’individu, souvent sous-estimée ou mal interprétée.

Cela m’a frappé lors d’une récente conversation avec une collègue. Lors d’une conférence au cours de laquelle elle intervenait, on lui a demandé à quoi était du son succès. Elle m’a dit : « J’ai été prise au dépourvu. J’ai dû réfléchir à comment j’en étais arrivée là ».
Ce schéma de comportement est en réalité caractéristique des individus exceptionnellement talentueux. Lorsqu’on les interroge sur la manière dont ils arrivent à faire quelque chose avec une aisance apparente, même lorsque d’autres pourraient le trouver difficile, ils ont tendance à répondre modestement. Leur compétence exceptionnelle dans leur travail émane d’un don naturel, et ils n’ont pas toujours une pleine conscience de leurs propres capacités ni de leurs compétences.

Le bon mentor doit sortir de sa zone de confort et se poser des questions sur son travail

Un des avantages de choisir ces personnes comme mentors est qu’elles devront se demander comment faire ce qu’elles font. Elles devront prendre le temps de réfléchir, de décomposer leur travail, d’explorer leur approche et d’identifier les facteurs clés de leur réussite. Leur rôle ne se limite pas à exécuter des tâches et à donner des instructions, mais implique également d’expliquer et de guider de manière attentive. Il s’agit de compétences différentes, parfois peu familières.

Développer ces compétences est quelque chose dont tout le monde peut bénéficier, peu importe notre niveau d’expérience. Être interrogé sur ce que l’on fait, comment on le fait et pourquoi on a pris certaines décisions est une discipline utile que le mentorat met en avant, et que l’on pourrait autrement avoir tendance à éviter. Cela oblige le mentor à examiner minutieusement la façon dont, par exemple, il participe à une réunion, gère un client ou tente de lancer un nouveau projet. Cela lui demande d’être honnête sur les raisons qui l’ont poussé à choisir une voie professionnelle particulière ou à en rejeter une autre. Pour être un bon mentor, il faut sortir de sa zone de confort et répondre de manière pertinente à des questions qui peuvent s’avérer difficiles.

C’est un processus que j’ai toujours trouvé à la fois stimulant et enrichissant. Mon engagement en tant que mentor à tous les échelons m’a non seulement permis de mieux comprendre les parcours de mes collègues dans diverses parties de l’entreprise, mais également les défis auxquels sont confrontées les personnes qui commencent leur carrière dans un monde professionnel très différent de celui que j’ai connu à mes débuts. Cette expérience m’a également permis de réfléchir plus en profondeur et d’une manière différente à mon propre travail. Arrivé à ce stade de ma carrière, il est probable que je tire davantage d’apprentissages de mon rôle de mentor que de tout autre aspect de mon travail. Je sais qu’une session de mentorat ne sera utile que si j’écoute attentivement ce que l’on me dit et ce que l’on me demande, et que je donne des réponses qui tiennent la route – pas simplement des réflexions génériques ou de vieilles anecdotes sorties des oubliettes.

Mentor et mentoré s’enrichissent mutuellement

Le rôle du mentor va au-delà de celui d’un simple « conseiller », comme il est souvent mentionné. Il agit également comme un miroir dans lequel on souhaite se projeter, réfléchissant son parcours professionnel et ses expériences. Outre toutes les bonnes raisons d’adopter le mentorat, c’est cet aspect introspectif qui rend l’expérience à la fois fascinante et enrichissante.

Il est utile de créer un programme de mentorat complet, au sein des entreprises pour promouvoir l’engagement continu et le développement des carrières. Il permet au mentor et au mentoré de s’épanouir en faisant preuve de flexibilité, d’adaptabilité et d’empathie à chaque instant. Plus important encore, le mentorat n’a pas été conçu dans le but d’être simplement un exercice de conformité imposé par la hiérarchie. Au contraire, il vise principalement à établir des connexions avec les bonnes personnes au bon moment et d’apprendre d’elles de manière authentique et enrichissante.
Toute personne qui n’a jamais eu l’expérience d’être mentor devrait sérieusement envisager cette possibilité. Vous serez surpris de voir tout ce que vous pouvez apprendre, même en tant que simple formateur.

mentorat credit Depositphotos Photographie33