Avec Kaizen Agency, Romain Didrich accompagne des sociétés dans leur digitalisation depuis plus de 20 ans. Ce passionné de nouvelles technologies, qui baigne de longue date dans le monde de la data, porte un regard positif sur la collecte de vos données personnelles. Loin de la doxa populaire.

« Attention à la collecte de données », « Google nous surveille en
permanence », « Les Gafa nous espionnent », « Nous sommes esclaves de ceux qui collectent nos données », peut-on entendre ici ou là, à l’occasion d’un verre entre amis ou d’une discussion de comptoir. Force est de constater que la collecte des données personnelles n’a pas très bonne presse dans l’opinion publique.
Et pourtant, cette collecte nous rend davantage service qu’elle ne nous porte préjudice. Que ce soit dans le domaine de la santé, de la sécurité, de l’autonomie, du marketing… c’est un outil précieux qui, à bien des égards, facilite notre vie au quotidien. À condition que les opérateurs, ceux qui collectent ces données, respectent certaines pratiques. À condition que ces données, une fois collectées, ne soient pas utilisées à des fins malveillantes.

Data et big data

Pas question ici de dispenser un cours théorique sur la donnée ou « data » pour les adeptes des anglicismes. Le sujet est vaste et les enjeux multiples. Pour simplifier, nous parlons ici d’informations collectées (l’âge d’une personne, son sexe, son lieu de résidence, sa taille, ses origines culturelles…) qui viennent enrichir une base de données.
Depuis l’explosion des télécommunications à la fin des années 1990, le développement massif d’Internet et, plus récemment, l’arrivée des objets connectés dans notre quotidien, le nombre d’informations collectées n’a jamais cessé de croître. Si bien qu’à partir des années 2010, on ne parle même plus de data mais de « big data ».
Mais alors, à quoi servent ces données ? De façon tout à fait naturelle, un site marchand collecte des données personnelles comme les coordonnées d’un internaute, son adresse, son numéro de téléphone. Comment, sinon, espérer le livrer à bon port ? Les tour-opérateurs ou les agences de voyages peuvent de leur côté collecter passeports et pièces d’identité. Les interfaces de réservation dans la restauration comme Overfull peuvent, quant à elles, demander à l’internaute des informations relatives à ses goûts, à un potentiel régime alimentaire, à des allergies… Quoi de plus confortable que de constater, en entrant dans un restaurant, que celui-ci à veillé à respecter vos goûts et vos contraintes, sans même que vous ayez eu besoin de les souligner ? Pas question toutefois pour ces acteurs d’utiliser des informations fournies par l’internaute à d’autres fins ou de les vendre à d’autres entreprises.

Un marketing ciblé, précis, juste

Certaines données sont collectées de façon automatique via les « cookies de pistage », ces petits fichiers qui permettent à un site internet de conserver des informations de navigation relatives à l’internaute. L’intérêt ? Fluidifier l’expérience utilisateur et proposer un contenu personnalisé. Grâce à ces cookies, les annonceurs sont en capacité de produire des contenus qui intéressent directement l’internaute.
Soyons francs : nous ne pouvons pas, aujourd’hui, en 2023, échapper à la publicité en ligne. C’est impossible. Partant de ce postulat, n’est-il pas préférable de visionner une publicité ciblée, adaptée à nos goûts, nos envies, nos centres d’intérêts et nos projets en cours, plutôt que de subir des publicités défilant au hasard, sans lien avec notre quotidien ? Être exposé à une publicité relative à une école de ski ou à un loueur de matériel lorsqu’on prépare un séjour aux sports d’hiver ne serait-il pas un gain de temps et d’énergie ?
Et ce n’est pas tout. Les cookies permettent aux moteurs de recherche de gérer les « préférences utilisateur » (langue affichée par défaut, zone géographique concernée et autres). C’est aussi à eux que l’on doit l’enregistrement du contenu d’un panier d’achat sur un site marchand… En somme, la collecte de nos données personnelles permet un marketing plus ciblé, plus précis, plus juste.
Et ce n’est pas là son seul avantage. En effet, la collecte de nos données a permis l’éclosion d’un grand nombre de services gratuits pour l’internaute. Que ce soit les réseaux sociaux, les différents outils de Google comme Gmail, Maps ou YouTube… Prenons l’exemple de Waze. L’application bien connue des automobilistes, géo-localise les voyageurs en temps réel et propose à ses utilisateurs un itinéraire plus fluide et donc plus rapide. La donnée récoltée ici – comme un grand nombre des données récoltées via les cookies – n’est conservée que trente jours. Elle s’efface ensuite de façon automatique.
Qu’on ne s’y trompe pas. Rien n’est totalement gratuit. C’est bel et bien parce qu’elles collectent des données que certaines sociétés peuvent proposer des services sans contrepartie pécuniaire. La data s’inscrit ainsi, en quelque sorte, comme une réelle monnaie d’échange. Mieux encore, elle permet de protéger les populations les plus fragiles ou les plus vulnérables. Par exemple, une plateforme qui connaît l’âge d’un internaute peut lui refuser l’accès à certains services à caractère violent ou pornographique. Des services qui, par essence, ne lui sont pas destinés.  

Un encadrement strict

Mais alors, de quoi se plaint-on ? Pourquoi toute une frange de la population semble voir la collecte de données d’un mauvais oeil ? Naturellement parce que certaines plateformes privées, généralement étrangères, détournent ces informations et utilisent les données personnelles de façon malveillante. Dans la plupart des cas pour des raisons purement monétaires. Il s’agit alors d’escroqueries, d’actions illégales et répréhensibles. Ces escrocs ne doivent pas être confondus avec les acteurs qui collectent et utilisent la data en veillant scrupuleusement à respecter les règles en vigueur. En effet, depuis 2018, le Règlement général sur la protection des données (le fameux RGPD) encadre strictement l’activité des professionnels du marketing digital, notamment sur la question de la collecte des données.
Pour faire simple, le règlement engage les acteurs qui recueillent de telles informations. Ils ont désormais l’obligation légale, entre autres, de mettre en oeuvre des mesures de sécurité visant à empêcher que les fichiers soient déformés, endommagés ou qu’ils tombent entre les mains de tiers non autorisés. Pas question, contrairement à ce que certains semblent croire, de faire tout et n’importe quoi en la matière. Le texte est strict. Et les sanctions en cas de manquement sont lourdes et très largement dissuasives. La preuve : les plateformes les plus connues et les plus influentes ne prennent aucun risque et sont prêtes à investir des sommes significatives pour s’assurer qu’elles respectent bien le règlement. 

Navigation en pleine conscience

Et l’internaute dans tout ça ? Quelle est sa part de responsabilité ? N’est-il pas, lui aussi, responsable de ses données ? Sait-il réellement ce qu’il fait en ligne ? Difficile à dire. Rares sont les internautes qui acceptent en pleine conscience, de façon lucide et éclairée, les fameuses clauses d’agrément (qui s’affichent désormais automatiquement) des différents sites qu’ils ont l’habitude de parcourir.
Rares sont ceux aussi qui prennent le temps de paramétrer leurs applications dans le but d’éviter que telle ou telle donnée ne soit collectée. Un effort de pédagogie générale et globale sur ces sujets serait, à n’en pas douter, utile et nécessaire.