Une crise persistante en Europe

La crise des compétences professionnelles dans toute l’Europe est très préoccupante. Plus de 3 % (soit 6 millions) des emplois disponibles sont vacants dans l’Union européenne – le chiffre le plus élevé depuis la première collecte de données en 2006. Et ce, bien que le taux de chômage soit tombé à 6,0 % en juillet 2022 – un chiffre record depuis au moins 2001. Cette pénurie de talents touche tous les secteurs d’activité et toutes les strates de développement technologique. Et impacte lourdement l’économie européenne. La baisse du taux de natalité en Europe (21,5 naissances pour 1000 personnes en 1950 contre un taux prévu de 9,8 en 2023) garantit que cette pénurie de compétences persistera.

Les entreprises s’efforcent de trouver des collaborateurs qualifiés sur ce marché du travail historiquement tendu. En France, près de la moitié des entreprises interrogées récemment par la CPME, la plus grande association patronale française, tentaient de recruter. Parmi elles, 94 % déclarent rencontrer des difficultés pour recruter le bon profil. L’Institut de recherche sur l’emploi a révélé que l’Allemagne a besoin d’au moins 400 000 travailleurs qualifiés chaque année pour faire face à la pénurie de main-d’œuvre.

De nombreuses fonctions traditionnelles deviennent peu à peu désuètes en raison de l’évolution des technologies. Il est donc nécessaire d’acquérir de nouvelles compétences et connaissances pour combler ces lacunes. Le Forum économique mondial estime que d’ici 2025, des technologies telles que l’automatisation créeront au moins 12 millions d’emplois de plus qu’elles n’en supprimeront. Le recyclage, l’amélioration des compétences et l’autonomisation des employés sont peut-être la meilleure solution pour faire face à la pénurie de main-d’œuvre et amplifier leur travail.

L’automatisation pour les tâches stratégiques

L’IA et l’automatisation sont depuis longtemps très prisées pour leur capacité à libérer les collaborateurs de certaines tâches répétitives et chronophages. En tirant parti de ces technologies, les entreprises européennes peuvent encourager tous les collaborateurs à contribuer à des tâches plus stratégique – telles que la résolution de problèmes et la planification stratégique. Par ailleurs, l’IA et le machine learning peuvent apporter la puissance de la prise de décision, fondée sur les données sur le lieu de travail, permettant aux employeurs d’identifier des tendances, de repérer certaines problématiques et d’élaborer des stratégies plus efficaces.

L’IA et le machine learning peuvent concrètement aider les employeurs à trouver les talents cachés au sein de leur structure et à leur offrir les ressources nécessaires pour développer leurs compétences. L’IA et les systèmes automatisés peuvent être utilisés pour identifier, analyser et recommander les meilleurs candidats, ce qui peut contribuer à réduire les préjugés qui se produisent parfois au cours des processus de recrutement.

L’apprentissage continu pour un avenir durable

Pour permettre le passage à des tâches plus stratégiques, il devient impératif de réfléchir à la création d’une culture de l’apprentissage continu, pour mettre l’accent sur l’amélioration et le renouvellement des compétences. Il s’agit d’une étape cruciale pour combler le fossé entre ce des attentes spécifiques quant à certaines compétences sur le marché du travail européen et celles véritablement disponibles. La création d’une culture de l’apprentissage continu représente la clé d’une croissance économique durable et d’un avenir prospère pour la main-d’œuvre européenne.

Par ailleurs, l’automatisation permet d’optimiser les compétences des collaborateurs et de suivre le rythme rapide de l’évolution technologique. Des entreprises aussi diverses que Peloton, Adobe et General Electric investissent dans la formation continue. De nombreuses entreprises utilisent l’amélioration des compétences des employés comme stratégie de rétention des talents. Selon une récente étude, l’apprentissage numérique continu des employés est l’une des pratiques les mieux classées dans les domaines de l’innovation, du “net zero” et de l’expérience numérique.
Grâce à la mise en œuvre de l’IA et de l’automatisation, les entreprises peuvent se concentrer sur la requalification. Une approche qui contribuera à réduire le déficit de compétences et à transformer en profondeur les profils d’emploi.

L’automatisation pour sortir de la crise de l’emploi

Via la mise en œuvre de l’apprentissage continu, l’IA et l’automatisation ouvrent de nouvelles opportunités – tant pour les employeurs que pour les employés – et contribuent à créer un marché du travail plus dynamique. Les outils d’automatisation peuvent offrir un retour d’information en temps réel sur les performances des employés, tandis que l’IA peut créer des parcours d’apprentissage personnalisés, adaptés aux compétences et aux intérêts de chacun. E.ON., une multinationale du secteur de l’électricité basée à Essen, en Allemagne, offre à ses collaborateurs un environnement en 3D, où ils peuvent piloter leur propre développement d’apprentissage individuel afin d’accroître leurs compétences et de partager leurs connaissances avec leurs collègues.

Combiner l’automatisation, l’IA et le machine learning peut aujourd’hui, à son échelle, répondre à la pénurie de compétences, en créant une main-d’œuvre plus productive, plus créative et plus agile. Les entreprises doivent tirer parti de la puissance de ces technologies afin de créer une nouvelle vague de professionnels et de favoriser la croissance économique en Europe.