Les Français épargnent en moyenne 15 % de leurs revenus (chiffre de l’INSEE pour 2019). Ce taux d’épargne est supérieur à celui de la moyenne européenne (autour de 12%). Ainsi, les Français comptent parmi les plus gros épargnants, au côté des Allemands, des Belges ou encore des Autrichiens. Les incertitudes économiques qui pèsent sur l’avenir, tant au niveau professionnel qu’au niveau du financement des retraites, ne devraient pas renverser cette tendance. Les réformes des retraites à venir, un mal nécessaire pour assurer l’équilibre et la pérennité le système, entraîneront nécessairement un recul de l’âge de départ et/ou une baisse des pensions.

D’une façon plus générale, si le modèle de retraite par répartition demeure la règle, les actifs sont de plus en plus incités à se constituer une retraite par capitalisation. En témoigne l’introduction du plan d’épargne retraite (PER), un dispositif lancé dans le cadre de la loi Pacte (Plan d’Action pour la Croissance et la Transformation de l’Entreprise), que nous aborderons dans cet article.

Les cadres et les dirigeants d’entreprises sont les catégories socio-professionnelles dont le taux d’épargne est le plus élevé. Le taux d’épargne moyen avoisine les 20 % et bien davantage pour certains profils. Au cours d’une vie professionnelle, l’épargne accumulée par les cadres représente plusieurs centaines de milliers d’euros, et souvent bien plus pour les dirigeants et les entrepreneurs. Pourtant, bon nombre d’entre-eux négligent leurs placements. Alors qu’une allocation patrimoniale mal adaptée aux objectifs de vie et une fiscalité des revenus du patrimoine non-optimisée entraînent une sous-performance des placements. En pratique, le manque à gagner peut être considérable et chiffrer en milliers d’euros par an. Aussi, nous allons voir quels sont les dispositifs et les stratégies permettant de bien gérer son patrimoine et préparer sa retraite.

Les livrets et les dispositifs d’épargne salariale : un mauvais réflexe ?

En matière d’épargne, les cadres sont attachés aux livrets et aux dispositifs d’épargne salariale. Ces solutions d’épargne ne sont pas mauvaises en soi, mais elles ne constituent pas l’alpha et l’omega d’une allocation patrimoniale diversifiée.

Les solutions d’épargne salariale se déclinent sous plusieurs dispositifs : le plan d’épargne entreprise (PEE), le plan d’épargne pour la retraite collectif (PERCO), et l’article 83. Ces 2 derniers dispositifs (PERCO et article 83) ont récemment laissé place au plan d’épargne retraite (PER).

L’argent investi sur le PEE est bloqué 5 ans (hors situation spéciale). Les grandes entreprises proposent souvent un abondement dont le montant est fonction des sommes versées sur ce produit d’épargne salariale. Mais cet abondement est plafonné, les salariés n’ont pas toujours intérêt à placer davantage puisqu’il existe d’autres solutions d’épargne moins contraignantes et plus intéressantes. En particulier, l’assurance vie est une alternative très intéressante à plusieurs égards. Elle permet d’accéder à des produits financiers performants et dispose d’un cadre fiscal attractif.

Le nouveau plan d’épargne retraite (PER) comporte des atouts significatifs mais n’est pas nécessairement la pierre angulaire de l’épargne retraite. Pour plusieurs raisons, l’assurance vie constitue une solution plus souple et souvent tout aussi avantageuse pour développer son patrimoine et préparer sa retraite, nous l’expliquerons ensuite.

Par ailleurs, les professions libérales privilégient fortement l’immobilier pour développer leur patrimoine. Beaucoup investissent en direct dans des biens, une solution qui n’est pas sans contraintes. La gestion des biens et les risques d’impayés sont chronophages et sources de stress, et la fiscalité de ces investissements n’est pas toujours optimale. Il existe pourtant des solutions simples et fiscalement attractives pour investir dans l’immobilier en assurance vie.

Nous allons voir plus en détails les atouts de l’assurance vie et dans quels cas le plan d’épargne retraite (PER) peut avoir un intérêt pour les cadres et dirigeants.

L’assurance vie : Saint-Graal de l’épargne financière

Avec plus de 1750 milliards d’euros d’encours, l’assurance vie est un outil d’épargne incontournable. Mais de nombreux épargnants méconnaissent l’ensemble des atouts de ce produit. Pour beaucoup, l’assurance vie est assimilée aux fonds euros. Un amalgame peu surprenant quand on sait que près de 75 % des encours en assurance vie sont investis sur des fonds euro. Mais l’assurance vie ne se réduit pas aux fonds euros (au capital garanti mais au rendement faible). En effet, les contrats multisupports permettent de diversifier son épargne financière sur un grand nombre de classes d’actifs. En pratique, au travers des unités de compte, les investisseurs peuvent investir dans des fonds d’investissement en actions, des fonds obligataires, des fonds diversifiés, ou encore des supports immobiliers tels que des sociétés civiles de placement immobilier (SCPI), des organismes de placement immobilier (OPCI) ou encore des sociétés civiles immobilières (SCI).

L’assurance vie n’est pas seulement un outil polyvalent, c’est aussi une formidable niche fiscale. L’assurance vie fonctionne comme une enveloppe hermétique à l’impôt. En effet, les revenus et les plus-values matérialisés au sein de l’assurance vie ne sont pas taxés tant que l’argent reste dans le contrat. Il s’agit d’un cadre fiscal optimal pour profiter de l’effet boule de neige des intérêts composés.

Un avantage fiscal existe également lors des rachats partiels sur le contrat. Avec un contrat d’assurance vie âgé de plus de 8 ans, l’épargnant peut réaliser des retraits en profitant d’un abattement sur les plus-values imposables. Cet abattement est de 4 600 euros pour une personne seule et de 9 200 euros pour un couple, tous les ans. Ainsi, l’assurance vie est un placement intéressant pour compléter sa retraite le moment venu.

Et par rapport à l’épargne salariale ? L’assurance vie est un produit d’épargne intéressant même en faisant abstraction de ces avantages fiscaux. D’abord, on peut sortir à tout moment d’une assurance vie, l’argent n’est pas bloqué. Et les salariés peuvent trouver des contrats d’assurance vie dont les caractéristiques et les possibilités d’investissement sont plus intéressantes que celles des contrats d’épargne salariale proposés par leur employeur. Ainsi, les meilleures assurances vie donnent accès à une large sélection d’unités de compte performantes. Parmi les unités de compte performantes pour développer son patrimoine, on peut citer les ETF et les SCPI :

  • Les ETF (Exchange-Traded Fund) sont des fonds indiciels cotés très populaires en raison de leurs frais de gestion réduits et de leurs excellentes performances. En effet, 90% des fonds indiciels délivrent des performances supérieures aux fonds d’investissement classiques. En pratique, les ETF (aussi appelés trackers) reproduisent la performance d’un indice, qui peut être le CAC 40, le Nasdaq, etc.
  • Les SCPI ont également le vent en poupe en raison d’un couple risque/rendement intéressant. Les SCPI (“pierre-papier” accessible en assurance vie) délivrent actuellement un rendement moyen de l’ordre de 4,5 % brut, sans compter l’appréciation de la valeur des parts.

Les dirigeants et les professions libérales plébiscitent l’immobilier pour développer leur patrimoine. Beaucoup d’entre-eux investissent en direct dans des biens. Mais la gestion prend du temps alors que les journées sont déjà bien remplies. C’est une charge mentale et les risques sont prégnants (vacance locative, dégradation, etc.) En pratique, les SCPI constituent une alternative très intéressante, en étant logées au sein d’une assurance vie, les revenus perçus pourront pleinement être réinvestis dans le temps. Et sans rien gérer personnellement, puisque les SCPI sont gérées par des professionnels qui achètent les immeubles, gèrent et reversent les loyers aux investisseurs associés de la SCPI.

Les meilleures assurances vie du marché sont généralement les contrats commercialisés par les courtiers en ligne spécialisés. Ils proposent des contrats sans frais de versement et avec des frais de gestion très inférieurs à ceux pratiqués dans les banques traditionnelles. Certains contrats offrent un choix d’unités de compte très importants (plusieurs centaines), dont parfois jusqu’à une trentaine de SCPI (c’est bien davantage que les contrats d’assurance vie standards).

Plan d’épargne retraite : une alternative intéressante pour certains profils

Certains employés bénéficient d’un PER d’entreprise collectif (PERCOL) ou d’un PER d’entreprise obligatoire (PERCAT). Ces dispositifs sont disponibles depuis le 1er octobre 2019 et remplacent respectivement le PERCO et l’article 83.

Tout comme l’assurance vie, le plan d’épargne retraite (PER) permet de diversifier son capital en fonds euro et en unité de compte. Mais le plan d’épargne retraite est un produit d’épargne plus contraignant que l’assurance vie puisque c’est un “produit tunnel” jusqu’à la retraite. Sans possibilité de sortie anticipée hormis l’achat de la résidence principale. L’épargnant alimente son PER durant sa vie active et pourra consommer le capital (ou sortir en rente) au moment où il fera valoir ses droits à la retraite. Avant cette date, il n’y a pas de possibilité de retrait en dehors de certains cas spécifiques (fin de droit au chômage, invalidité, achat de sa résidence principale, etc.), c’est là le principal inconvénient du PER.

Cependant, le PER peut néanmoins se révéler intéressant dans certaines situations. En effet, le PER permet de déduire de son revenu imposable les versements réalisés. C’est seulement lors de la phase de consommation du capital que les retraits seront imposés à l’impôt sur le revenu. Le PER est donc intéressant pour les épargnants disposant d’un taux marginal d’imposition (TMI 30 % et plus) élevé durant leur vie active, et anticipant une baisse de leurs revenus à la retraite, entraînant le passage vers une tranche marginal d’imposition plus faible.

L’intérêt du PER est multiple. Le premier avantage est qu’en défiscalisant ses revenus, l’épargnant augmente sa capacité d’épargne. Le deuxième avantage est semblable à l’assurance vie : les gains réalisés sur le PER ne sont pas fiscalisés pendant la phase de capitalisation, les gains peuvent donc être pleinement réinvestis.
Au moment de la retraite, deux possibilités s’offrent à l’épargnant : une sortie en rente ou sous forme de capital.
À l’image des assurances vie, les courtiers en ligne commercialisent de meilleurs PER : avec des frais et services très compétitifs.

Quelle allocation pour préparer sa retraite ?

Pour un grand nombre d’actifs, préparer sa retraite est un projet financier à long terme. Cet horizon d’investissement autorise une allocation patrimoniale dynamique, tirant partie des performances des fonds en actions et de l’immobilier, qui sont bien supérieures à celles des livrets et des fonds euros. Historiquement, ces deux classes d’actifs délivrent les meilleures performances. Les actions délivrent de l’ordre de 5 à 8 % de performance moyenne annuelle lissée, selon la période considérée. Quant à l’immobilier, il existe des disparités selon les types de bien, mais on peut tabler sur un rendement brut annuel de 4 à 6 %, c’est le cas des SCPI évoquées plus haut en tenant compte de la revalorisation des parts.

À mesure que l’épargnant approche de la retraite, il aura intérêt à sécuriser son épargne et ses revenus du capital. Typiquement, l’épargnant réduira son exposition aux fonds en actions et basculera les encours vers des fonds euros, offrant des revenus réguliers et relativement stables d’une année sur l’autre. Les épargnants disposant d’un gros patrimoine et suffisamment de revenus pourront toutefois garder une allocation en actions significative dès lors qu’ils n’ont pas l’intention de consommer le capital. Les fonds en actions seront alors conservés et transmis aux héritiers.

Au sujet de l’héritage, l’assurance vie est là encore un niche fiscale unique dans le paysage français. En effet, l’assurance vie permet de transmettre jusqu’à 152 500 euros à tout bénéficiaire désigné (même hors filiation) sans payer d’impôt sur la succession ! Seule contrainte pour bénéficier de cet avantage, le souscripteur doit alimenter son contrat d’assurance vie avant ses 70 ans. On voit qu’il est important d’anticiper sa succession afin d’optimiser la transmission du patrimoine.

De façon générale, il est vivement recommandé de faire appel à un conseiller en gestion de patrimoine pour organiser du mieux possible ses placements et investissements. Les cadres et les dirigeants n’ayant pas le temps et les compétences financières pour gérer leurs placements doivent avoir une culture financière minimale pour décider, mais auront intérêt à déléguer ce travail en souscrivant à un service de gestion pilotée. Les conseillers en gestion de patrimoine et diverses sociétés de gestion proposent ce type de service.