Agricultrice et politisée depuis l’âge de 20 ans

Originaire du Cantal, Christiane Lambert s’est engagée très tôt dans le syndicalisme agricole. À l’âge de 20 ans, en 1982, déjà présidente du Comité communal des jeunes agriculteurs de Massiac (Cantal), elle devient en 1994 la première femme (déjà) à diriger le Centre national des jeunes agriculteurs. Elle entre parallèlement au bureau de la FNSEA (Fédération Nationale des Syndicats d’Exploitants Agricoles), l’un des plus puissants syndicats agricoles de France (il préside 84 des 89 chambres d’agriculture française), et en gravit tous les échelons jusqu’à devenir vice-présidente en 2010, aux côtés du président Xavier Beulin.
Dans les couloirs du syndicat, personne n’envisageait de voir une autre personnalité que Xavier Beulin aux commandes. Au début de 2017, l’homme était prêt à entamer un troisième mandat, mais son décès brutal a redistribué les cartes. C’est avec détermination que Christiane Lambert a assuré l’intérim à la tête de la FNSEA, puis s’est présentée le 13 avril dernier avec succès à l’élection au titre de président.

Intuition et engagement, points forts de Christiane Lambert

L’agricultrice justifie son implication politique par son métier d’éleveuse de porcs, qu’elle exerce avec son mari depuis 1989 dans le Maine-et-Loire, mais aussi, dit-elle, par « l’image négative » dont souffrent les agriculteurs en France. Femme passionnée, elle est décrite par ses collaborateurs comme « un concentré d’énergie allié à l’intuition féminine ». « C’est quelqu’un qui sait déléguer, mais quand elle demande à quelqu’un de s’engager à ses côtés, c’est beaucoup d’exigence… Ça peut faire peur », raconte Daniel Prieur, secrétaire général adjoint de la FNSEA.

Défendre les intérêts des agriculteurs, le défi de Christiane Lambert

« Nous avons de grands chantiers devant nous », a-t-elle proclamé lors de son élection, en faisant certainement allusion aux négociations de la PAC (pour un effet à partir de 2020), aux élections de la chambre d’agriculture ou encore à son devoir de défense des intérêts des agriculteurs au sein du prochain gouvernement. Ses objectifs à court terme : négocier la baisse des charges et la simplification des nomes auprès du Président sortant.

La première femme à la tête de la FNSEA

55 ans cette année, maman de trois enfants, éleveuse de porcs sensibilisée à l’agriculture biologique et au bien-être animal, la première femme à la tête de la FNSEA, le plus gros syndicat agricole de France, elle est également présidente de Vivéa, vice-présidente de l’IFOCAP (organismes de formation des agriculteurs) et membre du Conseil économique social et environnemental. « Christiane (…) a construit sa carrière sur les questions d’adaptation à la demande écologique », explique Alexandre Hobeika, docteur en sciences politiques et spécialiste de la FNSEA. Saura-t-elle insuffler un nouveau virage à l’agriculture française ?

La FNSEA, une puissance de 212 000  adhérents

La FNSEA, une fédération de fédérations départementales et d’associations spécialisées par production se veut représentative des hommes, des produits et des territoires, ce qui correspond à 15 000 syndicats d’exploitants agricoles, 96 fédérations et unions départementales (FDSEA ou UDSEA), 22 fédérations régionales (FRSEA), 31 associations spécialisées par secteur de production, réunis en 3 collèges : productions animales, spéciales et végétales. Elle représente l’agriculture française au niveau, national, européen et mondial, et négocie avec les partenaires sociaux de la production agricole. En tout 212 000  adhérents, 20 000 syndicats locaux, plus de 100 fédérations régionales et départementales.