Des centaines de milliers de personnes en situation de handicap ont vécu leur confinement dans des Établissements et Services Médico-Sociaux (ESMS). Avec notre partenaire l’UNAPEI Hauts-de-Seine, nous l’avons bien constaté durant les confinements successifs : il a fallu très vite s’organiser pour protéger les résidents et les accompagnants et la plupart du temps batailler pour faire soigner leurs résidents et organiser des collectes de dons pour du matériel (masques, gel, bouteille d’oxygène) en manque, lorsque les hôpitaux ne pouvaient pas les accueillir. La crise du Covid-19 n’a fait qu’augmenter les difficultés d’accès aux soins des personnes en situation de handicap.

La grande difficulté d’accès aux soins

La situation des ESMS s’est dégradée dès le début de la crise du Covid-19. En effet, les chiffres concernant les personnes en situation de handicap sont assez peu médiatisés et bien souvent pas cités dans les différentes déclarations auxquelles nous assistons.
13 879 : c’est le nombre de personnes en situation de handicap qui résident dans des ESMS et qui sont décédés des suites du Covid-19 depuis le 1er mars 2020 (Agence nationale de santé publique).
Selon Santé publique France, 310 000 personnes en situation de handicap ont vécu le confinement des divers types d’établissements (de jour ou complet). Près de 30 000 adultes et 60 000 enfants handicapés ont dû rentrer dans leurs familles, les structures qu’ils fréquentaient durant la journée ayant été fermées à la suite de la crise du COVID-19. En revanche, près de 270 000 personnes en situation de handicap vivent dans des internats restés ouverts, mais en confinement. Face à cette crise, les structures comme les familles se sont trouvées dans des situations difficiles : manque de matériel, inquiétude des professionnels, activités pédagogiques et scolaires à l’arrêt, risque d’isolement et d’épuisement majeur.

Depuis début Mars 2020, la constatation est que les établissements médico-sociaux n’ont pas été considérés comme une priorité face au secteur de la santé. Une multitude d’établissements se battent pour faire face à la crise sanitaire, que ce soit sur le plan social et médico-social, dans les établissements et à domicile. La pandémie que nous traversons n’est pas seulement sanitaire, elle est également sociale. Elle a des effets et conséquences sociales extrêmement fortes sur les personnes et également sur les organisations.

Un secteur médicalisé, mais comment ?

Les divers établissements médico-sociaux ne sont pas faits pour accueillir et soigner des personnes en situation de crise à cause du manque d’équipements et d’encadrement médical dans ces établissements. Notre partenaire l’UNAPEI Hauts-de-Seine nous relate que des personnes gravement malades sont restées dans des établissements non équipés. Il a pour cela fallu réorganiser les établissements entre personnes atteintes du Covid ou non. Et toute une multitude de protection et de suivi des personnes a été mise en place, avec parfois des accompagnements des équipes d’hôpital à domicile. Notamment par leur biais, on sait que le recours à l’Hôpital à domicile a été facilité pendant les confinements successifs, notamment pour les établissements sociaux et médicosociaux.
Certains critères ont été assouplis. Mais ce système était déjà surbooké par la demande d’autres personnes atteintes de pathologies différentes. Certaines HAD travaillent avec des libéraux. Dans le monde du handicap le système de HAD n’a pas remporté le succès attendu. Les différents établissements se sont prêtés main forte et ont mutualisé leurs forces (équipements, personnel médical, masques …).

Une situation inchangée !

En effet, la pandémie ne fait que renforcer et mettre en avant un phénomène déjà existant et qui prend de plus en plus d’ampleur. Une part des résidents des établissements médico-sociaux sont pris en charge socialement mais pas médicalement. Et les confinements successifs n’a fait qu’accentuer l’éloignement avec le médical. En effet, ceci est paradoxal, mais les personnes vivant dans des ESMS adaptés à leur handicap sont éloignés du monde du médical.
Certaines personnes polyhandicapées ont besoin de soins médicaux, c’est là que le manque de personnel médical se fait sentir. Dispositifs, équipements, formations des soignants sur le handicap … une multitude de difficultés auxquelles doivent encore faire face ces établissements.