ICO : entre la levée de fonds et le financement participatif

Une ICO (Initial Coin Offering) est comparée à une levée de fonds numérique. Plus exactement, l’opération consiste, pour l’entreprise, à émettre des jetons numériques (appelés « tokens ») sur une plateforme dédiée à l’ICO. Les Internautes inscrits, généralement des particuliers passionnés, peuvent acquérir ces tokens en échange de crypto-monnaie (bitcoin, ether ….) les transactions étant évidemment sécurisées via une technologie de blockchain. L’entreprise fixe une date d’ICO, une somme à atteindre et la durée d’émission des tokens, un peu comme dans le cadre d’une campagne de financement participatif. Une fois le montant atteint, les achats suivants sont invalidés.  La startup qui émet ses tokens récolte des fonds en crypto-monnaie, qu’elle convertir en monnaie réelle sur une place de marché. Concernant les investisseurs, l’acquisition de tokens leur confèrent certains droits, généralement une rétribution sur le bénéfice de l’entreprise.

Les avantages d’une ICO (Initial Coin Offering)

L’ICO a l’avantage pour l’entreprise de pouvoir mobiliser des milliers, voire des millions d’euros en quelques minutes en quelques semaines au maximum, contre plusieurs longs mois pour une levée de fonds classique. L’ICO permet aussi de contourner les obligations réglementaires liées à l’introduction en bourse.

Points de vigilance et d’alerte 

Pour l’entreprise, le risque est de voir le montant d’une ICO chuter en quelques secondes avec le cours de sa cryptomonnaie, encore très volatile et non reconnue comme un instrument financier par l’AMF (Autorité des Marchés Financiers). Pour l’investisseur, les tokens peuvent rapporter gros, mais ils ne constituent pas une prise de participation (droits de vote). Par ailleurs, les projets présentés sur les plateformes ne sont validés par aucune autorité financière. N’importe quelle entreprise peut lancer une ICO et réussir son coup, même si elle n’a aucune solidité financière, si tant est qu’elle suscite confiance et engouement auprès de la communauté.

Les participants à une ICO

Les startups des nouvelles technologies
Les entreprises qui lancent des ICO sont aujourd’hui principalement des startups des nouvelles technologies, familiarisées à cet univers si particulier de la crypto-monnaie. En France, l’entreprise de jeux vidéo Beyond The Voice a récolté l’équivalent de 110 000 euros par ICO. iEX.ec (société spécialisée dans le stockage de données) a atteint 12.5 millions de dollars. DomRaider, spécialiste du rachat de noms de domaine, prépare quant à elle une ICO fixée à 35 millions d’euros.
Les investisseurs
Les investisseurs sont des particuliers inscrits sur les plateformes dédiées. Ce sont généralement des passionnés des nouvelles technologies, familiers des crypto-monnaies, à l’aise avec les systèmes d’échange.  L’ICO ressemble à une campagne de financement participatif dans le sens où c’est toute une communauté qui soutient le projet mis en ligne, pour des investissements personnels à partir de quelques dizaines d’euros en équivalent crypto-monnaie.  Pour récupérer des tokens, participer au financement de vos startups favorites et échanger vos crypto-monnaies vous pouvez vous rendre sur des plateformes dédiées aux ICO, “à vos risques et périls”, comme Bittrex,  Bitfinex, Poloniex, Bitstamp, Bitpanda..

L’ICO de Telegram laisse perplexe

Avec 257 millions de dollars levés en cryptomonnaie, FileCoin détenait le record des ICO. C’était sans compter sur le célèbre système de messagerie instantanée Telegram qui s’est lancé dans une ICO spectaculaire, dont le premier résultat lui a permis de lever 850 millions de dollars ! La somme laisse perplexe, d’autant qu’une ICO complémentaire, prévue en mars 2018, ambitionne de récolter cette fois-ci… 2 milliards de dollars ! Le projet proposé par Telegram est la création d’une cypto-monnaie pour le grand public – le Gram – intégrant une technologie Blockchain pour engendrer des micropaiements numériques instantanés, sécurisés et sans aucune taxe. Le projet, s’il fonctionne, s’avèrera révolutionnaire. Il pourrait bel et bien transformer nos rapports économiques, mais selon les experts, il ne justifie tout de même pas de tels investissements. « Les montants sont totalement aberrants », a mentionné pour le magazine Forbes Travis Scher, PDG de Digital Consulting Group. « Il n’y a aucun actif en face des 850 millions d’euros levés », met en garde Gregory Klumov, fondateur de Stasis.net, une société spécialisée dans la blockchain ; avant d’ajouter, « c’est un montant qui n’a aucune réalité économique. »