Sous la férule de Thierry Breton, PDG du groupe Atos, un nouveau leader européen de l’informatique est en train de se constituer. La société de services informatiques Atos a en effet annoncé le 26 mai son intention d’acquérir pour 620 millions d’euros la société Bull, une légende française de l’informatique spécialisée dans les supercalculateurs, pour se renforcer dans trois secteurs stratégiques : le cloud, le big data et la cybersécurité. L’ingénieur diplômé de l’Ecole supérieure d’électricité «Supelec» de Paris n’en est pas à son coup d’essai : il s’était déjà distingué pour son action à la tête de deux sociétés en difficulté qu’il a su redresser : Thomson et France Télécom avant d’être pendant deux ans ministre de l’Economie du président Sarkozy (de 2005 à 2007). Retour sur son parcours d’exception.

Atos avale le petit poucet Bull

Comme l’explique Le Figaro, le rapprochement entre les deux sociétés françaises s’est effectué depuis un an autour de projets sur certains marchés hors de France. Puis, petit à petit, l’idée d’associer les deux sociétés s’est imposée à Thierry Breton, d’autant qu’il connaît bien Bull, dont il a été le vice-président de 1993 à 1996. Certes, Bull est sept fois plus petit qu’Atos, mais apporte des compétences qu’Atos n’a pas comme “des capacités critiques et complémentaires dans le Big Data” ou encore une longue expérience dans les supercalculateurs et la cybersécurité.

D’où la décision de Thierry Breton d’associer les deux entreprises pour donner naissance au n°1 du cloud en Europe et à l’un des principaux leaders dans la cybersécurité. “La transaction permettra de développer les offres d’Atos dans la sécurité des systèmes critiques et des sites sensibles tels que la défense, le secteur public, et renforcera sa position dans des pays tels que la France, mais aussi l’Espagne, la Pologne, l’Afrique et le Brésil”, annonce Atos dans un communiqué de presse.

PDG précurseur à Thomson et France Télécom

Avant de prendre la direction d’Atos en 2008, Thierry Breton a eu l’occasion de se faire les dents sur deux groupes en situation difficile : Thomson et France Télécom. En tant que PDG de Thomson (1997-2002), il réussit à opérer pour le groupe un repositionnement autour des nouvelles technologies de l’image et d’Internet tout en valorisant le portefeuille de brevets hérité de General Electric. A la tête  de France Télécom (2002-2005), il est un des premiers à mettre en oeuvre le concept “d’opérateur intégré” qui mixe les activités de téléphonie fixe et de fournisseur d’accès internet.

Enfin, en tant que ministre de l’Économie, des Finances et de l’Industrie (2005-2007), il se lance avec succès dans une croisade contre l’endettement de la France et fait adopter une loi sur « la modernisation de l’économie » en faveur des entreprises dans la compétition mondiale. Récompensé deux fois pour le prix de stratège de l’année (en 2001 et 2012),  Thierry Breton reste un précurseur à suivre : il a été l’auteur de livres prémonitoires comme Netwar (La guerre des réseaux) en 1987, Le Télétravail en France (1993), ou encore Les Téléservices en France (1994), une anticipation précoce du monde de l’internet. PDG à suivre !