Syndicats mécontents, patrons insatisfaits : rien ne va plus à l’issue de la Conférence sociale pour l’emploi qui s’est clôturée hier. Le Premier ministre Manuel Valls en est réduit à jouer l’équilibriste en essayant d’être sur tous les fronts à la fois pour éviter les blocages. Cette “Valls hésitation” entraîne de fait une rupture de dialogue social dramatique dans une période où chacun défend pied à pied ses intérêts sans considération pour l’intérêt général. C’est la victoire des corporatismes. Et le règne des médiateurs. Avec au final des entreprises qui se meurent, des dirigeants de PME à la peine… Le jeu en vaut-il la chandelle ?

Une conférence sociale pour rien ?

Peut-on parler de succès de la conférence sociale alors que quatre syndicats ont décidé de la boyotter : la CGT, FO, Solidaires et le syndicat des enseignants FSU ? Motif de ce refus : le gouvernement avait notamment annoncé unilatéralement le report partiel du compte de pénibilité qui avait été pourtant négocié dans le cadre du  Pacte de responsabilité. Certes, certains syndicats n’ont pas pratiqué la politique de la chaise vide à l’instar de la CFDT qui a assuré vouloir trouver des solutions pour les 5 millions de chômeurs . Manuel Valls a tenté de minimiser ces boycotts hier au soir sur le journal de TF1 en déclarant que “tous les syndicats étaient là (…) – et que des rendez-vous avaient été pris en septembre avec tous les partenaires sociaux” pour un vrai dialogue social. Une fois de plus, les problèmes qui fâchent sont reportés à la rentrée…

Les “Dupés” montent au créneau

Du côté du patronat, le Medef s’est déclaré “globalement satisfait” des mesures annoncées de la conférence sociale, mais pour son patron, Pierre Gattaz, “il y a plein de choses qui manquent, il y a encore plein d’incertitudes et on continue de voir des entrepreneurs qui souffrent tous les jours”. Certaines organisations patronales sont beaucoup plus remontées contre l’accord. C’est notamment le cas des Dupés (Dirigeants Ulcérés par la Politique Economique et Sociale), un mouvement dirigé par Dominique Jabouley, industriel du textile à Saint-Etienne. Dans un communiqué du 8 juillet, celui-ci estime que “la conférence sociale qui vient de s’achever avait tout d’une pièce de théâtre où les acteurs jouaient parfaitement leur rôle, dans un texte écrit à l’avance”.  Il regrette que le pacte de responsabilité n’en soit encore qu’à sa phase législative et que la promesse faite la semaine dernière par le Premier ministre d’alléger le code du travail ne soit pas tenue.

Quelques mesures annoncées par Valls

Retenons malgré tout quelques mesures clés annoncées par Valls à l’issue de la conférence  :
Plan de relance de l’apprentissage : 200 millions d’euros supplémentaires seront dégagés et votés;
– Garantie Jeune : objectif de 50 000 allocataires du dispositif dès 2015 pour aller vers 100 000 en 2017. Cette allocation d’environ 450 euros mensuels pour des 18-25 ans précaires est actuellement expérimentée dans 10 départements. Ce dispositif vise à accompagner les jeunes vers l’emploi et la formation;
– Plan pour les séniors. Pôle emploi étendra son accompagnement renforcé, pour qu’il concerne 270 000 demandeurs d’emploi particulièrement éloignés de l’emploi, soit 80 000 de plus qu’aujourd’hui. Les contrats d’insertion dans l’emploi, pour l’embauche dans le secteur marchand, seront concentrés sur les seniors, les chômeurs de très longue durée et les personnes handicapées;
– Portage salarial étendu aux non cadres. Une mesure plébiscitée par la Fédération Européenne du Portage Salarial (FEPS) qui porte les intérêts de 30 000 Français, soit 80% du champ du portage salarial.