Une obligation d’agilité énorme conjuguée à une stricte réglementation du monde de la santé : pour accomplir leur transformation, les entreprises de la santé doivent réaliser un véritable exercice d’équilibriste. Comment réaliser cette prouesse ? En prenant de la hauteur, en s’inspirant des meilleures pratiques du secteur et plus largement en allant puiser dans les avancées réalisées dans d’autres secteurs. Elles ont pour cela naturellement recours aux compétences d’un manager de transition.

Analyser l’activité santé sous de nouveaux angles
grâce au management de transition

Les deux tiers des entreprises estiment que certaines compétences nécessaires dans le cadre de leur transformation leur font défaut en interne. Faire appel à un manager de transition leur permet d’analyser leur activité sous de nouveaux angles et d’élargir leurs perspectives.  Les compétences du manager de transition s’avèrent en effet très utiles pour les entreprises souhaitant maîtriser leur évolution et réaliser du conseil opérationnel.
Avant de mener une réflexion sur l’organisation en interne et mettre en place un plan d’actions, le rôle du manager de transition est de dresser un état des lieux des évolutions du secteur :

Concevoir des médicaments pour le plus grand nombre n’est plus envisageable aujourd’hui. Depuis quelques années, le patient reprend le pouvoir. Il est désormais (sur)informé. L’information n’est plus uniquement descendante, du médecin vers le patient. Qui plus est, le médecin s’occupe toujours davantage de l’aspect humain. Il peut enfin se préoccuper de la personne dans son être entier, laissant aux robots et à l’intelligence artificielle le soin d’analyser les données. On voit ici combien le big data met en valeur la relation humaine.
Après le constat, le plan d’action. Voici plusieurs pistes préconisées par Anne Guigou, manager de transition spécialiste marketing / business développement du secteur de la santé, pour la réussite de leur transformation.

Passer du modèle en silos à un modèle plus transversal et collaboratif

La médecine devient toujours plus prédictive et préventive. Nous étions dans l’ère du « mieux vaut prévenir que guérir ». Nous entrons maintenant dans l’ère du « mieux vaut prédire que prévenir ». Grâce aux avancées en termes d’innovation, notamment de recherche génétique, la médecine est capable de cibler plus précisément la thérapie de chaque patient. Elle est plus que jamais personnalisée. Elle peut désormais influer sur les habitudes de vie de chacun afin d’améliorer considérablement le temps de vie. Pour cela, la médecine doit devenir encore plus participative et interdisciplinaire. Les équipes soignantes auront à cœur de travailler en étroite collaboration. Nous ne pouvons raisonnablement plus agir avec notre modèle en silos. Le modèle du futur doit être plus transversal et collaboratif. Il faut engager une réflexion pour revoir l’organisation interne des laboratoires pharmaceutiques. Qu’ils s’ouvrent davantage vers l’extérieur et entament de vrais partenariats avec des associations. C’est ce que nous proposons en tant que manager de transition : une analyse des outils pour que tous bénéficient d’argumentaires de vente par cible ( prescripteur, utilisateurs, autres professionnels de santé, payeurs…) , CRM, réseaux de communications digitaux ou autres, une formation des équipes pour s’assurer que la stratégie et les tactiques sont comprises et diffusées de façon cohérente sur le terrain, la mise en place d’un suivi de plan d’action et des adaptations nécessaires au fil du temps de façon agile et proactive, etc.

Ne plus se contenter de pusher un médicament phare

Les laboratoires pharmaceutiques ne peuvent plus se contenter de « pusher « un médicament. Ils ne peuvent plus investir la totalité de leur recherche et développement sur un médicament phare à plus de 1 milliard de CA/an, pour une maladie donnée. Avec cette nouvelle médecine personnalisée, leur rôle est non seulement de répondre à une multitude des pathologies, mais également d’intervenir à différents échelons, de se rapprocher des patients en leur vendant bien davantage qu’un médicament. Après tout, ils ont aussi à leur vendre un mieux-être et à leur apprendre comment mieux vivre avec leur traitement. Ces services associés sont pour eux une formidable valeur ajoutée. Leurs interlocuteurs ne doivent plus uniquement être les prescripteurs de leurs produits pharmaceutiques, mais également les patients eux-mêmes.

Mon rôle, en tant que manager de transition, est d’aider les entreprises à rentrer dans le monde moderne ! Il y a beaucoup de leviers pour cela. Un de ceux-là est de proposer aux laboratoires d’élargir le spectre de diffusion de leur contenu, toujours de très bonne qualité. Jusqu’à présent, ils ne s’adressaient pas directement au patient. Je leur propose d’utiliser ce contenu afin d’informer les médecins, mais également et de plus en plus les patients.

S’imprégner de l’expérience des start-up

Plus qu’un état d’esprit, c’est tout le business model des mastodontes du secteur qui gagnera à être repensé, afin de gagner en efficacité et en agilité. C’est le rôle du manager de transition que de leur proposer de repenser à plus petite échelle et d’opérer par petits groupes de travail afin de répondre à un maximum de pathologies. La R&D des laboratoires ne peut plus se concentrer sur un seul produit pour le plus grand nombre possible de patients. Cela nécessite de restructurer les équipes R&D. Il est pour cela vital que les gros laboratoires s’appuient sur les spécialistes du web et les start-up de la biotech. Une myriade de start-up des biotechnologies s’est à cet effet créée sur le créneau du traitement des données afin d’améliorer l’analyse des essais cliniques.

S’appuyer encore et toujours sur le big data

Le domaine de la santé produit en effet une masse extraordinaire de données. Celle-ci permet d’optimiser les essais cliniques. Elle personnalise les traitements à outrance, permettant ainsi de mieux accompagner les patients. Le Big Data promet ainsi d’être le nouvel eldorado des laboratoires pharmaceutiques. Encore faut-il pour cela améliorer davantage l’accès aux données de la santé. La réforme sur la modernisation de la loi santé promulguée en janvier 2016 complexifie malheureusement cet accès. Faciliter les conditions d’accès aux données de santé permettrait une recherche plus efficace et de réelles avancées pour la santé de tous. Il en va de la compétitivité de la France.