En un temps record, le monde du travail a connu sa mutation la plus spectaculaire depuis la révolution numérique. Adopter des méthodes de travail hybride est devenu la nouvelle norme pour les entreprises et leurs salariés, qui évoluent désormais en majorité à distance. Mais faire perdurer ce nouveau système n’est pas chose facile et il est essentiel d’y penser. De plus, supposer que les changements que nous constatons aujourd’hui sont entièrement dus à la pandémie serait inexact. Elle a certainement eu un effet drastique, mais elle n’a fait qu’accélérer une tendance enclenchée depuis déjà plusieurs années, basée sur la volonté de réinventer le monde du travail et de gagner en flexibilité et productivité.

La démocratisation de la technologie

Le premier levier majeur de ce changement est la révolution numérique, qui a commencé dans les années 70 avec le lancement des premiers ordinateurs portables. Les lieux de travail commun ont vu le jour uniquement parce qu’ils abritaient matériels et équipements que les travailleurs ne pouvaient pas avoir chez eux : machines à écrire, ordinateurs, photocopieurs… Aujourd’hui, la technologie numérique met entre les mains de chaque professionnel, tous les outils dont il a besoin pour travailler seul ou en équipe. Réunir son personnel au siège semble désormais de plus en plus dépassé, coûteux et peu pratique.
« Le bureau » n’est plus une adresse physique définie, il est devenu omnilieu, permettant aux professionnels de passer d’un lieu fixe à un environnement mutable, où la commodité et la productivité priment.
De plus, grâce au cloud, les documents et supports de travail sont aujourd’hui accessibles en simultané, partout à travers le monde. Alors pourquoi les travailleurs devraient-ils faire l’effort et les frais de se rendre chaque jour à un lieu précis et imposé ? Et pourquoi les entreprises devraient-elles se ruiner pour fournir des bureaux prestigieux dans les centres-villes, alors qu’il a été prouvé ces derniers mois que leurs employés sont tout aussi efficaces et productifs ailleurs ? D’après une étude de l’institut Sapiens, le télétravail aurait fait grimper la productivité des salariés de 22 %, contribuant à préserver plus de 200 milliards d’euros de PIB en 2020.

Des alternatives flexibles pour les professionnels

Selon une étude du groupe Morgan Philips, 85 % des dirigeants interrogés estiment que le télétravail est une vraie tendance de fond qui va s’intensifier à l’avenir. D’après CoreNet Global, 69 % des entreprises envisagent ainsi de changer leur stratégie en matière d’espaces de travail. Pour instaurer cette flexibilité sur le long-terme, il est effectivement essentiel pour les chefs d’entreprises de se pencher sur les stratégies les plus efficientes à mettre en place : selon Morgan Philips, 88 % sont conscients des risques et des limites de la pratique du télétravail, entre la baisse du sentiment d’appartenance à l’entreprise et la perte de cohésion entre salariés.
Les nouvelles alternatives de lieux pour les salariés, qui ont désormais le choix de travailler depuis leur domicile, un tiers lieu ou le siège de l’entreprise, doivent être chacune prise en compte par l’entreprise et fonctionner ensemble. Grâce aux nouveaux outils technologiques de travail à distance, les professionnels ont l’opportunité de travailler en premier lieu depuis leur domicile. Un système qui, comme nous l’avons vu, a porté ses fruits en matière de productivité. Grâce à des échanges virtuels réguliers et une adaptation des techniques de management, il n’est désormais plus compliqué de mener des projets d’équipe à distance.

Mais lorsqu’ils commencent à se sentir à l’étroit chez eux, les salariés doivent avoir l’opportunité de se rendre facilement dans un tiers lieu proche de leur domicile, comme un espace de travail flexible ou un centre d’affaires. Depuis plusieurs années, nous voyons des entreprises du monde entier commencer à déplacer leurs activités vers les banlieues et les villes secondaires où vivent leurs employés. Ceci contribue à rééquilibrer l’économie en offrant davantage de possibilités aux zones périurbaines et aux entreprises locales. Le siège social aura également toujours sa place au cœur des stratégies de travail hybride, qu’il soit situé ou non dans un centre ville. Il représente un atout important pour préserver la culture et l’identité de l’entreprise. Et surtout, il permet aux professionnels de se rassembler en cas de besoin : pour des réunions physiques, des lancements de projets ou tout simplement pour retrouver les bruits de la machine à café et socialiser avec ses collègues.

Un rapport gagnant/gagnant, pour les professionnels comme pour l’environnement

Les avantages pour les employés et les employeurs sont spectaculaires : la santé mentale des équipes est meilleure, ils gagnent en flexibilité sur la gestion de leur équilibre vie professionnelle et personnelle et bénéficient d’une réduction de leurs coûts de déplacement. D’après notre expérience, les entreprises qui optent pour un espace de travail entièrement équipé voient souvent leurs coûts immobiliers réduits de moitié, ce qui leur permet de libérer des ressources pour investir dans leur personnel et dans la croissance de leurs activités, plutôt que dans les bâtiments où elles opèrent. Il y a une autre raison essentielle pour laquelle le modèle de travail hybride gagne du terrain et tend à se pérenniser : en intégrant ce modèle, les entreprises de toutes tailles participent à la réduction de leur empreinte carbone. Elles comprennent qu’en apportant le travail à la maison et au cœur des zones résidentielles, elles réduiront immédiatement et de manière significative la densité du trafic routier dans les villes.

Le travail hybride représente aujourd’hui une tendance pérenne en pleine croissance. Je pense qu’au cours des trois à cinq prochaines années, nous verrons de plus en plus d’entreprises faire des choix immobiliers alternatifs et délaisser les baux classiques. L’avenir du travail est déjà avec nous. Et il n’ira qu’en s’améliorant.




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Christophe Burckart, Directeur Général d’IWG France,
48 ans, Directeur Général d’IWG France, leader mondial des espaces de travail flexibles et innovants, Christophe est en charge de conduire les activités opérationnelles et la profitabilité des marques du groupe telles que Regus et Spaces et siège au conseil de surveillance de Stop and Work, autre réseau de tiers lieux innovants, dont IWG est actionnaire majoritaire. Il est également responsable de définir et de mettre en œuvre les initiatives de croissance, notamment le développement du réseau d’IWG en France, s’associant à des acteurs-clés du marché au travers de partenariats stratégiques. Diplômé de l’Institut Supérieur du Commerce à Paris, il a développé sa carrière dans le secteur de l’informatique, au sein de sociétés IBM, Compaq, Hewlett Packard et Dell, à des fonctions de directions ventes et Marketing, dont 4 ans aux Etats-Unis. Plus récemment, il a occupé les fonctions de Vice-Président Europe, Ventes et Services au sein d’Honeywell Safety Products.