La crise sanitaire du Covid-19, et le confinement qui s’en est suivi, ont bouleversé le mode de fonctionnement habituel des entreprises avec la mise en place du télétravail, quand cela était possible, l’adaptation aux nouvelles normes d’hygiène et de sécurité ou, pour certaines, l’interruption pure et simple de leur activité. Les chaînes logistiques, quant à elles, n’ont jamais cessé de fonctionner, malgré deux crises qui les ont fortement impactées :
– la première concernant l’approvisionnement
– la deuxième relative à la distribution

Approvisionnement mis à mal, distribution bouleversée : des transformations à mettre en œuvre!

La dégradation de l’économie a fortement pesé sur la chaîne logistique. Les volumes transportés, en particulier sur les flux internationaux, comme l’approvisionnement en provenance de Chine par exemple ou plus en aval, vers les clients finaux, se sont effondrés.
Chaque année, les vacances liées au Nouvel An Chinois (25 janvier) sont un événement qu’il faut anticiper pour toutes les entreprises qui importent depuis la Chine car le pays tout entier s’arrête. Cette année, à cause du Covid-19, l’activité n’a jamais vraiment redémarré et toute la chaîne d’approvisionnement mondiale s’est écroulée d’un coup.

A l’autre bout de cette chaîne, et au fur et à mesure que le confinement s’étendait (Europe puis Amérique du Nord et Amérique du Sud), la crise de la demande cette fois-ci apparaissait avec une baisse gigantesque d’activité pour tous les fabricants ou distributeurs. Le nombre de commandes s’est effondré, les sites de distribution se sont mis à l’arrêt et certains transporteurs ont cessé leur activité par manque de commandes et de ressources disponibles.
Ce contexte a  également mis en lumière la nécessité, toujours plus criante, pour les entreprises d’avoir une visibilité complète sur l’ensemble de la chaîne logistique (du fabriquant au « last mile ») et d’être capable de mettre ces informations à disposition de ses clients en temps réel ! De plus, la dépendance de la plupart des fabricants et distributeurs vis-à-vis de la Chine est un réel challenge qu’il va falloir adresser dans les prochaines semaines.

La crise du Covid-19 a donc mis en évidence de grandes vulnérabilités dans la chaîne logistique mondiale mais a aussi éclairé d’un jour nouveau son importance dans la satisfaction client et la compétitivité des entreprises

Les clés pour bien gérer la supply chain pendant la crise

Malgré tout, la chaîne logistique de nombreux distributeurs a continué de fonctionner pour assurer une activité minimale partout où cela était possible. Grâce à leur réactivité, certains centres de distribution ont pu rester ouverts ce qui fut bien souvent un exploit au vu du contexte anxiogène et d’un volume d’activité totalement imprévisible. Néanmoins, plusieurs « facteurs clé de succès » ont été mis en évidence :

  • D’abord en amont, plus aucun modèle de prévisions de commandes n’a fonctionné. Les modélisations les plus éprouvées n’ont, dans ces moments-là, qu’un niveau de fiabilité extrêmement faible ! Une seule chose compte : faire parler les différents interlocuteurs pour établir et définir collectivement des hypothèses de chiffre d’affaires, de ventes et donc d’approvisionnement. Seule une vision transverse et partagée peut permettre de prendre les décisions les plus rationnelles possibles.
  • Ensuite, il est primordial de s’adapter aux nouveaux besoins. Par exemple, de nouveaux produits sont apparus sur le marché, totalement inconnus auparavant. Ceux qui saisissent ces opportunités seront en bien meilleure position au sortir de la crise. L’innovation et la créativité doivent être les maîtres mots en ces périodes troublées. La question est évidemment plus complexe : comment créer au sein d’une structure (PME, ETI ou grands Groupes) les conditions optimales au développement de ces dernières ?
  • L’agilité de nos structures logistiques ou de nos modes de livraison est également un point essentiel. Nos centres de distributions, parfois ancrés dans des fonctionnements pourtant éprouvés, doivent savoir modifier du jour au lendemain leur organisation pour répondre à un besoin nouveau. Ainsi par exemple, la modification des implantations de produits dans nos entrepôts (ou nos magasins) doit pouvoir être faite en un temps record afin de servir plus vite des clients inquiets. De même en BtoB, la livraison au domicile des salariés lorsque que la commande a été passée par l’entreprise doit pouvoir être proposée nativement.
  • Enfin, la communication auprès de nos clients est essentielle. Décrocher son téléphone, savoir si son entreprise (en BtoB) est ouverte en cette période, lui donner de l’information sur ses commandes et mobiliser des salariés dont ce n’est pas le métier d’origine pour le faire permet de rassurer nos clients. Cela a également d’autres vertus en permettant à plus de collaborateurs d’être au contact des clients et de faire preuve de solidarité dans ces périodes compliquées.

Résilience et vigilance, au cœur des nouveaux enjeux

Le monde « moderne » n’avait jamais connu de crise sanitaire de ce type. Sa gestion, tant au niveau des Etats que des entreprises a été faite au jour le jour, chacun essayant, chaque jour, de trouver des solutions pragmatiques à des problèmes nouveaux. Nous avons appris en marchant.
Il s’agit aujourd’hui de tenter de tirer les conséquences stratégiques et opérationnelles de ce douloureux épisode par un RETEX (retour d’expérience) objectif, rigoureux et pragmatique.

Stratégiquement, il est primordial de réduire d’une façon ou d’une autre la dépendance de nos chaînes logistiques à la Chine ce qui impose de revoir tous les schémas directeurs et notamment les flux de marchandises associées. Plus facile à dire qu’à faire car les aspects économiques sont importants mais une supply chain « résiliente » à un prix !
Opérationnellement, alors que de nombreuses entreprises sont encore en mode “survie”, les organisations logistiques de nos centres de distributions et nos modes de livraisons doivent s’adapter. L’agilité dont ils ont parfois fait preuve pendant cette période doit devenir la norme mais de manière plus structurée et industrialisée. Et cela doit se passer… dès demain ! Ce virus ou un autre pourrait revenir et la vigilance s’impose !

Cette crise sanitaire a été à l’origine de pertes financières énormes et d’une remise en question de notre mode de fonctionnement mais elle n’a pas enclenché de dégâts matériels. Il ne s’agit donc pas ici de reconstruire, mais bien de redémarrer les flux en s’appuyant sur le dé-confinement et la reprise progressive de l’économie !