Quelques mécanismes – certains largement contre-intuitifs – s’imposent pour pouvoir assurer le rôle de manager en pleine tourmente économique. Parmi eux, citons la mise en valeur d’une vision court terme, l’absence de cap, la redéfinition des rôles de chacun.

Le manager cristallise l’état d’esprit de l’entreprise

Par son rôle central, à mi-chemin entre la direction et les équipes, le manager cristallise en quelque sorte la vision de l’entreprise.  Pour les collaborateurs qu’il encadre, sa posture, ses prises de position, ses décisions quotidiennes sont autant de signaux de l’état d’esprit de l’entreprise à l’instant T.

Or en temps d’incertitude économique, les collaborateurs manquant de visibilité seront d’autant plus réceptifs aux réactions du manager pour, entre autres, essayer de comprendre dans quelle direction se dirige l’organisation. Dans ces conditions complexes, le manager doit absolument rester maître de sa posture tout en adoptant des réflexes adaptés à la situation exceptionnelle qu’il vit avec son équipe. Voici quelques pistes pour relever ce défi.

La transparence ou le bluff

Manager dans un contexte d’incertitude revient à prendre des décisions sans disposer de suffisamment d’informations pour être sûr qu’elles soient réellement éclairées. Face à cet état de fait, 2 options s’offrent au manager :
– Jouer la carte de la transparence : admettre et expliquer le contexte d’incertitude et motiver ses décisions au regard des seules informations qu’il détient.
– Jouer la carte du bluff : expliquer que l’incertitude est maitrisée, édulcorer, affirmer que les décisions sont éclairées et optimales.

Autant dire que l’option 1 est salutaire pour toute l’organisation, même si de nombreux managers s’engouffrent encore vers l’option 2, infantilisant ainsi des collaborateurs qui ne sont pas dupes, risquant de perdre leur autorité en cas d’aggravation de la situation.
En temps d’incertitude, la transparence et l’honnêteté sont des valeurs clés pour maintenir les collaborateurs solidaires de l’entreprise.

Jouer la carte de la transparence, certes, mais en affirmant sa posture

La carte de la transparence s’avère donc être la solution la plus adaptée à une situation d’incertitude, tant pour maintenir l’équipe soudée (« Nous allons traverser l’incertitude ensemble ») que pour responsabiliser les collaborateurs et les préparer à affronter une période plus difficile qu’à l’accoutumée.
Cette transparence à toute épreuve doit néanmoins être accompagnée d’une posture forte et de gestes sûrs, ne serait-ce que pour conserver son autorité, mais aussi et surtout pour maintenir cet état de solidarité et de combativité de la part des collaborateurs durant toute la période d’incertitude.

5 réflexes pour vous aider à affirmer cette posture

1 – Oublier le cap, avancer par étape

En temps normal, tout manager dispose d’une vision long terme qui lui permet de définir des objectifs. En temps de crise ou d’incertitude, les informations contradictoires et en grand nombre mettent à mal cette vision, c’est pourquoi vous pouvez vous permettre de l’oublier. L’essentiel serait ici de prendre les meilleures décisions, au jour le jour, selon la visibilité que vous possédez à l’instant T. En somme, d’un cap long terme, vous pourrez passer à des mini caps quotidiens. Vous communiquerez auprès des collaborateurs cette nouvelle façon d’aborder l’entreprise, dans l’optique de les maintenir motivés et patients malgré les éventuelles contradictions décisionnaires qui risqueraient de surgir d’un jour à l’autre.

2 – Définir une vision court terme

Dans le même esprit, pour maintenir les équipes soudées sans cette vision pilier qui donne le sens au travail, vous pourrez compenser, pourquoi pas, en donnant un sens à l’incertitude. « Nous ne savons pas où nous allons » est la base. « Nous avancerons quand même et nous saurons nous adapter » peut devenir une vision court terme, motivante et inspirante.

3 – Redéfinir les rôles, déléguer, impliquer

Habituellement, les rôles de chacun sont strictement définis, mais en temps d’incertitude, vous aurez peut-être besoin de revoir les missions et les responsabilités. N’hésitez pas à attribuer de nouveaux rôles, à déléguer certaines tâches que vous n’aviez pas l’habitude de déléguer… Bref, n’hésitez pas à rebattre les cartes – même plusieurs fois – et n’hésitez pas à impliquer les collaborateurs dans des missions nouvelles et responsabilisantes. Une fois encore, l’enthousiasme et la culture d’entreprise ne seront forts que si vous responsabilisez votre équipe ; que vous l’incluez pleinement dans ce nouveau défi à relever qu’est le contexte de crise. Acceptez de moins contrôler, redonner du pouvoir aux autres… Vous êtes dans le même bateau !

4 – Célébrer les petites réussites

Habituellement, un manager voit grand et loin. Il célèbre les défis relevés, les objectifs atteints. Mais en temps d’incertitude où l’angoisse et la démotivation peuvent surgir à chaque instant, la réussite prend une autre teneur. Elle devient présente chaque jour, à chaque petit pas, à chaque réorganisation réussie. Il apparaît donc important de féliciter ses collaborateurs au quotidien, de se féliciter soi, de se féliciter d’avancer tous ensemble, même si ce n’est qu’à vue.

5 –  Garder son sang-froid

Enfin, le manager ne doit pas oublier que ses états d’âme et ses émotions déteindront tôt ou tard sur ses collaborateurs. Dans ce contexte, le sang-froid, l’exemplarité, l’honnêteté, mais aussi l’optimisme fonderont ses valeurs ; affirmées et appliquées au quotidien, pour poser les bases des conditions de travail au sein de l’équipe.

Durant la crise du Covid -19, nous avons vu des hôpitaux réorganiser leurs services, réattribuer les rôles de chacun, donner plus de responsabilités aux infirmiers, pour une réactivité accrue, une communication fluidifiée et une gestion de la crise au top niveau.
Et si nous nous inspirions de la surprenante agilité des hôpitaux pour agir et manager dans les meilleures conditions, malgré l’incertitude économique qui pèse sur nos entreprises actuellement ?