Au départ, le brainstorming est une démarche créative formalisée et codifiée dans les années 50 par le publicitaire Alex Osborn. On réunit un groupe dans une pièce autour d’une thématique (la recherche d’un concept ou d’une solution à un problème…), et on laisse s’exprimer les personnes pour qu’elles proposent un maximum d’idées notées sur un grand tableau visible de tous. Le brainstorming, littéralement tempête de cerveaux ou remue-méninges, s’appuie sur la créativité spontanée des participants.
En fait, c’est bien la spontanéité qui est recherchée, et la vision globale des points de vue amènerait l’intelligence collective à générer une solution innovante à la problématique posée.

Le brainstorming, 4 piliers et un défaut

Les règles du brainstorming se résument en 4 points :
– le non-jugement, l’échange dans une ambiance bienveillante, on laisse les personnalités s’exprimer librement,
– l’acceptation de toutes les idées, même les plus insolites ou éloignées du problème posé,
– l’énonciation d’un maximum d’idées, plus elles sont nombreuses, plus il y a de combinaisons créatives,
– la mise en lien des concepts.
La méthode paraît logique et incontestable tant elle est utilisée de nos jours… Elle a pourtant ses limites. Le frein régulièrement évoqué par ses adeptes, que vous constaterez vous aussi si vous y prêtez attention, est la convergence des idées, entraînant un point de vue unique et, in fine, une perte de créativité. Effectivement, les dispositions pour brainstormer impliquent que les idées soient lancées à la volée et spontanément, faisant naître de nouveaux concepts de la part des autres participants, etc. Sauf que les premières évocations qui posent les bases, affectent forcément la mémoire créative des autres personnes, faisant converger le groupe vers un seul angle de vue et laissant malheureusement de côté les cheminements créatifs de chacun.
C’est un professeur de gestion, Leigh Thompson, qui a constaté ce désagrément. Son étude sur les méthodes de brainstorming habituelles révèle que 60 à 75 % d’un débat mené en brainstorming proviendrait d’une poignée de personnes seulement, freinant ainsi les bénéfices de l’intelligence collective.
En bref et en synthèse : les gens qui travaillent ensemble auraient tendance à voir leurs idées converger.
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Nouvelles méthodes pour contourner la convergence des idées

Pour éviter ce désagrément sans perdre la méthode du brainstorming, la tendance est au « brainwriting » ou encore à la technique de l’escabeau ; des exercices de groupe qui conservent le format brainstorming tout en contournant la problématique de convergence des idées.
Du brainstorming au « brainwriting » : la méthode « brainwriting » dite « méthode 6 3 5 » demande à 6 personnes assises autour d’une table de réfléchir au problème posé et de noter trois solutions sur une feuille de papier. Les réponses doivent ensuite être transmises à leur voisin de droite qui enrichit par écrit chacune des 3 idées annotées et ainsi de suite jusqu’à faire un tour de table complet (à savoir cinq passages). Le groupe se réunit ensuite pour évoquer à l’oral, et selon les règles classiques du brainstorming, les idées qui ont été générées.
La technique 6-3-5 garde intacts le cheminement créatif et l’angle de vue de chacun.
La méthode empathique pour changer de point de vue : Une autre méthode consiste à biaiser d’office ses propres chemins de pensée en forçant à adopter un autre point de vue. Au cours d’une séance, l’animateur demande aux participants de trouver, non pas leurs propres idées, mais celles qu’auraient par exemple un enfant de 12 ans, une personnalité célèbre comme Steve Jobs, Elon Musk ou tout autre grand dirigeant à succès, un concurrent de l’équipe en train de brainstormer …
Cette technique ouvre les perspectives et aide les personnes à créer de nouveaux chemins de pensée.
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La technique de l’escabeau ou les débats en chaîne : la technique de l’escabeau développée en 1992 réunit tous les participants dans la même pièce pour leur énoncer le sujet à traiter, puis tout le monde quitte les lieux et s’isole (absence de communication entre les membres). Seules deux personnes restent et commencent à débattre du sujet, à confronter leurs idées et points de vue. Quelques minutes plus tard, une nouvelle personne les rejoint. Elle énonce d’abord ses propres idées avant d’engager le débat et d’être influencée par les deux autres, etc. jusqu’à ce que tout le monde ait intégré la pièce.
À travers cette technique dite de l’escabeau, le brainstorming se fonde sur les chemins cognitifs de tous les participants, puisque chacun réfléchit d’abord dans son coin et énonce ses idées avant d’entendre celles des autres.