Ami ou adversaire, le temps recrute et licencie

Le temps  fait et défait la vie active, permet aux recrutements et aux licenciements de se produire, aux expériences de se bâtir, à la vie professionnelle de se dérouler. La vie active passe sans s’arrêter, et prendre le temps de vivre sa vie au delà du temps de travail est salutaire. Les rouages du temps broient le marché de l’emploi, tous les jours, il y a destruction de jobs, des emplois sont détruits, d’autres créés. Telle est la logique de destruction créatrice, une incessante recomposition. L’emploi est une matière vivante qui se développe dans un cycle de disparitions et de créations, comme la peau, le marché du travail en permanence se libère de cellules mortes pour en créer de nouvelles. Pour la loi, le chômage est la rupture entre le temps de travail social destiné à donner un revenu et le temps privé ou domestique destiné à la satisfaction directe des besoins. Le BIT le définit par trois conditions : être sans travail, disponible pour travailler, à la recherche d’un travail. Chômage ne signifie donc pas absence de travail mais absence d’emploi rémunéré. La notion d’emploi renvoie à un poste de travail occupé régulièrement. Travailler à temps plein de manière discontinue est différent de travailler à temps partiel sur une longue période. Lorsque l’activité s’arrête vous sentez le vide, c’est normal, le travail structure votre temps et vous vous trouvez sans repère. Vous avez intérêt à avoir de bonnes relations avec lui. L’emploi dans son cycle de disparition et de création reviendra dans vote vie. Le chômage est une chance pour employer le temps libéré  à un travail pour soi ou pour les siens, et à se préparer à sa réapparition dans vote vie.

Vivez votre temps et ses temps à votre rythme

Tout le monde connaît des quinquas débordés et des trentenaires au chômage depuis des années. Vivre votre temps, c’est user du changement avant que les changements ne vous rendent obsolètes. Un patron recherche un cadre jeune ou vieux qui a des projets. On est toujours trop jeune ou trop vieux par rapport à quelqu’un d’autre. Vivre votre temps, c’est ne pas vous inquiéter du quotidien qui ne le mérite pas, ne pas vouloir changer le monde, mais plutôt votre attitude envers lui, c’est vivre comme un enfant l’instant présent, sans le poids du passé professionnel et sans l’obsession du lendemain.
Travailler à temps partiel, partir en congé sabbatique ou en vacances, vous mettre à votre compte pour un temps, gérer votre temps en fonction de vos projets, donne un sens à la vie, quelle que soit l’activité et l’âge. Toujours jeune ou vieux par rapport à quelqu’un, mieux vaut vous positionner par rapport à votre avenir, selon votre potentiel et vos capacités.
Il n’y a pas d’âge pour entreprendre. A tout âge, à son niveau de compétence et dans sa sphère d’intérêts, chacun peut entreprendre. Vieillir heureux, c’est peu à peu limiter ses prétentions, le plus terrible en vieillissant c’est de rester jeune. Vivre avec son temps, c’est choisir un travail qui respecte vos rythmes personnels, au cœur d’une région qui bat à votre tempo, dans une entreprise qui prône les valeurs que vous approuvez, dans un métier qui vous donne du plaisir.

Vaincre le temps, c’est planifier et improviser

Seul compte le présent, le passé est dans votre CV, et l’avenir dans vos  projets. La relation au temps est un signe d’équilibre et d’attention aux autres. Le temps prend le visage que vous lui donnez au-delà de la succession des jours et des nuits, des battements de votre cœur qui le rythment, du tic-tac des montres et des pendules. Vaincre le temps c’est créer ou vous passionner pour un métier qui fait oublier le temps.
Perdre du temps ou en gagner n’a pas de sens, en faire un usage intelligent est primordial, agissez, faites, donnez, au lieu de vous inquiéter de ce qui va arriver; profitez de ce qui vient, restez à l’écoute de ce qui se fait ailleurs, pensez long terme et agissez dans l’immédiat, choisissez une orientation et décidez d’en changer. Difficile de choisir une orientation, quand des centaines de potentialités commencent à peine à se dessiner, impossible d’imaginer le poste à atteindre au moment où il n’existe pas encore. Cela ne vous empêche pas de choisir un but et de corriger la trajectoire si nécessaire.
Le bon plan a une orientation générale, une stratégie réalisable et une tactique de petites actions dans des espaces restreints sur de courts laps de temps. Dans l’environnement incertain d’aujourd’hui le flou est nécessaire pour dévier quand la situation l’impose.

Vie active réussie en pointillé

La réponse à l’incertitude du lendemain n’est pas le développement de la certitude. Un projet au sens étymologique est ce qui met en mouvement. Si vous en avez un, vous avez un avenir rêvé ou imaginé de votre place dans la société et le métier que vous voulez exercer, en fonction de cette perspective vous décidez, et la décision tue l’angoisse.
Au confluent de la tête, du cœur et des tripes, le projet n’a pas de fin ni de délai de réalisation, il vous engage dans un processus qui guide votre choix dans les situations complexes, contradictoires et paradoxales de la vie professionnelle. Tel un poète, vous vous  situez hors du temps, absorbé par un métier, une conquête, un projet, une aventure. Ressentir le temps dans son ensemble évite de s’écraser le nez sur la minute présente qui est l’aboutissement inéluctable du passé, et la préparation des circonstances de demain.
Considérez vos échecs au jour le jour, et séparez-les  de l’ensemble de votre vie professionnelle, une route avec ornières, un cursus en pointillé, une bande magnétique avec des coupures de chômages dans la symphonie professionnelle rêvée. Une série de morceaux disparates de travail, chômage, vie sociale et affective, sans grand lien entre eux, devient l’œuvre d’une existence.