Selon un baromètre sur l’état d’esprit des salariés français, réalisé par Empreinte humaine et Opinion Way, un salarié sur deux serait désormais en état de détresse psychologique, soit une hausse de 7 points par rapport au mois de mai 2020. Le télétravail est largement considéré comme la cause de ce stress. Pour ne rien arranger, l’éloignement de leurs collaborateurs rend plus difficile, pour les employeurs, l’identification des signaux d’alerte indiquant que ceux-ci ne vont pas bien. Ce qui conduit à se demander si les employeurs en font suffisamment pour répondre au niveau de stress de leur personnel. Selon Actineo, plus d’un tiers des actifs travaillant dans un bureau (et près d’un sur deux dans les très grandes entreprises) pensent que leur employeur ne se préoccupe pas de leur bien-être.

Exploitation intelligente des données et utilisation d’outils avancés d’analyse et de Machine Learning

Létude Michael Page et IFOP révèle que les décisionnaires RH ont mené ou prévoient de mener des réflexions sur l’accompagnement psychologiques des collaborateurs (65%). Ce chiffre est pour le moins surprenant alors même que 80% des décisionnaires RH observent des changements (nervosité, agressivité, lassitude, démotivation) dans le comportement de leurs collaborateurs.

L’accompagnement dans la santé mentale ne doit pas se limiter à des conseils ou des thérapies. La clé consiste à instaurer un cadre de soutien global et à comprendre chaque collaborateur en tant qu’individu, en faisant appel à l’intelligence artificielle (IA) et à l’analyse des données. L’employeur peut ainsi être à l’écoute des non-dits, capter les signaux non verbaux, notamment ceux révélant un stress potentiel. L’exploitation intelligente des données et l’utilisation d’outils avancés d’analyse et de Machine Learning peuvent permettre de mieux prévoir qui a besoin d’aide et comment mieux cibler les actions. Ainsi une étude Oracle, publiée en 2020, indique que 75% des salariés dans le monde affirment que l’intelligence artificielle a contribué à améliorer leur santé mentale au travail.

Une meilleure écoute des salariés, en particulier grâce à l’IA, sera plus efficace pour favoriser l’empathie dans l’ensemble de l’entreprise. Voici trois illustrations des apports de l’IA pour la gestion de la santé mentale au sein des entreprises :

1 – Utilisation de l’analyse prédictive pour détecter et traiter les problèmes de bien-être mental des collaborateurs

Les logiciels de gestion d’expérience, conçus pour repérer les mots-clés ou les émotions dans la voix, peuvent analyser et rechercher des signaux indiquant des risques pour la santé mentale. L’analyse des résultats d’enquêtes aussi bien que des interactions quotidiennes – messages, appels, textos, conversations vidéo ou téléphoniques – peut permettre d’identifier les aspects négatifs et les problèmes à partir de masses de données.
Par exemple, si un salarié mentionne des difficultés financières, l’impossibilité de payer son loyer, des retards sur le règlement de ses factures, etc., ces informations seront automatiquement signalées pour déclencher une réaction immédiate. En outre, l’IA peut identifier tout type de signal négatif dans une réponse, même s’il n’est pas déjà répertorié parmi des thèmes critiques. En d’autres termes, l’IA est en mesure de révéler des problèmes auxquels l’entreprise n’avait même pas songé, ainsi que leurs liens cachés avec le bien-être mental. Cela est capital, étant donné l’évolution de la pandémie de COVID-19.

2 – Analyse textuelle et faciale

Avec le télétravail, la visioconférence est devenue la « nouvelle normalité ». Cela permet aux entreprises de mettre à profit l’IA pour analyser les émotions en fonction des expressions textuelles et faciales. Les employeurs ne sont plus cantonnés à la réception de signaux via des canaux isolés mais peuvent découvrir un plus grand nombre d’indicateurs grâce à la vidéo.

Il est possible de transcrire les propos échangés au cours des conférences et d’en extraire tout mot-clé devant déclencher une action des responsables. Mieux encore, l’IA peut identifier les sentiments et les signaux négatifs au ton de la voix, aux expressions du visage et au langage corporel. Les différentes nuances émotionnelles – joie, aisance, emphase, dédain… – peuvent être automatiquement saisies et communiquées aux personnes compétentes en interne, de sorte que les responsables puissent anticiper les problèmes de leurs collaborateurs.

3 – Déclenchement d’actions parmi les responsables opérationnels grâce à des données en temps réel

Au-delà de la collecte et de l’interprétation des données provenant des collaborateurs, l’IA est également de plus en plus utilisée pour remonter le moral du personnel. Qu’il s’agisse de chatbots prodiguant des conseils santé ou d’applications recommandant des thérapies et des exercices d’après l’analyse de l’état mental des utilisateurs, l’IA peut fournir un soutien constant, 24 heures sur 24, 7 jours sur 7. Lorsque l’IA capte des signaux négatifs et remarque des problèmes potentiels, les entreprises peuvent personnaliser leur accompagnement, par exemple en proposant des entretiens individuels aux collaborateurs qui n’ont pas pris de congés depuis longtemps, afin de prévenir un burn-out.

La complexité croissante des défis sur le lieu de travail oblige les employeurs à faire preuve de plus d’empathie et d’attention. Il incombe aux entreprises d’instaurer un climat sûr qui encourage le partage, les échanges constants et la communication fréquente. Une approche proactive de l’identification et de la résolution des problèmes de santé mentale contribuera grandement à améliorer la productivité, la satisfaction et la confiance des collaborateurs.